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Deux (nouveaux) partis pris sur le score du FN aux élections

Publié le 26 avril 2012 par Plugingeneration @Plug_Generation


Deux (nouveaux) partis pris sur le score du FN aux élections

La démocratie en question ?


Par Steffano di Miezzo 
J’insiste sur le fait que mes opinions politiques n’ont ici pas d’importance. Je n’ai pas écrit cela pour soutenir, ou supporter le Front National. J’ai simplement essayé d’avoir le plus de recul possible et de ne pas me laisser influence par une quelconque idéologie –qu’elle soit à la mode ou non. 
Le résultat officiel du premier tour de l’élection présidentielle est tombé : le Front National de Marine Le Pen obtient 17,90% des voix. Cela signifie que presque un Français inscrit sur les listes électorales sur cinq a voté pour elle. Les réactions sont, évidemment, nombreuses. Pourtant, il y a un regard que quasiment personne n’a posé sur cet évènement. Il y a une analyse qui brille par son absence, par le silence qui l’entoure. Personne ne semble disposé à penser que ces personnes ont volontairement, délibérément choisi de voter pour le Front National. On nous parle de peur, d’insécurité. La palme de la condescendance revient aux « experts » et autres sociologues au rôle obscur qui fleurissent sur les plateaux de télévision durant chaque période électorale. C’est le vote d’une population « peu politisée ». De la même manière, on évoque beaucoup un vote « sanction » à l’égard du gouvernement et de ceux qui nous dirigent. 
A la lumière de ces analyses, de nombreuses interrogations apparaissent. Je fais ici le choix de ne pas revenir sur les analystes de réseaux sociaux qui décrivent la situation en faisant référence au racisme, à la xénophobie, au fascisme, à la dictature. Je ne suis pas en mesure de décider s’il s’agit d’une méconnaissance de l’histoire ou simplement de la langue française. Néanmoins aucune réflexion digne de ce nom ne peut s’appuyer sur de tels présupposés, fortement marqués idéologiquement. 
Les interrogations susnommées concernent plutôt la démocratie, et son application dans notre pays. La démocratie, c’est le pouvoir du « démos » en Grec, de tous les citoyens. On rappelle par ailleurs qu’elle n’a jamais été en place en Grèce durant l’Antiquité ; puisqu’il s’agissait de l’isonomie – de l’égalité devant la loi. Mais dans son acceptation actuelle, et notamment en France, c’est un régime politique censé donner à ses citoyens le droit de s’exprimer et de choisir leur dirigeants grâce au vote. De fait, c’est le pouvoir donné à la majorité. Si on accepte, et qu’on révère, comme beaucoup aujourd’hui, la démocratie ; si on se prétend démocrate, alors on doit respecter les résultats d’une élection. Cela parait évident, et pourtant ce n’est pas le cas. Le mépris affiché à l’égard de ce vote n’est-il pas un mépris à l’égard du fondement même de la démocratie ? Le mépris affiché à l’égard de ceux qui ont choisi cette candidate n’est-il pas un mépris à l’égard de ceux à qui la démocratie donne le pouvoir ? 
Plus précisément, je trouve extrêmement gênant le fait de se déclarer démocrate, et dans le même temps de penser et de dire que le vote de près de 20% de la population est le résultat d’une méconnaissance de la politique, de l’actualité, de l’histoire. Je trouve extrêmement gênant que 20% de mes concitoyens soient considérés comme des illettrés manipulables et puériles, qui utilisent le droit sacré du vote pour mettre en place une dictature xénophobe et violente. La population « peu politisée » peut voter, et sa voix a autant de valeur que celle de n’importe quelle autre personne. 
On se trouve donc face à une impasse. Les médias – et ceux qu’ils choisissent de mettre en avant pour analyser la situation – font montre d’une grande condescendance envers ces électeurs. Ce n’est pas démocratique. Il faut respecter ces voix, ce scrutin et ses résultats. Le seul moyen de comprendre la situation, c’est de concevoir qu’une personne puisse penser différemment, qu’elle puisse avoir d’autres priorités. Le décalage entre le pays et ceux qui en décrivent l’actualité, ceux veulent l’analyser, est bien plus grand que le décalage entre le pays et les politiciens.
Je pense, personnellement, que les gens qui ont voté Front National l’ont fait en connaissant la situation, et les propositions de ce parti. Je pense que c’est leur décision et qu’il faut la respecter. La question n’est pas de savoir si je suis d’accord ou non avec eux. Si on veut une démocratie, il faut accepter ses règles. Libre à vous de préférer une oligarchie, cela ne me pose aucun problème et c’est votre droit. Mais ne vous prétendez pas démocrates, si vous n’êtes pas capable d’accepter qu’on pense d’une manière différente.
Deux (nouveaux) partis pris sur le score du FN aux élections
Témoignage sur le score du FN
Par opinYon

