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Le cinéma d'horreur pakistanais, vous connaissez ?

Par Tred @limpossibleblog

Il est des lieux que le cerveau a du mal à associer avec certaines notions. Comme… la chaleur en Antarctique, ou la joie de vivre en Corée du Nord. On ne peut pas dire que ce soit des rapprochements qui se font automatiquement, et même s’il est facilement possible de les accoler, ça n’en fait pas forcément des vérités. Au cinéma aussi il y a des rapprochements qui ne sont pas évidents sur le papier, mais qui eux pour le coup deviennent des réalités indiscutables une fois qu’ils sont à l’écran, aussi farfelus soient-ils.
Le cinéma d'horreur pakistanais, vous connaissez ?Mais qu’est-ce qu’il raconte celui-là ?! Ne mentez pas, j’en ai clairement entendu un marmonner cela devant son ordinateur. Ces jours-ci, le Forum des Images programme un cycle de films sur la forêt, et au sein de ce cycle les équipes du Forum se sont associés à 1kult pour mettre au point une semaine spéciale sur les films qui font peur prenant pour cadre la forêt. Un beau programme quand on sait que les bois sont un cadre qui sied particulièrement à l’horreur, et cela se retrouve dans les films programmés dans le cadre de cette semaine, allant de Mario Bava au Projet Blair Witch en passant par Evil Dead. Le Forum des Images accueillant tous les ans L’Étrange Festival, il est facile d’miaginer qu’une ou deux curiosités bien sympas puissent se cacher dans la programmation.
That’s a bingo, selon les mots de Hans Landa. Car en ouverture de la semaine forêt flippante (terme pas le moins du monde officiel, mais tellement adéquat), on ne nous proposait rien moins qu’un film gore pakistanais, Hell’s Ground, ou en VO Zibahkhana (ça claque hein ?). Non non, vous avez bien lu, un film gore pakistanais. Pour ceux qui préfèrent une dénomination plus scientifique, disons que c’est un mix entre le slasher et le film de zombies. Tout droit venu du Pakistan, donc. Je ne sais pas quel est le degré de votre curiosité au cinéma, mais chez moi il est plus aiguisé que les talons de Paris Hilton, alors quand je lis dans le programme du Forum des Images : « Le premier film gore Pakistanais », un inédit datant de 2008, mes antennes cinéphiles se dressent et mes jambes me mettent rapidement dans la direction des festivités.
Le cinéma d'horreur pakistanais, vous connaissez ? Direction donc le Forum des Images, où les cinéphiles amateurs d’étrange s’étaient réunis en nombre, des têtes régulièrement croisées à la Cinémathèque, au Forum bien sûr, mais aussi à Panic Cinéma !, comme ce Phil Siné qui comme moi n’aurait raté Hell’s Ground, slasher zombie pakistanais, pour rien au monde. La bonne idée de la programmation, c’est de ne pas s’être contenté de cette folie asiatique, et d’y avoir adjoint en préambule deux courts-métrages indéniablement jouissifs. Le premier, canadien, « The legend of Beaver Dam », montre de jeunes scouts se faire attaquer par un dégénéré psychopathe lors d’une nuit autour d’un feu de camp en forêt. Le second, apparemment portugais, et magnifiquement titré « Banana Motherfucker », relate une attaque de bananes tueuses dans la jungle sud-américaine où s’aventure une équipe de tournage. Ces deux courts délicieux furent une mise en bouche joyeuse à la star de la soirée, Hell’s Ground.
En nous présentant le film, Guillaume Perrin d’1kult nous a dit une chose avec laquelle je ne suis pas le moins du monde d’accord : que Zibah Khana n’était pas un nanar, qu’il n’y avait pas une once de cynisme, que c’était premier degré et qu’il fallait en profiter et ne pas hésiter à se marrer. Si j’ai été tout à fait d’accord pour en profiter et rire un bon coup, je me pose en porte-à-faux pour ériger le film en monument du nanar qu’il est. De deux choses l’une, soit le film est effectivement sincère de la première à la dernière image, sans cynisme aucun, et alors c’est un nanar pur et dur, soit le réalisateur pakistanais manie avec dextérité le second degré et nous a concocté une parodie assumée souvent réjouissante. Peut-être y a-t-il un peu des deux à la fois, mais une chose est sûre, la gaudriole était de mise devant Hell’s ground, ou la virée de deux filles et trois garçons de la jeunesse d’Islamabad qui filent en douce à un concert de rock, et pour cela empruntent une petite route campagnarde maudite où les disparitions sont légions.
Le cinéma d'horreur pakistanais, vous connaissez ? Là où le film fait fort, c’est qu’il se permet de jouer sur deux tableaux de l’horreur, le slasher, avec ce tueur sanguinaire sur lequel vont tomber les jeunes et qui va rivaliser de folie pour tenter de la massacrer, et le film de zombie, donc une incursion plus politique/écolo dans le récit (la condition des zombies n’est-elle pas la faute d’hommes et de femmes de pouvoir qui n’ont pas fait ce qu’il fallait ?). Car dans cette même région où sévit le tueur, une rivière polluée contamine les habitants et les transforme en zombies. Et bien sûr, nos pauvres amis de la ville vont tomber sur eux aussi.
Maintenant attention, si vous êtes des puristes du film d’horreur sérieux et flippant, si vous n’êtes pas adeptes de la curiosité et du ridicule pas forcément volontaire, passez votre chemin. Car Hell’s Ground fait bien plus rire que flipper. Il faut voir le mec choisir de descendre voir tout seul ce qui a mordu son pote qui a la jambe bien amoché. Il faut voir les filles trouver normal que leur ami qui s’est fait mordre la jambe ait le teint blafard, les cernes noires, et bave et crache un liquide vert fort peu orthodoxe. Il faut voir celui qui se fait plus de souci pour l’état du van que pour leurs vies après qu’ils ont croisé un groupe de zombies dégueulasses cherchant à les attaquer. Et il faut tout simplement voir le tueur à la burqa que sa mère considère comme une fille, et appelle comme telle.
En moins d’1h20, le spectacle de ce film rare est vite terminé. Je ne sais pas quand il me sera donné une autre occasion de voir un film gore Pakistanais, mais je suis déjà bien content d’en avoir vu un. Un feu de camp entre scouts, des bananes tueuses, des zombies pakistanais... Il y a des soirées comme ça…

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