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Sarkozy: le troisième tour a lieu dimanche

Publié le 05 juin 2012 par Juan
Sarkozy: le troisième tour a lieu dimanche La période se présente comme un faux plat . Nicolas Sarkozy a été défait mais tous ses anciens proches, à l'exception d'Eric Besson, sont en campagne. Le scrutin présidentiel n'a que 4 semaines mais il faudrait oublié le bilan politique des 10 dernières années. François Hollande gouverne à peine faute de majorité parlementaire, mais l'on voudrait nous faire croire qu'il a déjà un bilan.
L'UMP a un bilan.
L'une des caractéristiques des 4 dernières semaines est la quasi-absence de tout débat sur le bilan UMPiste de la précédente décennie, comme si la campagne présidentielle avait épuisé le sujet. Pourtant, ce scrutin législatif n'est qu'un troisième tour, celui de la confirmation ou de l'échec. Chez les plus aigris de Sarkofrance - dont certains s'expriment en commentaires frôlant l'insulte en bas des articles ou billets politiques des journaux et blogs d'information - la victoire du 6 mai dernier est usurpée. L'argument est spécieux. La défaite, fut-elle à une voix près, reste une défaite. Et Nicolas Sarkozy a agrégé contre lui les 18 millions de voix qui se sont portées sur Hollande ET les deux millions de bulletins blancs - un score inégalé sous la Vème République. Le rejet du sarkozysme fut net et sans bavure.
Le bilan des 5 dernières années mériterait d'être rappelé. Voulons-nous des prolongations ? Citons quelques études sur les sujets les plus signifiants du moment:
En matière de lutte contre le chômage, la continue progression du nombre de demandeurs d'emploi depuis 12 mois est une très mauvaise nouvelle; la relance (attendue) des plans sociaux révèle que rien n'est réglé. Les embauches diminuent, et, l'an passé, les heures supplémentaires déclarées ont atteint un plafond. Passé l'effet d'aubaine pour les employeurs, cette dernière mesure - unique vestige de Sarkofrance - s'est révélé un formidable frein à l'embauche en pleine crise de l'emploi et une défiscalisation coûteuse pour les comptes de l'Etat et de la Sécu en pleine crise de recettes.
En matière de lutte contre l'insécurité, on connaît enfin le bilan de Nicolas Sarkozy: à force de se féliciter de la diminution des vols d'autoradio, il avait oublié qu'il y avait plus grave: après 10 ans de lutte contre la délinquance, les atteintes aux personnes ont progressé de 380.000 à 500.000 par an. Le tout, malgré une boulimie de mesures gadget en tous genres. En janvier dernier, Claude Guéant faisait peine à voir à défendre le bilan de son patron. La baisse de la délinquance générale, qui fut constante, était due à la diminution des atteintes aux biens: de 2,534 millions en 2006, ces dernières sont tombées à 2,184 millions en 2011, soit 388.000 actes de moins sur le quinquennat. A l'inverse, le nombre des violences contre les personnes a continuellement augmenté depuis 2002 (sauf en 2007... ): +14% sur la période 2002-2006, puis +8% de 2007 à 2011.
En matière de maîtrise budgétaire, la Grande Crise a eut bon dos. Comme le notait Terra Nova il y a quelques semaines, « la période 2007-2013 a été marquée par un dérapage sans précédent des déficits publics, inédit y compris en temps de crise ». Le déficit budgétaire termine à 5,7% en 2011, à plus de 110 milliards d'euros. Cette dégradation n'est pas due à la seule chute des recettes pour cause de crise: la dépense publique a progressé de 15% au total entre 2007 et 2011, pour atteindre 1.126 milliards d’euros en 2011: «Tous les secteurs de l’action publique sont en cause dans le dérapage de la dépense depuis 2007, mais l’État s’est caractérisé par la gestion la moins vertueuse ». L'endettement public, porté par l'Etat, est passé de 1.250 à 1.700 milliards d'euros en fin d'année dernière. La France a perdu son Triple A chez S/P en janvier. Et le récent rapport de l'IGF révélé par les Echos lundi dernier confirme la catastrophe.
Cohabitation-catastrophe
Le Parisien évoquait récemment les 4 difficultés de l'ancien parti majoritaire, ses « quatre bombes à retardement » : la bataille du leadership, le cactus des alliances avec le FN, une ligne politique à reconstruire, et les menaces sur les finances du parti. Comme l'écrivait dimanche le blogueur Reversus, il y en avait une cinquième, la cohabitation.
Nicolas Sarkozy n'y croit pas. Il l'aurait confié à des proches pendant son repos marocain. La cohabitation serait une catastrophe.
