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Magasin Général, T5 : Montréal - Régis Loisel & Jean-Louis Tripp

Par Belzaran

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Titre : Magasin Général, T5 : Montréal
Scénaristes : Régis Loisel & Jean-Louis Tripp
Dessinateurs : Régis Loisel & Jean-Louis Tripp
Parution : Novembre 2011


« Montréal » est le cinquième de « Magasin général ». Cette série est née il y a six ans maintenant. Elle est l’œuvre conjointe de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp qui se partagent à la fois les dessins et le scénario. C’est le nom du premier qui avait attiré mon intention. Je garde un excellent souvenir de mes lectures de « La quête de l’oiseau du temps », « Peter Pan » ou encore « Le Grand Mort ». J’étais donc curieux de connaitre cette nouvelle production d’autant plus que chaque parution s’accompagnait d’une certaine estime critique. L’album que j’évoque aujourd’hui date de bientôt trois ans. La couverture est attrayante et colorée. Elle nous présente l’héroïne, Marie, dans une rue animée qu’on suppose se situer à Montréal. Cela éveille la curiosité car dans les quatre premiers, l’intrigue n’avait jamais quitté le ravissant mais isolé village de Notre-Dame-des-Lacs. Partirait-on enfin à l’aventure ?

La quatrième de couverture nous présente l’extrait suivant : « Le monde voudra plus rien savoir de toi, tu sais… Une affaire de même, Marie, c’est peut-être la fin du Magasin… Pis plus d’magasin, plus d’village ! … Tout ça pour des choses du ventre, des affaires pas bien propres… deux minutes sur le dos, pis, Pfuit ! T’aurais ben dû y penser avant Marie… »

Le tome précédent s’était terminé par un événement lourd de conséquence dans la petite paroisse québécoise. Marie, veuve depuis le premier opus, se laisse aller à une partie de galipettes avec un jeune du village. « Montréal » commence donc la diffusion de cet acte et ouvre une partie difficile pour notre héroïne. Car on vit dans une petite communauté au cours des années vingt. Il y a des choses qui ne se font pas et Marie va l’apprendre à ses dépens. On erre donc dans la patrie de « qu’en dira-t-on » en plein branle-bas de combat ! Chacun donne son avis et rares sont ceux à se montrer solidaire de la gentillesse incarnée qu’est notre héroïne. Elle vit une véritable épreuve et notre cœur en est tout ému…

Marie profite de cet événement pour se révéler à elle-même. Elle part avec son amie Jacinthe et décide de se rendre à Montréal pour connaitre une nouvelle vie. C’est une véritable révolution. Pour une fois, elle pense à elle avant de penser aux autres. La conséquence de sa décision est qu’elle ne gère plus le magasin général, seul source de ravitaillement du village. De plus, le fait qu’elle soit partie avec le camion fait que les habitants sont coupés du reste de la civilisation. Ils commencent à avoir peur de l’avenir. Et la peur fait réfléchir… Ont-ils traité Marie correctement ? Pendant ce temps, cette dernière est partie à l’aventure et elle ne semble pas le regretter… 

Malgré le départ de Marie, l’essentiel de l’histoire persiste à se dérouler à Notre-Dame-des-Lacs. L’héroïne brille par son absence. Ce cinquième tome confirme la place immense prise par Marie dans le fonctionnement de la communauté. On découvre donc les différents protagonistes devoir changer leurs habitudes. Et ce n’est pas chose facile pour tout le monde quand toute sa vie a été routinière et rigoureusement planifiée. On prend un malin plaisir à suivre ses habitants perdus. Un sentiment de vengeance nous habite presque par solidarité pour cette femme reniée qui est pourtant la gentillesse incarnée. Malgré tout, l’album souffre d’une absence de rebondissements et voit sa narration quelque peu diluée. On ressent moins d’intensité que dans les tomes précédents. L’histoire tourne un petit peu en rond. La lecture reste agréable du fait de la grande qualité et variété des protagonistes. Mais ce cinquième tome est à mes yeux le moins intense et envoutant. 

Le plaisir à retrouver cette série réside également dans la qualité des dessins. Le travail de ses deux auteurs réunis offre un résultat remarquable. Il arrive à créer un style assez unique. La dimension graphique de l’ouvrage est vraiment caractéristique de cette série. « Magasin général » possède une vraie identité graphique. Un des attraits de l’histoire est la grande quantité de personnages. Le talent conjoint de Tripp et de Loisel leur offre une vraie profondeur propre à chacun. De plus, ils arrivent à exprimer une grande variété d’expressions par les visages. C’est vraiment une œuvre majeure concernant les dessins.

En conclusion, « Montréal » est un ouvrage agréable mais qui ne transcende pas la série. Je trouve que l’intrigue se dilue un petit peu et que l’histoire cherche un second souffle. Le départ de Marie pour la ville est peut-être l’événement qui peut permettre à l’intrigue de se relancer. En tout cas, je l’espère. Cela offrirait à « Magasin général » une autre ampleur. Pour cela, il faudra se plonger dans le sixième opus « Ernest Latulippe ». Mais cela est une autre aventure… 

par Eric the Tiger

Note : 14/20


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