Ceci n’est qu’un ressentiment et va probablement vous paraître très caricatural. L’argumentation est basée sur une expérience personnelle et n’engage que son auteur. Ce dernier n’a pas voulu justifier son argumentation par des causes historiques, des explications idéologiques ou des chiffres. Ce texte n’est qu’un avis, qui ne relève que d’une observation personnelle.A 20.000 km de la France, depuis une des villes les plus cosmopolites et paisibles du monde (j’ai nommé Auckland, NZ, où se côtoient Kiwis, Asiatiques, Pacificiens et Maoris), il est 7h le matin, j’allume mon ordinateur pour découvrir les résultats du 1er tour. Ma hantise : que le FN soit passé. Pour éviter cela, je suis allée jusqu’à voter pour un candidat en qui je ne croyais pas à 100%. Le fameux « vote utile », notamment dû à ma peur de cet « horrible parti d’extrême-droite »  comme je l’ai décrit ces derniers jours à mes amis ici. Réaction à chaud, au vu des scores : « Ouf ! Mais putain, 20% de connards racistes ».Quelques heures, quelques jours passent, et avec eux, beaucoup de réactions et d’articles haineux envers les électeurs FN. J’y réfléchis, j’en parle avec des amis. Ce sujet me hante depuis des années et même si la haine n’a pas diminué, j’ai envie de la dépasser,  pour me demander « pourquoi » : qui sont ces gens qui ont voté pour Marine. Car « ces gens », que je détache de moi, ne sont pourtant pas si éloignés. Je pourrais même vous avouer que j’en connais un paquet, certains dans ma famille. J’allais rajouter « même » dans ma famille. Un « même » si représentatif et symptomatique de cette volonté de grossir le trait et de rejeter tout ce qui touche de près ou de loin à cette mouvance politique. Alors pourquoi ce « même » ? Pourquoi n’arrive-je pas à dépasser cette honte ? Oui, le FN représente tout ce que je déteste : la peur d’autrui qui mène au racisme, à l’isolationnisme, à la stigmatisation. C’est dit. Mais passons à l’étape suivante, si laborieuse et si souvent disséquée ces derniers jours. Ce parti plaît à 20% d’électeurs. Et je connais une partie de ces électeurs. Un avertissement est nécessaire à ce stade de mon témoignage : je vais vous parler des gens qui m’entourent, ceux qui votent FN et que je connais. N’y voyez là rien de généralisable. Je sais que certains électeurs sont des hauts cadres, des gens cultivés mais ici, point de ceux-là.Le Front National plaît car il parle la même langue que les gens qui votent pour lui. Il parle ruralité, il parle « peur de l’autre ». Pourtant, lorsque je passe en revue ces gens que je connais et qui votent FN, je peux assurer qu’aucun n’a de voisin autre que ce qu’ils appellent des « vrais Français ». Et ces gens, qui parlent comme ça et peuvent vous paraître tellement détestables, je les ai côtoyés durant toute mon enfance. Parce que lorsqu’on ne côtoie pas la différence, on en a peur et on la rejette. L’ethnocentrisme, les préjugés et tout ça, vous voyez ?Alors j’ai cru que ce racisme s’amenuiserait avec le temps. J’ai cru que les électeurs FN étaient tous  ces vieux qui m’entouraient, avec leur a priori dû à la guerre d’Algérie et à leur croisière organisée en Tunisie il y a 10 ans, « où vraiment, ils vivent encore comme au Moyen-Age. Tu verrais, ils sont tellement en retard… ». Jusqu’au jour où l’un de mes amis de primaire a mis sur son profil Facebook des vidéos de Le Pen avec des « lol, trop vrai ».Dans son cas, et dans le cas de tant d’autres, j’ai pu remarquer