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Chronique juin de Jérôme Pellistrandi

Publié le 22 mai 2012 par Egea

Oyez ! oyez ! voici votre chronique mensuelle des affaires de défense, de stratégie, d’armement, rédigée par le très fidèle Jérôme dont on ne louera jamais assez la qualité du travail. Mille mercis, encore une fois, l'ami. lle est publiée dans l'édition du Casoar.

Chronique juin de Jérôme Pellistrandi
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O. Kempf



Le printemps 2012 a été monopolisé par la crise syrienne, où les intérêts stratégiques des acteurs régionaux sont contradictoires. Après l’affaire libyenne, les pays occidentaux sont peu enclins à y intervenir militairement, tandis que Moscou et Pékin ne cessent de réaffirmer leur soutien au régime. L’Iran, lancé dans une course contre la montre pour atteindre le seuil nucléaire, attise les braises tandis que la dimension confessionnelle –Chiites contre Sunnites- est à prendre en compte. Le Liban voisin est également fragilisé, étant la caisse de résonnance de ce Moyen-Orient compliqué, tandis qu’Israël s’interroge sur la pertinence de frappes préemptives contre les installations nucléaires iraniennes. Plus à l’Est, la question afghane semble être passée par « pertes et profits » avec les retraits annoncés de plusieurs pays occidentaux dont la France. Mourir pour Kaboul est désormais difficile à expliquer aux Européens plus concernés par la crise de l’euro que par l’avenir d’un pays aussi lointain et qui n’a pas su se reconstruire, malgré les milliards de dollars versés.

L’échec du lancement de la fusée Unha 3 par la Corée du Nord a remis sur le devant de la scène internationale cette monarchie communiste. Parmi les inquiétudes que soulève ce tir raté, il y a la coopération avec Téhéran. Paradoxalement, la médiatisation du tir a surpris alors que le régime contrôle étroitement toutes les informations.

C’est aussi le rappel que l’Asie est devenue le centre de gravité stratégique de la planète, avec une montée continue des tensions entre la plupart des pays. La dimension maritime est ici essentielle et la course aux armements navals n’est pas prête de cesser avec notamment le développement de flottes sous-marines.

Autre théâtre pour lequel la France est désormais très attentive, la zone sahélienne. L’Afrique subsaharienne risque d’être déstabilisée par une poussée islamiste alimentée par les soubresauts de la rébellion libyenne. Avec cependant des réussites comme les élections au Sénégal. Et cette fois-ci, le feu est au sud de l’Europe. (suite ci-dessous)

I Etats-Unis

Les études ont débuté pour le futur Air Force One, l’avion du Président américain. Les 2 appareils actuels sont entrés en service en 1990 et 1991 et seront remplacés en 2019 par deux nouveaux avions commandés à Boeing, fournisseur exclusif.

Alors que le dernier F22, le chasseur de 5° génération, vient d’être livré, l’US Air Force a lancé les premières études pour l’appareil de 6° génération destiné à remplacer ces F22. Le projet F-X succédera dans les bureaux d’étude au très controversé JSF F 35.

Le coût du JSF est estimé à 1510 milliards de dollars sur un cycle de 55 ans et pour une cible nationale fixée à 2443 avions. Le coût unitaire serait de 161 millions de dollars. Le problème actuel reste la mise au point très laborieuse et les essais de l’avion avec son système d’armes ne sont pas attendus avant 2015, pour une mise en service en 2019. Le JSF F 35 n’est pas encore en service que l’US Navy a engagé les réflexions sur le successeur du F 18, l’avion de combat embarqué sur les porte-avions. L’horizon fixé est 2030. L’US Air Force a donc reçu son 187° F 22 début mai. Le premier appareil avait été livré en 1997. Le programme avait débuté en 1986 avec une cible de 700 appareils. La sophistication de l’appareil est telle que de nombreux experts se sont interrogés sur l’intérêt du F22, sans adversaire potentiel. Par ailleurs, l’avion n’a pas été exporté, augmentant de facto son coût. Paradoxalement, le constructeur Lockheed poursuivra la fabrication du vieux F 16 jusqu’en 2015 au moins. Le 4500° exemplaire est sorti d’usine le 3 avril pour être livré au Maroc.

