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Hommage à Jacques Cheminade

Publié le 24 avril 2012 par Vindex @BloggActualite
Hommage à Jacques Cheminade-Jacques Cheminade a obtenu 0,25% des suffrages exprimés au 1er tour des élections présidentielles de 2012-
L'objet de cet article est de "rééquilibrer" (un peu tard et de façon peu significative certes) le traitement médiatique dont Jacques Cheminade, candidat lors des élections présidentielles de 2012, a fait l'objet.Avant de vous présenter et de décortiquer l'entretien télévisé le plus malhonnête qu'il m'ait jamais été donné de regarder, permettez moi de me disculper par avance de tout parti-pris idéologique : je n'ai pas voté Jacques Cheminade le 22 Avril dernier, bien que celui-ci occupe une place de choix dans mon estime de ce que j'ai pu en entendre en tout cas (c'est-à-dire assez peu de choses cependant).J'écris donc en toute indépendance, et vous livre mon opinion la plus franche et la plus libre possible sur la question.
La vidéo de la semaine que je vous propose donc de visionner est une émission politique d'un peu moins d'une demi-heure (Questions d'infos) consacrée à la candidature de Jacques Cheminade présentée par Frédéric Haziza (pour LCP-Public Sénat), accompagné de trois autres journalistes (pour France Info, AFP et Le Monde).
Il m'a semblé nécessaire, tant l'entretien fut injuste à l'encontre du candidat de "Solidarité et Progrès", d'aller dans le fond de l'interview pour en dénoncer les multiples attaques répétées et souvent injustifiées portées par l'inquisition médiatique dans son entier, et dont l'agressivité et la partialité est ici représentée dans toute sa splendeur.Malgré le résumé que j'en fait, je ne saurais que trop vous conseiller de regarder la vidéo dans son entier pour vous rendre compte par vous même de ce qui s'est passé.

Sur les chapeaux de roues


D'entrée de jeu, l'interview s'oriente vers les "casseroles" de Jacques Cheminade (sectarisme supposé de son mouvement et de ses fréquentations)  avant même d'adresser la moindre question au personnage politique, sans pour autant le présenter de manière objective (ancien-élève de l'ENA, déjà candidat en 1995, fonctionnaire dans les relations économiques extérieures, écrivain). Le ton est donné.

Procès d'intention

Tous s'en donnent à coeur joie : une journaliste l'accuse même de soutenir une théorie selon laquelle Delors préparait un attentat contre Mitterrand. L'invité se défend, nie totalement en bloc, mais la scribouillarde reste fidèle : "J'ai lu les papiers, il n'y a pas eu de démenti, donc c'est vrai". Comment peut-on, sans faire la moindre concession à l'honnêteté intellectuelle qui sied à tout débat, porter des accusations aussi graves sans l'ombre d'une citation ni d'une preuve valable et considérer le fait comme établi du moment qu'il n'a pas été contesté ? Nous sommes véritablement en plein procès Stalinien.
Plus loin, l'entretien dérive inexorablement vers des propos attribués à Larouche sur des "banquiers juifs". Sur ce point je reproche à Cheminade de ne pas avoir très simplement renvoyé les journalistes dans leurs paperasses (son soucis de vouloir dire les choses, défaut impardonnable lorsqu'on est confronté à des journalistes pendant une campagne) : il aurait pu se contenter de dire que ces propos n'engagent que Larouche lui-même et qu'il n'a pas à en répondre, ce qui est le cas.Mais il préfère s'enfermer dans des détails, qui pourraient s'avérer intéressants, mais dont les chroniqueurs se fichent éperdument à son plus grand damn. Ils insistent clairement sur la question, de la judaïté de ces gens visés par Larouche et non par Cheminade, et multiplient les sous-entendus douteux à l'encontre d'un supposé antisémitisme du candidat. Lorsque celui-ci s'en défend explicitement, ces premiers jouent les vierges effarouchées, en toute mauvaise foi : "c'est vous qui l'avez prononcer, nous n'avons pas dit ça". Non, à peine...

