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!nature, nazisme, végétarisme..

Publié le 19 avril 2012 par Orlandoderudder

L'amour de la nature et des animaux, dans le monde germanique, diffère de ceux qu'exprime le monde gréco-latin, plus humaniste. En Allemagne, cet amour ressemble à celui des Anglo-Saxons et sature les discours philosophiques et politiques. Aussi est-il un peu vain de nier ces options fort importantes chez les Nazis, pour qui elles sont fondamentales: le nazisme est une écologie. Il a les mêmes caractères, dans sa mouvance que certaines mentalités actuelles: fascination pour les mystiques orientales, végétarisme et diététisme... Les discours sont identiques. Il revendique lui-même sa passion de la nature, tandis qu'à leurs yeux de fanatiques, tuer les Juifs « dénaturés » était une mission salvatrice.

Ceci parce que la fondation du nazisme doit à un écrivain qu'Hitler affectionnait: Wilhelm von Polenz. Membre d'un mouvement dit Heimatkunst, il parlait de la nature comme enracinement humain la menant au idées de terroir, de patrie. Et,le monde moderne nuisait à la nature ainsi considérée. Ce qui fut la source de l'anticapitalisme et un moment important de l'antisémitisme. Car le Juif, représentant la modernité menaçante, c'était l'industrie, les banque, pour ces gens. Et la caricature du « richard », haut-de-forme et cigare représentait alors le Juif menaçant.

Les célébrations de la nature chez Von Polenz et les autres participants du Heimakunst, Adolf Bartels et Justus Langbehn sont fortement marquées par et antisémitisme inhérent à l'écologisme de l'époque (ce mot, un fut créé par Haeckel libre-penseur sympathique mais partisan de la théorie des races). En gros, les mouvements écolos actuels reprennent les propos du Heimatkunst sans l'antisémitisme...Mais n'oublions pas que René Dumont fut collabo sous la direction d' André Bettencourt (oui, l'Oréal, le mari de la dame) dans une publication assez répugnante, La Terre Française! Et que les « pères » de l'écologie sont souvent suspects...

En France la tradition d'amour de la nature était d'abord représentée par Maurras, ami des félibriges qui voyaient dans la renaissance des langues régionales une sorte d'écologie, de retour aux sources s'accordant avec le nationalisme et l'idéologie de lAction Française, violemment antisémite. Parmi les félibriges, seul Félix Gras et Jean Chauvet échappèrent à ce courant qui poursuivra sa route sanguinaire. Maurras refusaitn la démocratie parce qu'elle contredit la sélection naturelle, la loi de la nature, cele du plus fort. Ensuite, Alexis Carrel prôna une « biocratie », une suprématie de la nature assez proche de la « dictature bienveillante » d'Hans Jonas, pourtant Juif (mais disciple d'Heidegger) et donc, représentant tout ce que Carrel détestait!

Dans le monde germanique, donc, la nature et les animaux suscitaient un attachement profond que veulent oublier pas mal de négationistes du monde écolo-bio actuel. Ils oublient que c'est fondamental e, de toute façon fort ancré dans les mentalités: tout ami de la nature ou des bêtes n'est évidemment pas nazi!

Les mouvements naturistes comme les Wandervogel furent d'abord suspect, mais Hitler, voyant qu'il partageaient ses idéaux, les approuva ensuite.

Parmi les tendances de l'époque s'alliant avec l'horreur, il y avait aussi le végétarisme, si aimé des tyrans sanguinaires comme Saint-Just ou Pol-pot, voire Gengis Khan. Mais là aussi, on trouve quelque amusante contradiction. Constance Manziarly, la diététicienne d'Hitler le quitta au tout dernier moment. Sa pratique végétarienne (Hitler ne mangeait plus de viande depuis 1931) reposait sur les principes d'Oskar Bircher-Benner, inventeur du Muesli et dont la sanatorium, qualifié par Mann de « Bagne hygiéniste » servit de modèle à celui de la Montagne Magique. Or Bircher-Benner était opposé à Hitler! Cependant, tout ce qui parlait de nature et de santé, en ces temps de férocité, rejoignait le national-socialisme.

L'animalisme outrancier de ces temps produisit énormément de mièvreries et de romans animalistes à l'eau de rose, d'une sensiblerie consternante. La vie sauvage la vie animale devinrent le cadre de rêveries gnangnan ridicules. Et c'est là qu'intervient Félix Salten. Ami de schnitler, cet écrivain d'origine juive hongroise est probablement l'auteur de Josefine Mutzenbacher, Mémoires d'une jeune fille de vienne, un roman érotique assez réjouissant autant qu'un témoignage sur les bas-fonds de Vienne à l'époque. Ce livre, dit-on, est considéré comme « un plaidoyer en faveur du caractère naturel de l'envie et du désir »...

Salten sut jouer avec la mode animaliste en écrivant Bêtes captives (Freunde aus aller Welt). Cet oouvrage raconte la vie d'animaux en captivité dans un parc zoologique Une souris sert d'agent de liaison entre les singes, la girafe, la panthère et le lion. Ce livre fait référence à la menace nazie. Mais c'est dans Bambi , histoire d'une vie dans les bois,(1923) que Salten jouera le mieux avec l'animalisme (il aimait les animaux, lui aussi, mais autrement)... Ce livre, fut interdit en 1936.on la considérait comme une « allégorie politique sur le traitement des Juifs en Europe » .il y eut des autodafés. L'allégorie était claire. Puis, Walt Disney en fit un excellent film, dénaturant tout de même l'oeuvre, en effaçant son aspect primordial politique. Walt Disney, pourtant capitaliste et « patron de choc » était sympathisant d'Hitler et lui écrivit même pur lui signifier son soutien.

Ces faits, cette histoire surprenante de l'écologisme, idéologie de droite pure qui, maintenant plaît à une gauche faiblarde est mal connue. Mais pourquoi? Les gens que le « démon de la pureté » habite sont toujours suspects et face à la mouvance écolo, nous devons rester sur nos gardes: « le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde ».


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