L’US Navy a commandé 4 nouveaux « littoral combat ships » pour un prix unitaire autour de 358 millions de dollars et une livraison prévue entre août 2015 et août 2016. 12 LCS ont ainsi été commandés.

Le système de missiles stratégiques Trident-II D5 équipant les SNLE depuis 1990 doit rester en service jusqu’en 2042. Le Trident-II D5 équipe également les SNLE britanniques. Ce missile est mis en œuvre par les SNLE de la classe Ohio. Le programme de remplacement de cette classe doit commencer vers 2027 et les premières études ont débuté.

2 BRIC

Brésil

Profitant de l’expertise indienne sur l’avion Rafale, les autorités brésiliennes ont entamé des échanges avec l’Inde sur ce sujet. Le choix définitif du futur avion de combat brésilien reste toujours en attente.

Le programme de sous-marins construit avec l’appui français se poursuit avec la construction du premier bâtiment à Cherbourg pour la partie avant et l’arrière dans le chantier brésilien. Le transfert du tronçon avant est prévu pour la fin 2012. L’admission est fixée pour 2017. La définition du sous-marin à propulsion nucléaire doit débuter cet été.

Russie

L’ex-président Vladimir Poutine est redevenu président à la faveur d’élections présidentielles bien organisées. Et de fait, les axes de la politique étrangère n’ont pas changé avec le retour volontariste de la puissance impériale russe, s’appuyant sur une modernisation tout azimut de la défense. L’objectif fixé par le nouveau président est de rénover 70 % des forces armées d’ici 2020.

Ainsi, la marine doit recevoir 3 sous-marins cette année, 2 SNLE et 1 SNA. L’armée de l’air n’est pas négligée avec une commande en mars de 92 chasseurs bombardiers SU 34 à fournir d’ici 2020. Simultanément, 30 SU 30 seront livrés d’ici 2015, Moscou profitant du succès à l’exportation de cet appareil.

Certains navires russes seront équipés de systèmes de télécommunication interopérables avec ceux de l’OTAN. Ce besoin opérationnel a été mis en évidence avec la participation de bâtiments russes aux opérations de lutte contre la piraterie dans l’Océan Indien.

Chine

Pékin, bien que désireux de se doter d’une industrie d’armement autonome, doit encore recourir aux importations d’armes. En mars, des négociations ont été ouvertes pour l’achat de 48 avions de combat Su 35 auprès de la Russie. La difficulté réside dans la crainte russe de voir la technologie du SU 35 lui échapper. Le deuxième prototype du chasseur de 5° génération J 20 a été présenté. Le J 20 ressemble étrangement au F 22 américain.

Les travaux se poursuivent pour la mise au point du premier porte-avions, le Shi Lang. Fin mars, il semble que des brins d’arrêt ont été installés sur le pont du navire. Celui-ci a effectué sa cinquième sortie à la mer fin avril.

Le prochain vol spatial habité est annoncé pour cet été.

Inde

Le budget militaire doit augmenter de 17% pour le cycle 2012-2013 et atteindre environ 40 milliards de dollars, ce qui reste plutôt faible par rapport aux programmes d’armement annoncés.

La signature du contrat définitif du Rafale avec Dassault est envisagée pour l’automne. La production des 18 premiers appareils débuterait en 2013, tandis que la fabrication locale pourrait démarrer en 2016 pour les 108 Rafale indianisés.

La marine a mis en service le SNA Chakra loué pour 10 ans à la Russie. Il n’est pas exclu qu’un deuxième SNA soit également loué à la marine russe. Les ambitions indiennes portent sur 5 SNA d’ici 2020. La question de la sous-marinade reste très sensible, en raison d’une part du désarmement à venir des bâtiments actuels frappés d’obsolescence et d’autre part par le retard des constructions nouvelles, dont les Scorpène de conception française. Le premier Scorpène sera achevé en juin 2015, soit avec 3 ans de retard.

Le 19 avril, le premier tir du missile intercontinental Agni V a été un succès majeur. Ce missile ICBM à capacité nucléaire pèse 50 tonnes et mesure 17 mètres, avec une portée de 5000 km. Il succédera au Agni IV, d’une portée de 3000 km. L’Agni V sera opérationnel à partir de 2014-2015. C’est donc une étape décisive pour New Delhi, surtout face à ses deux adversaires potentiels que sont le Pakistan et la Chine.