Le financement de sa campagne de 1995

Les comptes de campagne de Monsieur Cheminade ont effectivement été invalidés en 1995 suite aux présidentielles, le privant de certaines sommes d'argent substantielles pour financer une partie de sa campagne, et le mettant alors dans une situation financière très délicate (il doit encore de l'argent à l'Etat à ce titre). C'est une des autres questions récurrentes posées au représentant de Solidarité et Progrès, qui là encore a pour effet notoire de ne pas s'intéresser aux idées défendues par le candidat. Les médias seront ensuite les premiers à dénoncer (à juste titre) une campagne sans intérêt, mais force est de constater par cet exemple frappant qu'ils contribuent volontiers à ce phénomène.Sur le rejet même des comptes de campagne, il ne semble pas particulièrement contesté par les journalistes que celui-ci est litigieux, puisqu'effectivement il l'est  (plus de précisions ici).Mais ils continuent allègrement à se placer du côté des puissants face au faible : ainsi selon Monsieur Haziza et une de ses collègues, puisqu'une mesure de retrait des avances de campagne de 153 000€ peut être prononcée, alors elle n'est par conséquent pas injuste (relativisons tout de même, ce n'est pas grave c'est un petit candidat de rien du tout). Sauf qu'en plus de l'injustice, une telle mesure semble tout à fait impossible d'après moi, puisque Jacques Cheminade doit personnellement ces 170 000€ à l'Etat, tandis que les 153 000€ en cause ne lui sont pas versés à lui mais à l'association Solidarité et Progrès, qui n'a en aucun cas à répondre des dettes de son président à titre personnel. 
L'inquisition se poursuit par l'usage des dépenses que fait Monsieur Cheminade, alors que là encore aucun fait n'est avancé par l'équipe de presse pour justifier ne serait-ce qu'un début de soupçon permettant de mettre en doute la sincérité et l'honnêteté du candidat. En faisant cette mini-enquête bidon d'ailleurs les journalistes montrent à quel point ils ne savent pas ce que coûte réellement une campagne et les réponses sur les dépenses nécessaires à avoir faites par Cheminade les laisse d'ailleurs sans voix. 

Fréquentations


Et ça continue ! Les journalistes évoquent Monsieur Larouche, une personnalité proche de Cheminade, qui semble assez peu fréquentable, et qui défend des idées pour le moins particulières, ce qui n'est pas en tout point de vue faux. Là encore, on y passe le temps qu'il faut ("Il y a mon programme tout de même !" ;  "Oui mais il y a Larouche aussi !") en estimant qu'il met en avant ce personnage (alors que non, ce sont les médias qui se concentrent là dessus). Mais les médias iraient-ils faire un tour dans les fréquentations douteuses des autres candidats, j'en doute fort.D'ailleurs lorsque Cheminade fait des citations pour étayer ses propos, de façon totalement contradictoire et à géométrie variable, Haziza à tôt fait de lui rappeler qu'il faut parler de lui et non des autres (alors que lui-même peut parler de qui il veut, dont Larouche, dès l'instant qu'il gêne le candidat).Comble de l'iniquité, lorsque le candidat parle de la politique d'Obama, la journaliste l'accuse indirectement d'être hors-sujet (logique, le sujet c'est la présidentielle) alors que ce sont justement EUX qui l'ont amené sur ce terrain là en dépit de l'évènement qu'ils sont chargés de traiter (les élections).Concernant le parallèle fait par Lyndon Larouche entre Obama et Hitler, bien que relativement choquant et tenant du point Godwin, il explicite assez bien certains parallèles relatifs à la politique actuelle d'Obama et celle d'Hitler (sans tenir compte, évidemment, de la Shoah) en terme d'expansion guerrière, de non-respect des libertés (adoption du NDAA) et de politique de santé. Bien qu'il soit nécessaire de tenir compte du caractère provocateur de cette comparaison (formulée par Larouche et non Cheminade, mais que ce-dernier n'estime pas entièrement fausse), il faut surtout en retenir la dénonciation des dérives que connaissent l'Amérique d'Obama (qui, je le rappelle, a obtenu il n'y a pas si longtemps le prix nobel de la Paix) qui semblent réelles et qu'il est normal de dénoncer. 

Sectarisme ?