qu’ils ont fait peu d’études et sont restés habiter dans leur ville natale. Ils sont tous des travailleurs manuels (ce que je respecte et même admire) et en sont fiers. Ils sont cette France qui se lève tôt, qui travaille plus pour gagner plus (puisqu’ils sont souvent leur propre patron). Qui a l’impression que les banlieues, c’est l’enfer. Qui ne voit le racisme qu’à travers la télé mais qui en a peur. Qui vous répondra qu’elle ne peut pas abriter tous les Africains ni toute la misère du monde (bien que cette misère, ils ne la rencontrent pas quotidiennement dans la rue). Mon explication est très candide, mais elle se tient. Ils ont peur car justement, ils n’affrontent pas la mixité, la pauvreté. Et surtout, c’est là le plus important, ils ne veulent surtout pas la connaître. Pour eux, tout ça se passe dans les « grandes villes » et pour cela, ils exècrent la vie urbaine, et notamment les Parigots.Ces gens dont je vous parle, ont une vie complètement différente de la nôtre que je résumerais par : métro-boulot de cadre qui bosse sur son ordi-expo/ciné-resto japonais-dodo. La leur est plutôt voiture-boulot pénible et physique-JT de TF1-soupe-dodo. Leurs week-ends se résument à des soirées entre amis, des balades en forêt en famille et à aller à la pêche. Cela peut paraître caricatural mais c’est vrai. Cette France est celle dans laquelle j’ai grandi, conservatrice, traditionnelle, et qui existe encore. Et la France dont Marine parle, c’est celle qu’ils sont (peu de mixité) et celle qu’ils réclament (des décisions locales, avec un refus de se voir gouverner par des institutions qui les dépassent). L’Europe, ils détestent. Des technocrates qui votent des lois, là-bas à Bruxelles, mais qui n’y connaissent rien. Résultat : plus de paperasse pour monter/gérer son entreprise, plus de mesures de sécurité à mettre en place, plus de taxes à payer… Ces gens qui votent FN, ce sont des pragmatiques. Ils vous répondront souvent « J’suis pas un intellectuel moi ». Alors évidemment, les spéculations, les marchés financiers, les scandales en tout genre, ils n’y connaissent rien et ne veulent pas en entendre parler. Le fric, les magouilles, les tactiques politiciennes, ça les dépasse et surtout, ça les énerve, eux qui voient chaque jour l’avancée de leur travail et les rentrées précises d’argent sur leur compte. Alors oui je caricature, oui tous les électeurs du FN ne sont pas « ces culs-terreux ». Toutes ces descriptions n’expliquent pas scientifiquement pourquoi ces gens votent FN (et même qu’à la campagne, il y a des gens ouverts et pas racistes !). Je l’admets. Mais ces gens ont souvent une vie bien différente de celle que nous, jeunes étudiants, bobos en devenir, menons. Ils font partie de la France plus traditionnelle, moins ouverte certes, mais sûrement beaucoup plus avertis dans d’autres domaines (je pense notamment à l’écologie). Elle manque d’éducation, de recul, de débats profonds. Elle est plus intéressée par la météo et le prix de l’essence à la pompe la plus proche que par la guerre en Irak ou le CAC40. Elle est plus simple, et choisit malheureusement un vote simpliste car elle est déroutée. Déroutée par cette mondialisation qui la dépasse totalement, qu’elle ne comprend pas ni ne veut comprendre quand elle voit déjà tous les problèmes quotidiens à gérer. Alors oui ce choix était stupide de notre point de vue. Mais du leur, il a fait sens. 


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