Magazine Beaux Arts

Miam (by Cécile)

Publié le 14 mai 2012 par Lifeproof @CcilLifeproof

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Robert Indiana, Love Sculpture, 1996

ON m'a dit « tu verras, New York, c'est formidable, fun, vibrant, excitant » et ON m'a aussi dit, « il faut que tu ailles là et puis ici ou encore là et surtout n'oublie pas ça », des lieu touristiques, Brooklyn Bridge, Central Park, Times Square, des lieux pour le shopping, etc. ON m'a aussi demandé d'y faire des courses mais bon, je crois que c'est comme ça pour tous les gens qui s'y rendent ! Mais ON s'est aussi récrié : « arrête avec les musées !!!! putain t'es à New York !!!! » Comment vous dire ? En fait, ça ce n'était juste pas possible et ce, pour plusieurs raisons :

1. Ce n'est pas pour rien que je bosse dans un musée et que j'écris sur l'art contemporain ! C'est ça qui m'excite pour ne pas dire me fait bander (je reste une fille) !

2. ça se résume en deux mots : Guggenheim et MoMA !

3. Cette ville n'a jamais été un fantasme (trop grande, trop vue sans la voir vraiment) mais ses musées, OMG, YESSS!!!

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Vue depuis Brooklyn sur le Brooklyn Bridge et Manhattan

Donc je peux dire, dans le désordre, « ça, c'est fait ! » : la high line, Chelsea, Chinatown, Brooklyn Bridge, Soho, Times Square (bon sang ce truc, je n'en vois pas l’intérêt!), Central Park (mais j'ai failli le rater), le fer à repasser (mythique et par hasard !) et plein d'autres lieux aussi mais je n'ai pas eu le temps de tout faire ! Et pour les musées, histoire de ne pas y passer tout mon temps, une sélection a été, bien entendu, nécessaire !

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Francesca Woodman, Polka Dots, Providence, Rhode Island, 1976; gelatin silver print; courtesy George and Betty Woodman; © George and Betty Woodman

Premier musée: le Guggenheim. Vieux rêve mais c'est cette architecture de Frank Lloyd Wright que je voulais voir et autrement que dans Men in Black! Il s'agit d'une spirale par laquelle on monte/descend, dans la coursive se trouvent souvent des œuvres exposées : cette fois une expo de John Chamberlain qui ne m'a pas transcendé alors que dans l'un des espaces d'expo avait lieu un très belle rétrospective de Francesca Woodman, artiste américaine décédée à en 1981 à 32 ans et qui avait la particularité de se mettre en scène dans ses photographies, enfin vu autrement que dans un livre!

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Felix Gonzales-Torres, Untitled (Placebo), 1991 - Candies, individually wrapped in silver cellophane (endless supply), Dimensions vary with installation Ideal weight: 1,000 - 1,200 lbs (454 - 544 kg). Gift of Elisa and Barry Stevens. © 2012 Felix Gonzalez-Torres

Second(s) musée(s) : MoMA et PS1.

Le Guggenheim avait été une très agréable mise en bouche et là, je venais de passer au plat de résistance! En gros, tout ce que j'ai étudié pendant mes études d'art s'y trouvait : quelqu'un a demandé les nymphéas de Monet? Aucun problème, La nuit étoilée de Van Gogh peut-être? Mais bien entendu, De magnifiques portraits de Modigliani? Il n'y a qu'à se servir, un carré blanc sur fond blanc de Malevitch? C'est possible aussi. Quelqu'un reprendrait quelque chose? Les Demoiselles d'Avignon de Picasso, c'est possible aussi! Après tout ça, on se dit qu'il faudrait peut-être essayer de digérer mais le problème est le suivant: il reste encore énormément de choses à voir dans ce musée... J'étais comme un enfant qui est entré dans un magasin de bonbons, miam, le pied! Il y avait donc aussi plusieurs expos: design, archi, photo, art contemporain, etc... et la collection d'art contemporain, un seul mot pour résumer: waouw !!!! J'ai découvert des artistes qui m'étaient inconnus et j'en ai retrouvé d'autres dont Felix Gonzales-Torres et ses bonbons que j'ai dégustés avec plaisir. Vous prendrez bien encore quelque chose? Une petite sucrerie, un petit chocolat en attendant le digestif? J'ai opté pour deux expos: Cindy Sherman et Print Out, tout simplement géniales!