Nous passons ensuite à des accusations de dérives sectaires, et la question est donc, "mais Solidarité et Progrès est-elle une secte ?". Pour cette fois, reconnaissons à la journaliste son travail de recherche, bien maigre mais existant. En effet, la MIVILUDES (dont la lutte contre les sectes fait l'objet de critiques d'Olivier Bobineau) a évoqué dans un rapport de 2005 les pratiques de S&P qui consistait dans la distribution de tracts à des étudiants (comme si aucun autre parti politique ne le faisait), ce que Jacques Cheminade a bien sûr reconnu. Cependant les faits s'arrêtent là : aucune autre mention n'est évoquée que celle du rapport de 2005 (qui est très courte), et aucune procédure n'a ensuite été intentée.Selon la journaliste, le sujet n'est pas clôt puisque la MIVILUDES ne l'a pas écrit. Premièrement, ceci est en partie faux, puisque le président actuel de la MIVILUDES a estimé que le dossier "n'était pas vivant, les critères de dérives sectaires n'étant pas caractérisées" (en effet distribuer des tracts n'a rien de sectaire, sinon tous les partis politiques le seraient). Mais en plus, et là je pense que l'on se situe clairement dans le bêtise la plus totale, la chroniqueuse pense que du moment que cela n'est "pas écrit", le dossier n'est pas clôt, sauf que puisqu'aucune procédure n'ayant été intentée, le "dossier" n'existe même pas.Donc là encore la supposition de sectarisme manque clairement en faits. 

Mépris à peine voilé


Monsieur Haziza, bien que dans un certain réalisme politique, dénigre (peut-être involontairement pour cette fois-ci) le plus petit des candidats : "de toute évidence, vous ne serez pas amené à le mettre en oeuvre". La réponse de Monsieur Cheminade est très bonne : "je peux essayer de l'inspirer". En effet, le but de cette émission n'est pas (à l'origine du moins) de discuter des chances de chaque candidat, mais de les écouter sur ce qu'ils ont à dire sur la politique. Cette attitude symbolise bien le nouveau rôle des médias, qui de plus en plus deviennent des meneurs d'opinion (sondages, gros titres) et de moins en moins des informateurs qui se plongent au fond même des idées de chacun, alors que c'est encore le privilège de la campagne présidentielle en France : celle d'être une campagne où toutes les convictions peuvent s'exprimer, et où les candidats de témoignage sont aussi les bienvenus.
Mais très vite le présentateur devient insultant : parce que le candidat invité est peu connu, l'obtention par lui des parrainages a peut-être nécessité la corruption. D'où la question qu'il pose, sans aucun commencement de preuve de la supposition ignoble qu'il s'apprête à faire : n'en aurait-il par acheté ? Question indigne d'un journaliste, insultante, aux bords de la calomnie, à la fois à l'encontre du candidat et des Maires signataires. Mais si cela peut faire passer le temps sans s'attarder sur le programme, c'est bon à prendre. Comment pourtant, avec les problèmes financiers qu'il connaît et le peu de financements de campagne dont il dispose, Jacques Cheminade pourrait-il acheter ces parrainages ? Pire encore, la question semble tout à fait légitime et pas du tout insultante selon le journaliste de la Chaîne Parlementaire. Aucun scrupule.
Autre injustice : les "médias" (quelle référence) ne verraient jamais Cheminade que pendant les campagnes présidentielles, alors qu'il a mené vie politique plutôt active qu'il expose lui-même (mettant les journalistes devant leurs mensonges mais surtout leur totale ignorance), mais que simplement les médias effectivement ne se rendent jamais là où se trouvent les petits candidats, les petits partis, puisqu'aucune audience ne s'y trouve. Que de mauvaise foi.
Et on retrouve un mépris ensuite carrément affiché par le présentateur, qui affirme et assume clairement pendant l'émission "ne pas être très courtois" envers son invité. Honteux. Du journalisme faible avec les puissants, mais fort avec les petits.

Et le programme ?


