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Terdav Trail World Tour, Saint-Jacques, 25e étape: entrée dans la Rioja...

Publié le 18 mai 2012 par Sylvainbazin
Ce matin, bonne surprise: l'auberge est bien plus calme, j'ai mieux dormi et mes colocataires ne font pas un boucan d'enfer dès potron minet. Il est juste 6h30 quand ça commence à bouger un peu... Pas d'allemand dans les parages, c'est peut-être pour ça. Je prends le petit-déjeuner en compagnie de jean-Loup, qui marche depuis un bon moment: il est parti fin mars de Paris, depuis la tour Saint-Jacques. C'est un grand gaillard et tout jeune retraité essonois. Il va son bonhomme de chemin en poussant une cariole (une remorque de vélo qu'il a adapté pour la marche) qui lui permet de trimballer son matériel de camping. Il avait essayé, l'an passé, de partir avec un sac à dos, mais il trimballait 22 kilos ce qui était trop. Avec ce système, il peine dans les descentes techniques mais s'en sort bien mieux. Nous nous souhaitons bonne chance pour la suite et chacun reprend son chemin. Il est encore tôt, 7h30, quand je reprends ma marche. Après quelques kilomètres tranquilles pour me remettre en train, je sens que les jambes ont envie d'avancer. Je déroule bien, le sol est encore très agréable à marcher, le décor champêtre, j'ai même à certains moments de vraies sensations, presque de vitesse! Il faut dire, même si je commence à m'y habituer, que la file de marcheurs que je remonte sur le chemin me fait un peu penser à un peloton. Je m'amuse un peu à les doubler les uns après les autres, j'ai presque des réflexes de compétiteur qui reviennent... Comme le décor est sympathique sans être éblouissant, une petite séance de vitesse n'est pas la mal venue. En plus, mon étape du jour est longue, et tant que je me sens bien... j'aurai le temps de temporiser, seul sans doute, cet après-midi. Certains pélerins transportent un véritable barda: je double ainsi un grand jeune homme, à la carrure de rugbyman, qui transbahute un grand sac sur lequel est fixée une guitare. Il va bon train, malgré ce chargement et des guêtres de montagne bien superflues sur ce chemin sec et damé. Quand je le dépasse, je sens qu'il essaie un peu de s'accrocher... j'en aurai confirmation par quelques coups d'oeil ensuite. Ca m'amuse à vrai dire... Un peu plus loin, je rejoins deux "chicas" qui marchent d'une allure très active. Elles portent de tous petits sacs. D'abords surprises de voir quelqu'un les doubler, elles cherchent plus ou moins à me redépasser... Mais nous engageons tout de même la conversation! La plus bavarde s'appelle Roxana. Elle est madrilène et est venu marcher quelques jours avec des collègues de Saint-Gobin, le groupe français pour lequel elle travaille. Roxana est pleine d'énergie et très communicative. Les quinze kilomètres que nous parcourons ensemble passent vite. Nous échangeons en anglais (mon espagnol et son français étant trop médiocres)et parlons marche, voyage, sport et style de vie... Elle adore voyager, prend chaque année un bon mois de vacance pour se balader au loin, et ne comprend pas ses amis qui ne rêvent que mariage, maison et sécurité. Elle rêve d'une vie de voyages et d'aventures... Arrivés à Viana, nous nous arrêtons, avec sa collègue, prendre un café pour moi et déjeuner pour elles, qui ne vont pas plus loin que Logrono, la grande ville située neuf kilomètres plus loin. Le géant à la guitare nous rejoint un quart d'heure plus tard. Il est français, et m'explique qu'il aime trimballer du poids "ça me calme" m'explique t il. Il marche vite, mais se contente le plus souvent d'étapes courtes. Hier soir, entraîné par des autrichiens, il a pris une bonne cuite et a dormi sous le porche de l'église. C'est la deuxième fois qu'il marche vers Saint-Jacques, ça lui avait plu, alors il recommence. Je quitte un peu plus tard ce joyeux groupe. J'aime aussi être ainsi, de passage. J'irai sans doute dire bonjour à Roxana la prochaine fois que j'ai du temps à tuer en transit à Madrid (si, moi c'est