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James Turrell, Meeting, 1986 - Interior incandescent light and open sky

Puis le digestif, on a repris le métro avec Camille pour aller visiter PS1 dans le Queens et là, c'était un peu comme se retrouver au Crac à Altkirch (même à moi, cette comparaison me semble étrange) mais il s'agit de deux lieux d'art contemporain qui sont installés dans d'anciennes écoles. Et là, il y a plein de choses, il faut fureter, se promener pour pouvoir peut-être tout voir : les expos et les œuvres sont disséminées au grès des salles et des escaliers (des peintures murales!!), du sous-sol au dernier étage : dans la chaufferie, la chaudière est repeinte en dorée par Saul Melman et il s'y trouve une œuvre de Sol LeWitt, surprenant! Dans une installation de Darren Bader, il y a un iguane, dans une autre deux chats qu'on peut adopter si on le souhaite (adorables donc tentant mais pas certaine que pour le retour en avion ça aurait été une bonne idée). Plus loin, on pousse une porte et on entre dans un espace dédié à James Turrell et là, on se retrouve dans une pièce à ciel ouvert, le tableau, c'est ce ciel et on peut passer autant de temps qu'on le souhaite à, simplement, l'observer défiler sous nos yeux.

Le clou, enfin pour moi, c'est l'installation The Forty Part Motet de Janet Cardiff dont je vous avais déjà parlé là. C'était encore mieux qu'à l'Aubette, plus fort, plus prenant, plus tripant. On entend ce chant résonner dans les couloirs de l'école, jusqu'à l'extérieur et on est véritablement transportés par cette musique qui, par sa puissance, est encore plus intense que la première fois que je l'ai entendue... Je crois que si je pouvais, j'y retournerai.

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Judy Chicago, The Dinner Party, 1974–79. Ceramic, porcelain, textile, 576 x 576 in. (1463 x 1463 cm). Brooklyn Museum, Gift of the Elizabeth A. Sackler Foundation, 2002.10. © Judy Chicago. Photo: © Aislinn Weidele for Polshek Partnership Architects

Après cela, j'aurais pu m'arrêter, c'était tellement bien que ça aurait été une très bonne conclusion artistique à ce séjour. Mais Camille m'avait conseillé le Brooklyn Museum avec l'expo Keith Haring et la section féministe du musée. L'expo Keith Haring était effectivement très bien, on pouvait voir aussi bien ses tags dans le métro new yorkais que ses peintures. Mais voir autrement que dans un livre l’œuvre The Dinner Party de Judy Chicago a été la cerise sur le gâteau de ce séjour. Une très grande table triangulaire est dressée dans une pièce sombre, et les invités sont aussi bien des déesses que des femmes ayant compté dans le combat pour la position de la femme dans notre société (Ishtar, Hatchepsout, Virginia Woolf, etc. par ex.). Dans chaque assiette est représenté le sexe de sa convive, tous sont différents et personnalisés, farfelus parfois, touchants, étonnants ou très drôles, c'est une œuvre engagée qui nous montre que l'on est aussi ce que l'on ne peut montrer et il ne faut pas vouloir se cacher à tout prix, cet intime qu'il faut s'approprier parce qu'il nous permet de nous dévoiler.

Sur ce, je vous laisse, ce post est un peu long mais j'ai vu tellement de choses pendant ce séjour qu'il aurait été difficile de faire plus court!


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