Magazine Cinéma

Chronique de Prometheus de Ridley Scott

Par Evenusia @Evenusia

prometheus

Sortie le 30 mai 2012

Synopsis :

Une équipe d’explorateurs découvre un indice sur l’origine de l’humanité sur Terre. Cette découverte les entraîne dans un voyage fascinant jusqu’aux recoins les plus sombres de l’univers. Là-bas, un affrontement terrifiant qui décidera de l’avenir de l’humanité les attend.

L'avis de Vladimir :

Si Prometheus n’est pas un prélude direct à Alien, « le huitième passager », il s’inscrit dans le passé du même univers. Le film marque-t-il le grand retour de Ridley Scott au genre qu’il a contribué à définir ?

Sir Ridley Scott l’avait annoncé : la connexion avec Alien se fait seulement dans les 8 dernières minutes de Prometheus. Pourtant l’ADN de la saga horrifique est bel et bien présent tout au long du film. On y retrouve la même ambiance sonore avec notamment une bande originale sublime composée par Marc Streitenfeld et Harry Gregson-Williams qui déraille dans les aigus rappelant les sons de la science-fiction des années 70. Cette musique envoûtante vient appuyer l’étourdissante scène d’ouverture narrant les origines de l’homme légèrement inspirée de celle de 2001, l’Odyssée de l’espace.

Visuellement, le film est tout aussi bluffant. La 3D est exploitée à merveille pour accentuer la profondeur des décors réels ou grandeur nature et sublimer les effets holographiques. On retrouve également l’esthétisme biomécanique de ces formes de vie angoissantes propres à l’univers Alien. Ridley Scott parvient encore à nous terrifier 30 ans après !

L’atout majeur de Prometheus est indéniablement son casting et ses personnages. Si la fragile et naïve Elisabeth Shaw (interprétée par Noomi Rapace) possède une scène d’effroi absolu dans laquelle elle va révéler tout son courage, la palme revient à l’androïde David joué par Michael Fassbender qui lui vole la vedette grâce à sa très large palette d’expressions. Il est aux yeux de tous naïf voire simple d’esprit mais se révèle étonnamment malin, ironique, insolent et sarcastique pour un robot. Il reflète dans le film les contradictions des humains partagées entre désirs de création et de destruction.

Qu’on se le dise, la connexion avec « le huitième passager », bien que jouissive, n’en est pas vraiment une. Prometheus parvient en puisant dans la mythologie Alien à créer un univers encore plus vaste et plus intéressant qui n’attend qu’à être nourri. On entend ici ou là que James Cameron serait même prêt à reprendre le flambeau comme autrefois avec Alien le retour.

Alors bien sûr certains auront un sentiment de frustration en sortant de la salle puisque le film a une fâcheuse tendance à ouvrir des pistes scénaristiques sans les refermer. Mais les questions sans réponse laissées par le film peuvent être vues comme des énigmes offertes aux fans purs et durs.

Chronique de Vladimir pour Les Chroniques d'Evenusia

Présentation du film Prometheus à Paris : ICI

L'avis de Raphaël : 

1979. Sur les écrans du monde entier sortait Alien, un projet risqué pour le jeune réalisateur Ridley Scott qui signe ici son premier film de science-fiction. « Le huitième passager » fait alors tressaillir les foules, tellement l’atmosphère et l’intensité psychologique du film sont pesantes. 2012 : Ridley Scott renoue avec le genre en dévoilant Prometheus, replongeant ainsi dans l’univers complexe qui a été à l’origine de son succès. Face aux exigences d’une communauté avide d’en savoir plus, Prometheus fait-il honneur à son titre titanesque ? Réponse.

Près de 35 ans après Alien, Ridley Scott a pris le pari de replonger au cœur d’un univers dont il avait laissé les commandes à d’autres en réalisant Prometheus, sur un scénario co-écrit par le brillant Damon Lindelof (LOST). Ce projet était très risqué, tant Alien a marqué plusieurs générations et mis la barre haute dans le genre science-fiction horrifique. C’est donc avec un grand espoir d’être à nouveau bouleversé par le génie passé de Ridley Scott – celui de Alien et Blade Runner – que je me suis rendu à l’avant-première de Prometheus en ce lundi 28 mai. Autant dire que mes attentes étaient grandes.

Confortablement installé autour d’une horde de journalistes et critiques impatients, le film démarre enfin sur une série de plans montrant la surface de la Terre sublimée par des plateaux rocheux que la 3D fait ressortir à merveille. C’est dans ce cadre idyllique que l’histoire de Prometheus débute, et je n’en dirai guère plus.

Dès le début, la patte du Alien de Ridley Scott est présente : tant dans les plans et la photographie que dans l’atmosphère et la variété des personnages présents à bord du vaisseau Prometheus. Si Ridley Scott s’est efforcé à clamer que son film n’a que très peu de rapport avec la mythique saga, on ne peut qu’y penser dès les premières minutes. On découvre alors une série de personnages atypiques, dont le plus charismatique est – étrange mais vrai – l’androïde David, incarné à la perfection par un Michael Fassbender épatant. On découvre ensuite le reste de l’équipage : la beauté froide de Charlize Theron dépeint le caractère impassible et rigoureux de Meredith Vickers, en charge de l’équipage de bord, tandis que Noomi Rapace, plus en retrait, nous fait automatiquement penser à Sigourney Weaver dans le rôle de Ripley.

Sans jamais vraiment se relier explicitement à Alien, le film explore une nouvelle dimension de l’univers de la saga. C’est alors assez agréable de découvrir de nouveaux personnages, qui n’ont aucun lien avec tout ce qui a été développé dans les films précédents ; et qui vont apprendre par eux-mêmes qu’ils se sont embarqués dans un sacré pétrin. Car l’essence même de ce genre si atypique qu’est la science-fiction horrifique, c’est l’angoisse qui prend aux tripes, et l’anxiété provoquée par certaines scènes – notamment une qui restera gravée dans tous les esprits tellement elle est réaliste et brillamment interprétée par son protagoniste.

Alors pourquoi la moutarde Prometheus ne prend pas chez un grand nombre de critiques et journalistes qui sont sortis déçus de la séance ? Le manque d’originalité du scénario et de la mise en scènes est en premier lieu évoqué. Sauf que cet argument ne tient pas la route. Le scénario n’aurait pas pu être plus complexe, au risque de perdre le spectateur dans un délire qui au final n’aurait rien apporté de plus que de la perplexité. Ridley Scott et ses scénaristes ont justement réussi à soulever les bonnes questions, sans y répondre explicitement : c’est à nous de nous faire un avis face à ces zones d’ombre qui n’en sont pas si l’on prend le temps d’y réfléchir. Quoiqu’il en soit, on retiendra de ce film la très belle performance de Noomi Rapace, qui a su élever son personnage au rang de ce qu’incarnait à l’époque Sigourney Weaver. Chapeau.

En bref

En lançant le projet Prometheus, Sir Ridley Scott a mis la barre très haute. Trop haute peut-être aux yeux de certains, probablement obsédés par la recherche de la moindre critique acerbe envers un projet qui, par ses promesses, est pour eux devenu irréalisable. Quoiqu’il en soit, Prometheus fera parler de lui ; on retiendra notamment un traitement de la 3D très satisfaisant, un élément bien trop rare aujourd’hui pour qu’il soit bon de le relever. Mention spéciale également à la bande-son, qui apporte au film une sonorité nous rappelant le culte Blade Runner.

Chronique de Raphaël pour "Les Chroniques d'Evenusia"


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