Autre attestation de cette attitude, une phrase surréaliste de Haziza : "Nous parlerons, éventuellement, de votre projet". C'est pas comme si c'était le but premier et essentiel d'une campagne électorale, mais enfin cela montre bien le mauvais travail de ces journalistes peu honnêtes et peu soucieux de l'information.Monsieur Cheminade a hélas très peu pu parler de son programme dans cette émission.On aborde, ENFIN (au bout de 22 minutes et 29 secondes), un point du programme de Jacques Cheminade.Il s'agit de la "conquête" de Mars, qui n'est pas un point essentiel du programme de Cheminade : pour une élection présidentielle, des journalistes soucieux de rester dans le sujet auraient proposé d'aborder des sujets comme l'économie financière, le nucléaire, mais rien n'est trop beau pour embêter le plus petit des candidats.La proposition est ici qualifiée de farfelue : la journaliste exposant là encore son grand mépris, ne connaît probablement pas le sérieux projet Biosphère II.Il a tout de même pu évoquer quelques propositions au long de l'entretien sur l'économie mondiale et financière contre laquelle il compte lutter (en faisant un point essentiel de son programme) et a également évoqué les problèmes de financement  que rencontrent les collectivités locales et plus spécifiquement les communes d'une manière à mon avis plus développée que n'importe quel autre candidat (ce qui n'est pas compliqué puisque personne d'autre n'en a parlé) évoquant même à juste titre le gel des dotations aux collectivités territoriales et la Loi du 16 Décembre 2010. L'équipe qui assure sa "promotion" n'y trouve rien à redire et n'engage aucun débat de fond sur ces questions puisqu'elle ne semble pas connaître ce sujet.On peut néanmoins estimer sans exagérer que les 3/4 de l'entretien sont consacrés pour Cheminade à sa propre défense (à 1 contre 4, c'est très difficile, je ne sais pas si les journalistes connaissent le principe du contradictoire ou le procès équitable) et non à l'exposition de son programme, pourtant le plus imposant de tous les candidats (preuve que les idées sont là).

Pour conclure


Mais ce qui me dépasse plus que tout encore, c'est l'absence totale de respect dans cet entretien. Outre les questions inquisitrices (répétitions incessantes des mêmes formules pour justifier des questions iniques et des accusations sans fondement : "vous condamnez ?""il a dit ça", "répondez par oui ou non c'est pas compliqué" [...]) sans rapport avec le programme, il y a sur ce plateau un ton tantôt incisif, tantôt méprisant à l'encontre de Cheminade. Pour QUI se prennent ces gens, pour s'adresser avec si peu de considération, de respect et d'objectivité à un homme comme Cheminade, doyen de cette campagne présidentielle, qui pourrait en effet à l'âge de 70 ans être bien tranquille en retraite plutôt que d'essayer de représenter ses convictions profondes avec peu de moyens mais comme il le peut et de courir des risques financiers d'une telle ampleur ? QUI, dans sa vie, entre ces journalistes et ce personnage public, ont fait leur preuves ? Est-ce un homme a priori cultivé et intelligent qui a comme il l'a pu mené une vie politique ponctuée par deux campagnes présidentielles, une campagne législative et une campagne parlementaire européenne, ou sont-ce 4 journalistes télégraphistes de l'empire vissés à leur bureau dont le peu de légitimité ne leur permet certainement pas d'avoir un tel comportement d'inquisiteur ?COMMENT la bande des 4 peut-elle traîner à ce point dans la boue un homme qui a connu tant de difficultés simplement pour défendre ce qu'il considérait comme juste ?
Il dit à la fin "je ne vous dirai pas franchement merci", et il a franchement raison.
Il me semblait nécessaire donc d'évoquer ce fait de campagne qui illustre bien le pouvoir dont les médias mainstream peuvent abuser de façon inéquitable et injuste : l'égalité des paroles n'est que quantitative (en temps) mais certainement pas qualitative (en traitement médiatique).
J'en fini de cet article pour adresser mon respect pour cet homme, qui a certainement, comme chacun, ses défauts et qualités, et comme tout homme politique des idées respectables et d'autres plus contestables d'après moi, mais qui aurait pu susciter bien plus pendant cette campagne, qui a une vraie vision à long terme, une culture et une ouverture d'esprit, qualités précieuses dans le monde que nous vivons, politique mais pas seulement.
Rémi Decombe.

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