le genre de choses que je fais; une fois j'ai promis à une amie de Shangaï, rencontrée en Mongolie, de venir la voir. J'y suis allé...bon, elle n'était pas là mais tout de même!). Logrono arrive assez vite ensuite, même si mes pas sont un peu moins alertes après cette pause. J'ai aussi eu le temps d'admirer le portail de l'église de Viana au passage. Arrivé à Logrono, je commence à me sentir un peu plus fatigué et j'ai à nouveau faim... une sensation qui me tenaille pas mal en Espagne. Je passe donc un peu trop vite sans doute dans le centre historique de la capitale de la Rioja, qui renferme, je le vois tout de même, quelques beaux édifices. Pour la première fois en Espagne, je m'accorde, puisque l'occasion fait le larron, une véritable pause déjeuner?. Le menu del dia du "drunk duck" (bon le nom du restaurant n'est guère local...), sans être gastronomique, me redonne de l'énergie. Je repars d'un pas régulier à travers les rues de cette grande ville. Le chemin y est encore une fois très bien indiqué, par des pavés au sol. J'atteins un parc agréable, la sortie de la ville n'est pas défigurée. Je double à nouveau mon japonais d'hier, que j'avais déjà dépassé ce matin à deux reprises, avant et après ma pause café amicale à Viana. Il semble marcher à petits pas réguliers, sans jamais s'arrêter. Mais cette fois il a vraiment l'air épuisé. Je le salue encore une fois, mais comme à chaque tentative il ne répond pas. Il y a vraiment des marcheurs solitaires. J'atteins ensuite un lac artificiel où les indications du camino commencent à être moins nettes. De simples flèches jaunes malabiles marquent la bonne voie. Le cycliste hollandais avec lequel j'avais déjeuné avant d'arriver à Saint Jean et que je retrouve ici s'est égaré autour du plan d'eau. Plusieurs fois, il m'attend pour s'assurer d'être sur le bon chemin. Mon guide est assez utile pour le rassurer. Je me retrouve ensuite vraiment seul. Et plonge dans une zone qui est le premier passage vraiment pénible et ingrat de mon voyage. Des pistes pleines de galets irréguliers, plates, longent l'autoroute puis la nationale. Le soleil tape en plein, le décor est triste et sale. Seule distractions: les croix de bois ou d'autres matériaux accrochés aux grilllages de sécurité par les pélerins... et un des classiques immenses toros publicitaires d'une marque de Porto. J'atteins ainsi péniblement Navarette, où seul le centre ancien n'est pas trop délabré et agréable, puis repars par ces mêmes pistes... L'après-midi est donc plutôt pénible. Vers la fin du parcours, je repasse heureusement un peu plus dans les vignes, plus à l'écart de la route. Mais je commence à me sentir fatigué, mes pieds me font un peu souffir. En prime, les abords de Najera sont à nouveau peu réjouissants. Juste avant d'arriver, dans une zone curieuse où les vigneobles côtoient de près les usines, je double un grand troupeau de moutons, conduit par son berger, les chiens qui veillent au grain et un âne, devant un immense complexe industriel. Drôle d'image. J'entre enfin dans la cité et atteint le centre, qui semble regorger d'églises et de monastère. Mon auberge est difficile à trouver. Il faut s'adresser à un restaurant, fermé à cette heure là. Quand j'atteins tout de même la rue de l'auberge, un très aimable monsieur me reconduit vers le restaurant, qui a entre temps réouvert, puis à nouveau à l'auberge... J'ai donc bien parcouru une bonne soixantaine de kilomètres à l'heure du dîner. Je pense qu'il s'agitr maintenant de ma limite "haute" au delà de laquelle je risque sombrer dans la fatigue. Heureusement mes étapes espagnoles les plus longues ne devraient pas dépasser cette longueur. Et j'espère qu'elles seront plus agréables que cette deuxième partie de parcours. Entre une matinée vraiment très agréable et pleine de rencontres et unn après-midi de lutte et d'introspection dans un décor pénible, cette journée aura en tous cas était riche en contrastes! Un vrai voyage en somme...

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