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Expo Cao Fei: T’as de beaux vieux, tu sais !

Publié le 17 mars 2008 par Marc Lenot

plateau-cao-fei-et-b-bak-006.1205592924.jpgJe suis allé au Plateau pour voir l’exposition de Cao Fei, dont j’avais aimé les installations cum vidéo à Venise et à Lyon. Mais ici, les installations sonnaient moins juste, la mise en scène autour de Second Life, les sculptures de son père ou les cartons de l’usine Osram n’avaient pas, à mes yeux, la même densité que la bulle vénitienne ou la tente lyonnaise. Ses meilleures vidéos naviguent entre tradition et modernité, entre Asie éternelle et modernisme occidental : ses guerriers revêtus de tenues de mangas rentrent sagement à la maison après leurs exploits urbains, ses ouvriers d’usine font de la gymnastique chinoise dans les ateliers (ci-contre, Whose Utopia, part 2 : Factory Fairytale) et les habitants de Guangzhou dansent le hip-hop dans la rue. C’est bien, mais çà manque un peu de vivacité, de densité : discours un peu trop simple, et primat de la forme.

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Donc, un peu déçu, je vais vers la salle du fond du Plateau, et j’y reste longtemps. Bertille Bak vient de sortir des Beaux-Arts, elle a obtenu ce prix (où elle est en bonne compagnie) et elle étudie au Fresnoy. Ce qu’elle nous présente est une sorte de documentaire, qu’elle dit “fictionnel et ethnographique”, et qui m’a plu tant par son style et son propos que par les rapports entre artiste et sujet. Elle filme les habitants des corons où elle est née, dans une petite ville du Nord, Barlin : vieille culture ouvrière, accent chtimi (avec sous-titres pour bien marquer la distance) et traditions vivaces (majorettes et fanfare). C’est un film plein d’humour et de poésie, habité de désirs et de fantasmes (voler du haut du terril, être une star).

Mais surtout c’est un travail où la frontière entre artiste et sujet s’estompe : c’est d’abord un travail de participation, de modification du réel, qui m’a fait penser à celui de Kate長™ina Šedá : l’artiste peut-il transformer le réel ? Mais Bertille Bak n’est pas absente de son travail, ses personnages savent qu’il s’agit d’un projet pour les Beaux-Arts à Paris, ils ont conscience d’entrer dans l’histoire de l’art par la petite porte et ne manquent pas d’en plaisanter.

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A côté, trois autres petits films sur moniteur, des films de rituel et d’évasion : une vieille femme note les numéros de toutes les voitures qui passent, des anges sur des rails tentent vainement de s’envoler, et des enfants font fonctionner une cuisine industrielle sur rails en plein champ, avec un productivisme effréné de l’arrachage des pommes de terre à la livraison des frites. En face, ces photos très ‘Becheriennes’ des pignons des maisons des corons. A suivre, sûrement.

Photos 1 et 2 Courtesy le Plateau et Cao Fei / Bertille Bak. Photo 3 de l’auteur.


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