Le spatial constitue une autre priorité pour l’Inde avec un budget en hausse régulière. Cette année, l’effort sera de 1,02 milliards d’euros avec un objectif principal, les lanceurs. 5 lancements sont ainsi programmés en 2012. La perspective d’un premier vol habité est annoncée après 2020.

3 Asie

La Birmanie aurait reçu 2 frégates fournies par la Chine. Les navires appartiennent à une série de 10 construites entre 1981 et 1988. Si leur valeur militaire reste faible, ce transfert s’effectue dans un contexte de course aux armements effrénée dans cette région.

La Thaïlande réfléchit à l’acquisition de sous-marins en version tropicalisée.

4 Maghreb et Afrique subsaharienne

La reprise de la course aux armements est très sensible dans le domaine maritime, avec un avantage important pour l’Algérie qui dispose de sous-marins modernes.

Maroc La modernisation accélérée de la marine se poursuit avec la livraison en mars de la deuxième frégate de type Sigma, construite aux Pays-Bas. La première était arrivée en septembre 2011. Une troisième est prévue. Simultanément, la FREMM Mohammed V, en cours de construction à Lorient, sera le futur « capital ship » de la marine royale.

Algérie

Alger aurait commandé auprès de la Chine 3 frégates de 2800 tonnes, poursuivant ainsi un programme très ambitieux de renforcement de ses capacités maritimes. En avril, il y aurait eu la commande non confirmée de 2 frégates de 3600 tonnes auprès de l’industrie navale allemande. Par ailleurs, 2 sous-marins du type Kilo sont en cours de construction en Russie, tandis que les 2 premiers Kilo sont en cours de modernisation. Un bâtiment amphibie de 8800 tonnes a aussi été commandé auprès de l’italien Fincantieri pour une livraison en 2014. Par ailleurs, le constructeur français Océa avait livré 20 patrouilleurs de 30 mètres entre 2008 et 2011.

Le Nigéria a remis en état de vol 2 hélicoptères Super Puma.

Le Niger vient de recevoir 3 hélicoptères Gazelle SA 342 fournies par la France.

Le contrôle des frontières est devenu un enjeu essentiel pour plusieurs pays africains. Et l’avion reste le meilleur moyen pour couvrir de longues distances. 3 pays ont récemment annoncé la commande auprès du constructeur brésilien Embraer d’avions d’attaque légère A 29 super Tucano. Le Burkina Faso a reçu 3 appareils. L’Angola s’apprête à mettre en œuvre 6 A 29, tandis que la Mauritanie utilisera cet appareil dans des missions antiguérilla contre les colonnes mobiles des islamistes d’AQMI. L’Afrique du Sud envisage de faire entretenir ses 3 sous-marins en Argentine, partageant un intérêt commun sur le contrôle de l’Atlantique sud. La priorité est désormais donnée à la lutte contre la piraterie maritime

5 Défense dans le monde

A la mi-mars, l’Allemagne a confirmé la livraison d’un sixième sous-marin à Israël d’ici quatre ans. Actuellement, la marine israélienne dispose de trois bâtiments livrés entre 1999 et 2000. Deux autres sont en construction et seront disponibles en 2013 et 2014. Les Dolphin, dérivés des U 212 allemands, sont en mesure de tirer des missiles de croisière d’une portée de 1500 kilomètres et susceptibles d’être équipés d’une tête nucléaire.

La Colombie pourrait aussi être intéressée par les sous-marins allemands avec l’ouverture de discussions pour l’achat de 2 206 A d’occasion.

L’Ukraine a remis en service son unique et obsolète sous-marin Zaporizhzhia de la classe russe Fox Trot. Le bâtiment avait été admis au service actif en 1970 et est resté inutilisé depuis 20 ans. Il pourrait servir de plastron sous-marin pour la flotte de surface. A travers ce retour à la mer bien inutile, c’est le rapprochement ukraino-russe qui est ainsi souligné.

L’Australie a commandé un sixième avion de transport stratégique Boeing C17 livrable début 2013, renforçant ainsi sa capacité de projection en Asie du sud-est. La première commande était intervenue en mars 2006. Parallèlement, les études pour le renouvellement de la flotte de sous-marins se poursuivent.

L’Arabie saoudite aurait augmenté sa commande de véhicules blindés Aravis auprès de Nexter avec 200 véhicules destinés à équiper 3 brigades. En février, le constructeur français avait signé pour 73 engins.