Qui connaît le programme de l'UMP ? Passé l'affreux slogan chipé à Marine Le Penensemble, choisissons la France »), on y retrouve en fait les mesures proposées dans le programme présidentiel de l'ancien candidat Sarkozy:
  • Obligation pour les bénéficiaires du RSA de travailler au moins 7 heures par semaine. Augmentation du salaire net grâce à une baisse de cotisations salariales de 4 milliards d'euros. 
  • Maintien des heures supplémentaires défiscalisées. 
  • Baisse de 13 milliards d'euros des charges sur le travail pour protéger 14 millions d’emplois et lutter contre les délocalisations. 
  • Réserver 20 % des marchés publics aux PME. 
  • Suppression de deux normes pour une norme supplémentaire créée. 
  • Zéro déficit en 2016, vote d’une règle d’or budgétaire. 
  • Poursuite du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, sauf à l’école primaire. 
  • Suppression des remises de peine automatiques. 
  • Atteindre 80 000 places de prison
  • Diviser par deux le nombre d’immigrés qui entrent en France.
  • Obligation d’avoir résidé 10 ans et travaillé 5 ans en France pour toucher le RSA
  • Versement des retraites le 1er du mois et non plus le 8, revalorisation des pensions de réversion pour les veuves.
Reposons donc la question, celle-là même qui se posait pendant la campagne présidentielle: mais pourquoi donc ces mesures n'avaient-elles pas été votées plutôt ?
Les anciens sarkozystes se cachent.
Certains ont jeté l'éponge, tel Eric Besson. L'ancien traître a décidé de se retirer de la vie publique. Nous lui en sommes gré. Nora Berra, Alain Juppé ou Brice Hortefeux ne sont pas candidats.
Pour les autres, ils font souvent campagne bien discrètement. Comme si le précédent quinquennat était déjà bien loin. 24 des 34 anciens ministres de Nicolas Sarkozy sont candidats à la députation.
Observez Claude Guéant, à Boulogne-Billancourt. Il est doux comme un agneau centriste. Lui qui défonça toutes les digues idéologiques qui séparaient l'UMP de l'extrême droite à coups de petites phrases bien choisies quand il était ministre, le voici appeler au vote républicain en cas de second tour PS/FN.
Laurent Wauquiez, le jeune chantre de la chasse aux pauvres, sillonne sans média sa circonscription de Haute Loire. Il refuse que des journalistes nationaux l'accompagnent. Il a voulu se distinguer en refusant son indemnité d'ancien ministre. Il avait oublié de préciser qu'il avait peu de chances de la toucher puisqu'il sera certainement réélu et qu'il est toujours maire du Puy-en-Velais. Sur place, il n'hésite pas au clientélisme habituel: « En cinq ans, j'ai bien connu les rouages administratifs, je sais comment cela fonctionne. J'ai tissé un certain nombre de réseaux pour bien défendre la Haute-Loire. » Sa campagne est tout en rupture avec ses grandes déclarations nationales passées contre le RSA, les minima sociaux et autres cancers de la société qu'il aimait tant dénoncé: il veut défendre les artisans, la production locale, le maintien des services publics, la protection des agriculteurs, soutenir les familles, revaloriser les petites retraites, et abaisser le coût des maisons de retraite abordables. Bref, il est métamorphosé !
Thierry Mariani, l'ancien ministre des Transports et co-animateur de la Droite Populaire, a abandonné sa circonscription du Vaucluse pour préférer la 11ème circonscription des Français de l'Etranger. Quel courage ! Rappelons que les expatriés ont voté à 53% pour Nicolas Sarkozy le 6 mai dernier. Frédéric Lefebvre, autre fidèle de Sarkofrance, s'est également choisie une circonscription d'expatriés. Tout comme Marie-Anne Montchamps, ancienne villepiniste débauchée par Sarkozy en 2010. A nouveau, applaudissons leur courage !
Autre symbole du courage politique, Henri Guaino s'est imposé, après intervention directe de Nicolas Sarkozy le 7 mai au matin, dans l'une des circonscriptions les plus à droite du pays, dans les Yvelines.
Rares sont ceux qui assument haut et fort le bilan et le programme. Il y a tout de même Jean-François Copé à Meaux, ou Nadine Morano à Toul. Ils sont en posture délicate, mais ils n'ont pas renoncé à la tactique frontiste adoptée par Nicolas Sarkozy pour sa campagne présidentielle. Nathalie Kosciusko-Morizet dans l'Essonne est un cas particulière: elle a assumé sans critique ni recul la campagne droitière de son mentor; mais le FN ne lui pardonnera pas ses prises de position antérieures.


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