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Demain, nous ne sommes pas seuls à voter : les législatives en Grèce

Publié le 05 mai 2012 par Vindex @BloggActualite
Demain, nous ne sommes pas seuls à voter : les législatives en Grèce
Bonjour à tous, 
Faisons un peu place dans l'actualité à nos amis Grecs, qui eux aussi votent demain pour élire leurs représentants au parlement. C'est d'autant plus important pour eux qui disposent encore moins de marge manœuvre économique que nous. Voyons donc quels sont les enjeux de ces élections, les forces en présences et surtout à quoi pourraient-elles aboutir politiquement ? L'avenir européen dépend t-il de ces élections plus que de nos élections à nous ? 
Des élections anticipées : 

Ces élections sont révélatrices d'une véritable crise politique en Grèce. En effet, en novembre dernier, après de multiples plans de rigueur conditionnant l'obtention d'aides européennes, la Grèce était toujours plus émaillée par la contestation. Le premier ministre d'alors, le socialiste Georgios Papandréou a décidé d'organiser un référendum pour soumettre à son peuple la décision de l'austérité. Le choix était donc celui de la "peur" : l'austérité ou la sortie de l'euro... Mais bien, sûr les pressions des dirigeants européens, en partie de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, ont amené le dirigeant grec à abandonner son idée. L'opposition demanda alors l'organisation d'élections anticipées, ce qui fut accéléré par la démission de Papandréou, remplacé par Loukas Papadimos du partie Nouvelle Démocratie (à droite). Il forma alors un gouvernement d'Union Nationale avec les socialistes du PASOK et l'Extrême-droite du LAOS. Cependant, avec les nouvelles mesures d'austérité prises, le LAOS se retira de la coalition. L'opposition fut surtout assurée par les partis d'extrême gauche : KKE et SIRYZA, ainsi que par de petits groupes de députés de gauche ou de droite qui étaient défavorables aux plans de rigueur. 
Ces élections sont nécessaires pour redéfinir une nouvelle majorité, plus forte, la composition du parlement grec ayant évolué depuis 2009 avec les scissions. Ainsi, la majorité était devenue très fragile. En temps normal, le mode de scrutin de ces élections (proportionnelle à prime majoritaire) donne assez  facilement une majorité. Mais le nombre de forces politiques en présence est tel que cette fois-ci risque d'être plus compliquée. 
Voici l'évolution du parlement hellénique entre 2009 et aujourd'hui : 
Demain, nous ne sommes pas seuls à voter : les législatives en Grèce-Cliquez sur l'image pour aggrandir-Les forces en présence : 
Cette année donc, du fait de la contestation croissante, les forces présentes sont plus nombreuses et représentent plus de tendances de la vie politique grecque. Voyons un peu quelles sont les tendances qui s'affrontent pour ces législatives. 
A gauche : 
-Il y a d'abord le PASOK, équivalent du PS en France, qui est de tendance social-démocrate et donc modérée. C'est ce parti qui avait gagné en 2009 et donc mené les divers plans d'austérité en Grèce. Ceux-ci l'ont considérablement affaibli puisque de ce fait la contestation s'est cristallisé sur ce parti. En réaction, la gauche radicale et l'extrême gauche ont progressé dans l'opinion par leur opposition à la rigueur. -Parmi ces partis en progression à gauche il y a le parti Communiste (KKE), assez eurosceptique et de tendance marxiste-léniniste. Il fut très actif dans la lutte sociale en Grèce ces derniers mois. -La SYRIZA, coalition de gauche radicale et de l'extrême gauche, semble aussi pouvoir profiter de la perte de crédibilité du PASOK, et pourrait accroître son score de 2009. -La Gauche Démocrate est quant à elle moins radicale. C'est une scission de la SYRIZA, moins radicalement opposée au PASOK. -Le Pacte social est quant à lui apparu au cours de ces derniers mois : c'est une scission du PASOK. -Enfin les Verts et écologistes (OP) vont tenter d'émerger, mais leurs préoccupations écologistes ne sont-elles pas décalées face à la situation grecque ? 
A droite : 
-Nouvelle démocratie est le principal parti. Formant la minorité depuis 2009, il peut toutefois profiter de la division de la gauche et du PASOK pour former la future majorité. C'est un parti conservateur, qui a initié le gouvernement d'Union nationale en novembre dernier. -Les Grecs indépendants et l'Alliance démocratique en sont deux scissions opposées à la rigueur conduite désormais par Loukas Papadémos. Ils sont situés plutôt au centre-droit. -Le LAOS (l'Alerte Populaire Orthodoxe), parti d'extrême droite, compte bien renforcer son influence avec la division relative de ND. -Enfin l'Aube dorée (XA) est une parti néonazi, trop peu influent pour gêner une éventuelle progression du LAOS. 
Quels résultats peut-on prévoir ?  
Au regard des sondages, mais aussi des évènements qui se sont déroulés en Grèce dernièrement, nous pouvons dire que ce scrutin ne clarifiera probablement pas les choses, et les rendra même plus confuses. En effet, les sondages prévoient un effondrement du PASOK, qui ne recueillerait plus que 15 pour cent des suffrages (contre 44 pour cent en 2009), au profit de la gauche radicale, qui atteindrait un total de 25 pour cent. Le PASOK perdrait aussi des suffrages face à la Gauche Démocrate, créditée de 16 pour cent. Les verts ne progresseraient que peu par rapport à 2009. A droite, certes, Nouvelle Démocratie sortirait en tête, autour de 27 pour cent, mais serait en recul et n'aurait pas (loin s'en faut) de majorité. De même, le LAOS est prévu par les sondages à 3 pour cent, très loin d'une percée donc. C'est peut-être à cause du parti néonazi, qui ferait tout de même 5 à 7 pour cent selon les sondages. Les scissions de ND ne recueillerait pas plus de 2 pour cent.
Si ces résultats se vérifient bien demain, il serait bien difficile de former une majorité. En effet, nous aurions le camp de la gauche radicale et de la droite face à face avec un pourcentage similaire. Difficile pour la gauche radicale de se compromettre en s'alliant avec le PASOK, ou avec l'europhile Gauche Démocrate. Aussi, le parti Nouvelle démocratie ne trouvera pas assez de députés pour former une majorité avec son seul camp de droite. Le plus probable serait donc une nouvelle coalition, probablement mortelle face à un dénouement économique, politique et sociale de plus en plus instable pour le pays. 
Car l'Allemagne comptait bien dès Juin imposer de nouvelles réformes à la Grèce assorties d'un énième plan d'aide. Si une coalition venait à sortir de ces élections, il serait difficile de prendre des décisions, ce qui nous laisse penser que l'Union Européenne devrait elle-même  accroître son pouvoir de décision sur la Grèce pour appliquer les plans de rigueur. Tout cela n'oriente pas les marchés financiers vers de bonnes augures, ceux-ci étant à nouveau inquiété par la situation grecque, qui affaiblit à nouveau la situation de l'euro. 
Si jamais fin de l'euro en Grèce il y a, il est plus probable que cela se fasse de manière désordonnée. En effet, l'Union Européenne ne semble pas disposée à prendre une telle décision au vu de son entêtement déflationniste. Une telle décision viendra forcement d'un blocage ultime, d'une rupture, et de manière inattendue. Cela n'augure rien de bon, alors que tant de sorties d'une union monétaire ont pu s'organiser pour limiter les dégâts (Argentine, pays de l'ex-URSS, Tchéquoslovaquie par exemple). 
Sources : 
Wikipedia
Wikipedia
Le Parisien 
Le Nouvel Observateur
Vincent Decombe

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