Ryad a également concrétisé sa commande de 84 avions de combat F 15. Les F 15SA seront livrés à partir d’octobre 2020. Parallèlement, l’armée de l’air envisage de commander des avions de transport stratégique C 17, renforçant ainsi sa capacité de projection, notamment face à la menace que constitue l’Iran.

6 Défense en France

Début avril, la DGA et la marine nationale ont réalisé, à partir de la frégate antiaérienne Forbin la première interception d’une cible aérienne simulant un missile supersonique antinavire. Le missile Aster 30 a intercepté avec succès le missile hostile, marquant une première en Europe. L’enjeu du programme PAAMS, conduit en coopération avec l’Italie et le Royaume-Uni est essentiel, surtout dans le cadre des discussions actuelles autour de la défense anti-missiles. Il faut aussi souligner que la cible utilisée a été fournie par un industriel américain et évoluait à une vitesse proche de Mach 6. Environ 800 personnes ont participé à cet essai exceptionnel, marquant une maturité technologique de la part des acteurs étatiques et industriels.

Armée de terre

Bien que le franchissement de coupures vives soit devenu rare, le maintien de la capacité reste indispensable. Début avril, le premier Système de Pose Rapide de Travures SPRAT a été livré.

Le remplacement des véhicules de transport logistique (VTL) qui ont révolutionné la logistique terrestre est désormais bien entamé. Le premier Porteur Polyvalent Terrestre (PPT) sera livré en octobre 2013. Le 1000° PPT sera livré en mai 2017. La cible prévue représente 1800 camions à livrer d’ici la fin 2019.

Les hélicoptères Gazelle Viviane de l’ALAT vont être équipés d’un nouveau système d’enregistrement d’images dans le cadre des missions de renseignement. 30 kits seront livrés au cours de l’année.

L’hélicoptère Tigre HAD entrera en service à la fin 2014. C’est le 1° RHC de Phalsbourg qui mettra en œuvre les HAD. Il est prévu d’acquérir 40 HAD qui viendront ainsi compléter les 40 HAP dont la livraison doit s’achever fin 2012.

Le remplacement du missile Milan est toujours à l’étude pour un début de livraison vers 2017.

Le renouvellement des postes radio tactiques en VHF, actuellement du type PR 4G, va être engagé à la suite d’une commande auprès de Thales pour la conduite du programme de radio-contact, dont les premiers postes seront livrés d’ici cinq ans. Cette nouvelle génération permettra de répondre aux nouveaux besoins exponentiels de liaison radio et de garantir la permanence de la numérisation de l’espace de bataille.

Marine

Le troisième engin de débarquement rapide (EDA-R) a été livré au printemps. Le quatrième EDA-R est prévu au second semestre 2012. 4 autres EDA-R sont en option. Les EDA-R sont interopérables avec les navires amphibies de l’US Navy et du Marine Corps.

La frégate antiaérienne Jean Bart a reçu un nouveau radar, lors de son arrêt technique, lui permettant d’accroître ses capacités de détection. Cette frégate, admise au service actif en 1991, doit rester en service jusqu’en 2022, en attendant l’arrivée des futures FREDA, dérivées des FREMM actuellement en construction. Le Cassard devrait recevoir également ce nouveau radar de surveillance aérienne.

Les conduites de tir des frégates de surveillance du type Floréal vont être modernisées par Sagem, avec un premier bâtiment équipé d’ici fin 2012. Ces frégates sont très sollicitées en particulier dans les opérations au large de la Somalie.

Le Bâtiment d’Essais et de Mesure (BEM) Monge a subi un arrêt technique pour sa maintenance. Deuxième plus gros navire de la marine, après le Charles de Gaulle, le Monge est un élément indispensable pour le suivi des tirs d’essais des missiles de la dissuasion, mais aussi pour certains tirs d’Ariane V. Il doit rester en service jusqu’en 2030.

Le remorqueur de haute mer (RHM) Tenace a fêté ses quarante ans. Il est le plus ancien bâtiment de la marine nationale, en dehors des voiliers. Il devrait être désarmé en 2014. La construction des futures frégates FREMM se poursuit nominalement avec le transfert vers Lorient début mai de cinq blocs construits à Brest, destinés à la FREMM n°4, la Normandie. Actuellement, 5 FREMM sont en chantier, en comptant la n°2 destinée au Maroc. L’Aquitaine, tête de série, devrait être livrée cet été.

