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Violence Elle Seule

Publié le 19 avril 2012 par Olivier Walmacq

violence-elle-seule

genre: drame (interdit -16 ans)

année: 2011

durée: 31 min

Allez, je m'emmerde.

Autant canalyser mon emmerdement dans une chro.

Je ne viens plus sur Naveton depuis quelques temps, ayant mes raisons (comprend qui peut...). Toutefois, j'en suis toujours l'un des participants, et je me suis dit que je ferais bien, même si je ne suis plus vraiment un suiveur permanent de ce blog, de pondre de temps en temps quelques chros à propos d'une émission que j'adore, j'ai nommé Histoires Courtes, le dimanche soir sur France 2. Tard. Chaque semaine, j'attends avec impatience ce moment, mais pas spécifiquement pour les courts-métrages. Car l'une des raisons qui font que je suis un fan de cette émission... c'est la présentatrice. Pauline Dévi. Arf. Je suis un célibataire endurci moi-même, c'est sûrement le cas de la plupart de la gente masculine cinéphilique et légèrement geekée par sa passion qui vient sur ce blog. Je vous comprends donc, mes frères. Parfois, la vie d'un célibataire peut s'avérer terriblement morne. Heureusement, il y a de temps en temps sur votre téléviseur d'inoubliables têtes à tomber par terre. Celle de Pauline Dévi en fait partie. La présentatrice a donc été la raison de mon attachement à Histoires Courtes, et l'est toujours d'ailleurs; cela dit, j'ai également appris à m'intéresser aux courts-métrages qu'elle présente. Et il y a parfois de belles choses. Vous n'êtes pas à l'abri, mes frères, de retrouver un de ces 4 sur Naveton Cinéma des courts passionnants tels que Je N'Ai Pas Changé ou L'Homme De La Berge, diffusés dernièrement. Toutefois, mon attention aujourd'hui portera sur un court-métrage diffusé pas plus tard que dimanche dernier, qui a été l'objet d'un gros choc pour le jeune cinéphile que je suis: Violence Elle Seule.

Précédemment dans ma vie, le jour même en fait, je me remets tout juste du mémorable discours de Jean-Luc Mélenchon à Marseille, et écoute avec plus de réserve celui de François Hollande au château de Vincennes, après avoir cordialement zappé celui de Nicolas Sarkozy. Discours Hollandais fini, je bascule de BFM TV sur la 2, qui est ma chaîne favorite. Là, je tombe sur une bande-annonce "Votre programme ce soir"... Titanic. Beurk, caca, je m'apprête à changer de chaîne, ne supportant pas de voir une bande-annonce pour cet infâme navet que j'abhorre jusqu'au bout des orteils, et son DiCaprio encore dans ses années "tronche d'affamé à la fête de l'alose". Mais heureusement, la bande-annonce finit par tomber à l'eau (désolé...) et la voix-off annonce qu'à la suite... Histoires Courtes. Et là, quelle n'est pas ma surprise quand je vois le petit logo "-16" flâner à côté des images ? Comme nous sommes dans un cycle sur les bébés et les femmes enceintes, je m'attends plus ou moins à un court érotique relatant la longue traversée blanche de nos futurs éventuels foetus. Et je suis de plus en plus impatient de retrouver Pauline D.

