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Primeurs 2011 : la baisse des prix suffira-t-elle?

Publié le 16 avril 2012 par Alexandrevatus

Jamais autant de professionnels ne se sont pressés à Bordeaux pour les dégustations des primeurs 2011. Outre les débats sur la qualité des vins produits sur ce millésime difficile, les discussions ont surtout porté sur les prix. Malgré l’annonce d’une baisse des prix, il n’est pas sûr que Bordeaux regagne les faveurs de ses marchés historiques.

Une histoire de météo

A l’évidence 2011 n’a pas bénéficié des conditions climatiques exceptionnelles des deux grands millésimes qui le précèdent.  Cette année-là l’ordre naturel des saisons fût perturbé : l’été prenant la place du printemps et l’automne celle de l’été. Fort heureusement, une météorologie estivale fit son retour à point nommé pour les vendanges.

Cette météo particulière perturba les saisons mais aussi le microcosme Bordelais tant et si bien qu’il fût rapidement entendu que 2011 serait une année à oublier. Relayée par la presse spécialisé, les experts de tout bord et mêmes les professionnels, l’information fût vite portée à la connaissance du grand public sans même que les vins ne soient goûtés.

Le coup de grâce

Histoire de  tuer définitivement un millésime qui a pour vice originel de suivre deux millésimes d’ores et déjà mythiques, Robert Parker déclara dans un tweet devenu fameux que 2011 était sans intérêt. Son analyse porte sur une dégustation partielle et hétérogène de 150 flacons comportant quelques seconds crus classés du Médoc et quelques grands crus classés B de Saint Emilion. C’est donc de manière tout à fait discutable et fort peu professionnelle que l’Américain condamna le millésime.

Un millésime hétérogène

Bien que l’exercice consistant à goûter des échantillons issus d’un millésime relève de la tartuferie, il en ressort néanmoins quelques tendances. Tout n’est pas réussi loin s’en faut mais cela n’est pas aussi catastrophique que le laisse entendre la critique. Si 2011 n’est clairement pas à classer dans la catégorie des grands millésimes cela ne signifie pas pour autant qu’il ne compte pas de grands vins. Sur cette année hétérogène, certaines appellations ont su tirer leur épingle du jeu notamment Pomerol, Pauillac et Saint-Julien. Ailleurs, les vins exceptionnels y côtoient de vraies déceptions. A titre de comparaison beaucoup évoquent 2008 voire pour certains moins nombreux  2007.

Une occasion de boire de grandes étiquettes ?

C’est entendu, le Bordelais va marquer une pause dans la vertigineuse ascension de ses prix. Avant même que le vin ne soit goûté, de nombreuses voix se sont élevées pour demander de substantielles baisse de prix par rapport au précédent millésime. Il semblerait que la baisse soit comprise entre 20 et 50% par rapport à 2010. Christian Moueix annonce une baisse supérieure à 50% pour ses Trotanoy et autres Petrus, Lafite sortirait rapidement et en baisse mais attendra probablement les notes de Parker…  Victimes de la crise économique et ayant du mal à écouler les onéreux 2010, les professionnels de la vente de vin demandaient une baisse de l’ordre de 50% minimum pour vendre correctement 2011.

Pourtant à ce stade, il est possible que cette baisse tant espérée n’ait pas lieu dans les proportions escomptées.  Pichon-Longueville annonce lui aussi une baisse mais de 10 à 15% ce qui reviendrait à vendre le 2011 au même prix que le fabuleux 2009. Au cours actuel, 2011 serait donc vendu bien plus cher que 2008 auquel il est souvent comparé. Figeac sortirait lui entre 80 et 100 euros soit là encore bien plus cher que la côte actuelle du 2008.

Une belle opération financière ?

Si Alan Greenspan éternue, les marchés s’enrhument. Qu’on l’accepte ou non, Robert Parker est à Bordeaux ce que l’ancien patron de la FED était aux marchés financiers. Ses prises de positions tranchées ont d’ores et déjà jeté l’opprobre sur  un millésime qui ne le méritait sûrement pas. Parker ne va donc pas se montrer généreux dans sa notation surtout après la pluie de 100/100 qui est récemment tombée sur les 2009. James Suckling du Wine Spectator a trouvé quant à lui de bons vins mais aucun 100/100. D’ores et déjà les consommateurs Américains et Asiatiques où l’influence de Parker est très importante ont déjà en tête qu’il faut faire l’impasse sur 2011 sauf à ce que l’on assiste à une baisse des prix d’au moins 50% par rapport à 2010. Dans ce contexte, la probabilité d’un retour sur investissement analogue à ceux observés sur les 2005 et 2009 est donc à écarter.

Probablement positionné trop cher par rapport à d’autres millésimes récents et donc encore disponibles en masse sur le marché, 2011 risque fort d’être compliqué à vendre. En outre, le contexte financier mondial incite à la prudence. Sauf à ce que la baisse atteigne au moins 50% une approche tout aussi prudente prévaudra donc dans le choix des ses primeurs 2011. Dans une optique de long terme, les plus téméraires opteront pour un placement de bon père de famille sur les premiers ou les marques du Magical 20 de Parker.


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