Armée de l’air

La première pierre du centre de formation de l’avion A 400M a été posée fin mars sur la base d’Orléans-Bricy. Le bâtiment sera livré fin 2012, alors que l’arrivée du premier appareil est prévue au printemps 2013. La mise à niveau des installations de la BA 123 devrait coûter 170 millions d’euros. Les premiers personnels navigants devraient entamer leur formation à Séville au second semestre 2012.

Les discussions autour du futur avion de ravitaillement se poursuivent. Les besoins de l’armée de l’air sont estimés à 14 appareils pour lesquels l’Airbus A 330 MRTT est candidat. Une solution européenne pourrait être proposée via l’Agence européenne de défense (AED).

Le remplacement de l’avion d’entraînement militaire Epsilon devrait être engagé à partir de 2016. Parmi les solutions envisagées, l’avion suisse Pilatus PC 21 semble répondre aux futurs besoins français.

Gendarmerie

En mars a été créée la compagnie de gendarmerie fluviale franco-allemande (CGFFA) dont le siège est implanté à Kehl, en Allemagne, avec deux brigades côté français. L’unité dispose de 5 vedettes armées par 26 gendarmes et 29 policiers allemands.

Un accord a été signé avec le Qatar pour accompagner la montée en puissance de l’Académie des Forces Intérieures de Lakhwiyah destinée à former les stagiaires des forces de l’ordre de plusieurs pays du Golfe persique.

Les premiers véhicules Duster construits par Dacia, filiale de Renault, ont commencé à équiper les pelotons de surveillance.

Service de Santé des Armées

Avec la mise en service d’un nouveau système de traitement des images de radiologie à l’hôpital Percy, une nouvelle étape a été franchie dans la modernisation des outils de diagnostic. D’ici 2013, les 9 HIA seront dotés de cet équipement unique en France. L’adaptation du kit d’évacuation sanitaire Morphée sur les A 400 M devrait débuter. Les besoins en systèmes aéromédicaux pour les évacuations de blessés se sont accrus, imposant de renforcer les capacités actuelles.

L’hôpital Bégin a repris la formation continue aux profits des infirmiers civils de son environnement géographique. En avril, ce sont 18 infirmières travaillant dans la banlieue est de Paris qui ont pu suivre une remise à niveau dans leur métier.

L’HIA Percy a inauguré ce printemps un espace de détente dans les locaux de rééducation destinés aux blessés en Opex, traduisant ainsi la priorité donnée par le SSA à accompagner ces blessés dans leur convalescence, avec l’appui de l’armée de terre.

Les HIA Percy et Bégin ont été retenus par l’Agence de santé régionale d’Ile-de-France pour participer au service de prise en charge chirurgicale de nuit qui implique 45 établissements pour toute la région parisienne, resserrant les liens du SSA avec le dispositif de santé publique.

Sécurité

La Douane va renforcer ses moyens aériens avec la mise en service début 2013 du premier avion King Air. 8 exemplaires ont été commandés à livrer d’ici 2015. A ce jour, l’administration dépendant de Bercy met en œuvre 11 avions et 7 hélicoptères.

La Sécurité civile s’apprête à chercher un successeur aux 9 bombardiers d’eau Tracker. Ces appareils étaient venus compléter les Canadair à partir de 1982. Les Tracker devront être remplacés à partir de 2017. Simultanément, la base avions, actuellement implantée sur l’aéroport de Marignane, pourrait être transférée à Nîmes-Garons que l’Aéronavale a récemment quitté.

Industries de défense

Le chantier naval Couach implanté en Gironde va lancer la construction de deux patrouilleurs de 22 m pour le Yémen, après avoir finalisé la commande de 15 vedettes pour l’Inde. Les navires yéménites devront être livrés durant le premier trimestre 2013.