00h, l'émission commence enfin. Mes yeux sont au 7ème ciel pendant les deux premières minutes du programme, pour les raisons évoquées plus haut. Puis, un court-métrage, Bye Bye Maman, assez bien torché mais un peu trop court cela étant, pour ce qu'il narre. Disons que le film aurait mérité un meilleur développement scénaristique. Beaux moments animés toutefois, sûrement inspirés par le boulot de Gérald Scarfe sur The Wall (le film). Fin du court, interview de la réalisatrice, Koa au paradis pour la 2ème fois, puis le second court démarre. C'est celui-là, le -16. Violence Elle Seule. Le titre donne le ton. Très vite, on se doute que le film, réalisé par Eric Capitaine, ne va pas faire dans la dentelle. Premièrement, ce que je redoute arrive: une scène de Q, avec rien qui soit très choquant cependant. Les amateurs de Gaspar Noé auront vu bien pire... Puis, on fait vite la connaissance de notre personnage. Léonore a 34 ans, c'est une fille assez blasée, un peu dépressive sur les bords, qui essaye toutefois de reprendre un peu goût à sa vie, en se remettant au violoncelle, en faisant du sport, et en fantasmant sur son voisin de palier. Toutefois, quelque chose cloche, on ne sait trop quoi. Ou plutôt elle ne sait trop quoi. Le spectateur, lui, aura vite fait de se douter que Léonore est enceinte. Mais le sait-elle seulement ? Si elle le sait, elle aura vite fait de ne pas en parler autour d'elle...

Très vite, le cadre est posé: Violence Elle Seule est un film sur le déni de grossesse. On suit la vie de Léonore, elle n'a rien d'exceptionnel, pourtant, une sorte de sentiment oppressant plane tout le long du film. On sent que quelque chose va arriver, clairement. Aussi, un jour, alors qu'elle est sous la douche, elle est prise de contractions. C'est ce qu'on redoutait qui arrive, mes frères. Le vagin en sang, elle tente d'attraper un sac poubelle bien rempli pour glisser dedans quelque chose, mis dans une serviette. A poil sous son manteau, elle va vider les poubelles. C'était sans compter sur une crevaison du sac en plein dans l'appart. Une crevaison qui laisse échapper un nouveau-né braillant sous les yeux de la mère biologique... et du convoîté voisin de palier.

Mon synopsis peut paraître brut, et même très mauvais. Oui, je l'avoue, c'est une très mauvaise retranscription du scénario de Violence Elle Seule, mais en même temps, que peut-on dire d'autre ? Tant ce film d'une demi-heure est un choc. Le réalisateur, Eric Capitaine, l'explique lui-même dans l'interview qui suit le court (j'envie tous ces réalisateurs qui ont eu le bonheur de se faire interviewer par Pauline Dévi... si j'étais à leur place, je lui aurais proposé un peu plus qu'une interview... enfin bref): Violence Elle Seule n'est pas une diatribe contre le déni de grossesse, c'est un film qui montre que le déni de grossesse n'est pas une incompréhensible horreur, comme en témoigne la happy end finale (on en avait bien besoin...). Le film est ficellé avec brio, dans le sens où il dénonce l'incompréhension de ce fait maternel en montrant des choses tout à fait horribles. En plus, on y croit: c'est foutrement bien tourné, les scènes, surtout la fin, prennent aux tripes jusqu'à provoquer le dégoût voulu lors du grand final. J'ai moi-même été horrifié par ce qui est montré dans ce film, et pourtant, j'en ai vu des horreurs au Viêt-Na... euh... sur ma TV. La fin d'une atrocité remarquable de réalisme n'est pas le seul atout du film: ces 20 premières minutes pouvant paraître hors de propos ne le sont pas. Il règne une violence latente et une oppression d'une ampleur incroyable. Et le réalisateur, de ce côté-là, n'épargne rien, comme dans cette scène où notre héroïne se masturbe dans les chiottes.

Direct après, je regarde la magnifique Pauline clôturer l'émission avant de partir me coucher en titubant. Car le choc provoqué par ce film est gros, et je ne sais pas vraiment comment le décrire, en fait. D'où cette chro fantôme qui n'en est pas une. C'est probablement le meilleur court que j'aie pu voir depuis que je regarde Histoires Courtes. Et ma tête en est encore toute chamboulée quand, avant de m'endormir, je lis quelques pages du Qu'Ils S'En Aillent Tous de Mélenchon sur fond de France Inter (sans la fantastique émission de Lavige, malheureusement pas diffusée le dimanche...) en faisant résonner trois mots de circonstance, qui constituent le titre d'une émission de vieux rediffusée juste après Histoires Courtes: Vivement Dimanche Prochain.

Merci.

NOTE: 19/20


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