7 Défense européenne et OTAN

Royaume-Uni

Le feuilleton du futur avion de combat F 35 semble avoir atteint un épisode décisif avec le renoncement annoncé début mai de la version embarquée F 35 C pour les deux futurs porte-avions. C’est donc un retour au choix initial visant à acquérir le F 35B à décollage court pour les 2 CVF. Les difficultés rencontrées aux Etats-Unis pour la mise au point du F 35 C à décollage par catapulte ont incité les Britanniques à rester sur le design initial des porte-avions qui ne seront donc pas dotés de catapultes. C’est d’un côté une économie importante de l’ordre du milliard de £, mais c’est renoncer à l’interopérabilité avec notamment le porte-avions français puisque le Rafale ne pourra pas utiliser les CVF. Choix budgétaire, mais également choix stratégique majeur, dont les conséquences seront durables.

Le 8° avion de transport stratégique Boeing C 17 sera livré cette année.

Allemagne

Au printemps, les forces allemandes projetées en Opex représentaient 6900 soldats, principalement sur deux théâtres, l’Afghanistan avec 4740 soldats et le Kosovo avec 1200 personnels. La Bundeswehr représente désormais le plus gros contingent dans l’ancienne province serbe.

Les nouvelles structures de commandement de la Bundeswehr ont été présentées fin mars et confirment la primauté du Generalinspekteur, équivalent du CEMA français. La mise à disposition d’hélicoptères lourds CH 53 pour le soutien médicalisé au profit d’unités françaises pourrait voir le jour prochainement, dans le cadre du resserrement des liens entre les deux armées.

La marine envisage la construction de 6 corvettes multirôle OPV MKS-180 MRSC, pour une livraison à partir de 2019.La baisse de l’effort de défense s’est accélérée ces derniers mois sous les coups de boutoir de la crise financière.

L’Italie a annoncé une réduction drastique de sa marine. La flotte de sous-marins passera de 6 à 4 bâtiments. Les patrouilleurs ne seront plus que 18 au lieu de 10. Le programme phare des frégates FREMM conduit en coopération avec la France serait lui aussi concerné. La cible initiale était de 10 FREMM et pourrait être ramenée à 6, les 4 autres étant proposées à l’exportation. La deuxième FREMM italienne a été mise à l’eau fin mars. Pour l’aviation, la baisse sera également importante avec 180 avions de combat à l’horizon 2025, se répartissant entre 90 Eurofighter et 90 F35 (au lieu de 131). Cependant, la modernisation des composantes n’est pas totalement gelée, avec notamment la livraison cet été du premier avion ATR 72 de patrouille maritime. 4 appareils ont été commandés en 2008 pour remplacer les 7 Atlantic encore en service, sur une flotte initiale de 18 engins.

L’Espagne est dans la même logique que Rome avec l’annonce du très probable désarmement du porte-aéronefs Principe de Asturias, navire emblématique de l’Armada. Issu d’un plan américain, le navire était entré en service en 1988. La modernisation prévue en 2003 n’a pas été conduite pour économiser 400 millions d’euros. Son entretien coûte 30 millions d’euros par an et il ne sort guère de son port-base de Rota. Sa durée de vie était de 30 ans, soit 2018 pour son retrait du service.

Simultanément, le Bâtiment de projection stratégique Juan Carlos I doit entrer en service cette année, ce qui signifie la capacité d’une projection d’une force aéronavale certes limitée, mais possible. D’autres navires devraient également quitter le service actif : le navire amphibie LST Pizarro, la corvette Diana, le patrouilleur de haute mer Chilreu. Par ailleurs, 2 frégates de la classe Santa Maria seraient également désarmées, en profitant de l’arrivée de la nouvelle F 100 Cristobal Colon. Au final, le format des frégates serait limité à 9 navires. Le renouvellement des sous-marins est aussi problématique avec le retard accumulé des S 80. De fait, le S70 Siroco, de la classe française Agosta, sera retiré du service en juin. Il ne restera alors que 2 S 70 en service, en attendant le premier S80dont le lancement reste programmé en 2013 et une livraison à l’armada d’ici 2015. La formation des équipages de S 80 a cependant débuté en mai.

Au final, si l’ensemble de ces décisions est validé, cela signifiera le déclassement réel et irréversible de l’Espagne comme puissance maritime océanique, après un demi-siècle d’efforts pour atteindre ce niveau opérationnel.

Sur le plan budgétaire, Madrid a vraiment baissé son effort avec une baisse de 8,8% pour 2012 avec 6,316 milliards d’euros. Ce montant était de 6,929 milliards en 2011 et avait déjà diminué de 7% par rapport à 2010.

La Pologne espère pouvoir engager la modernisation de sa marine frappée par une obsolescence rapide, dans la mesure où la flotte date principalement de la période communiste. D’ici 2030, le plan prévoit de dépenser annuellement 290 millions de dollars. L’objectif fixé est de 3 sous-marins et 3 navires de combat. Pour les sous-marins, DCNS est sur les rangs. La flotte d’hélicoptères sera renouvelée avec 6 hélicoptères de combat et 6 hélicoptères destinés au secours. Actuellement, la marine polonaise dispose de 86 navires, dont 41 sont armés et une quinzaine sert au soutien. 8100 marins forment les équipages. Les ambitions resteront donc limitées et principalement axées sur la mer baltique. La Roumanie envisage de racheter les missiles Hawk français ainsi que les systèmes de coordination des feux que le 402° Régiment d’artillerie mettait en œuvre.

La Suède envisage une nouvelle génération pour son chasseur JAS Gripen à partir de 2020. Les besoins estimés sont entre 60 et 80 appareils pour un coût estimé entre 4 et 5 milliards de dollars. Le Gripen a par ailleurs été sélectionné par la Suisse, malgré des rapports techniques plutôt négatifs.

Sa voisine, la Norvège, a réaffirmé son choix portant sur le JSF F 35. Oslo souhaite acquérir une cinquantaine de F 35 à partir de 2017.

Le programme de l’avion A 400M se poursuit, malgré quelques soucis liés à la motorisation. L’assemblage du deuxième appareil de série destiné à la France a commencé fin mars à Séville. Si les perspectives du côté de l’A 400M semblent bonnes pour EADS, son constructeur, il n’en est pas de même pour l’avion de combat Eurofighter dont il ne reste plus que 49 appareils à livrer, l’objectif étant de faire tenir les chaînes d’assemblage jusqu’en 2018 en espérant une hypothétique vente à l’exportation.

La Turquie s’interroge sur un projet de porte-aéronefs qui pourrait entrer en service d’ici 2018-2019. Le budget nécessaire est évalué à 1,5 milliards de dollars. Ce serait une étape importante dans la montée en puissance de la marine turque, qui aurait alors pour la première fois de son histoire une composante aéronavale embarquée.

Le 23 mars, une fusée Ariane V a mis en orbite le troisième exemplaire du ravitailleur automatique (ATV) de la station spatiale internationale (ISS). Ce succès, avec la charge la plus lourde jamais lancée par Ariane V, traduit la maturité incontestée d’Arianespace. Le 15 mai, avec le 206° tir d’une fusée Ariane, ce sont 301 satellites qui ont été lancés depuis la Guyane en l’espace de 32 ans.

Conclusion

Les mois à venir permettront d’y voir plus clair pour la défense française. Entre les programmes électoraux et la confrontation avec les réalités budgétaires, les choix seront difficiles et douloureux, tout en sachant qu’il faudra préserver la cohérence de l’outil de défense, les intérêts industriels et technologiques et les objectifs stratégiques redéfinis dans le prochain Livre blanc. Par ailleurs, il ne faudra pas oublier les hommes et les femmes engagés au service de la défense et qui peuvent avoir un sentiment d’une certaine lassitude face aux multiples réformes conduites depuis des années.

Parallèlement, cet été va voir l’accentuation de la campagne présidentielle américaine avant les élections de novembre et le basculement stratégique des Etats-Unis vers l’Asie et le Pacifique, l’Europe n’étant plus une priorité. Par ailleurs, le durcissement russe va s’accentuer, profitant des nouvelles ambitions de Moscou, partageant avec Pékin le désir de traiter sur un même pied d’égalité avec Washington. Une nouvelle guerre froide ? Mais cette fois-ci, ce n’est plus l’Europe qui en est l’enjeu. Ce ne sont plus les idéologies qui sont concurrentes, mais bien les nationalismes, ce qui à terme, peut se révéler encore plus dangereux. L’Union européenne aurait pu être un modèle harmonieux de prospérité et de sécurité ; or, même ce modèle est contesté par les Européens eux-mêmes. Et il ne faut plus le nier, l’Europe est déclassée stratégiquement !

Jérôme Pellistrandi

Sources

  • Air et Cosmos
  • Le Marin
  • Cols Bleus
  • Mer et Marine
  • Portail des sous-marins
  • Janes

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