Magazine Cinéma

La planète sans singes (dans la famille Star-Wars, je demande Alien…)

Par Borokoff

A propos de Prometheus de Ridley Scott ★★★½☆

Michael Fassbender - Prometheus de Ridley Scott - Borokoff / Blog de critique cinéma

Michael Fassbender

A la fin du XXème siècle, en Ecosse, un groupe de scientifiques, mené par le Professeur Shaw (Noomi Rapace) et son compagnon Charlie Holloway, fait une étrange découverte : sur le plafond d’une grotte apparait un dessin représentant un androïde pointant une carte des étoiles. Le Professeur Shaw pense qu’il s’agit d’un pictogramme laissé par les créateurs de l’Humanité : une civilisation extra-terrestre basée dans le système solaire de Zeta Reticuli, sur la planète LV-426. Grâce au financement de Peter Weyland (Guy Pearce), un milliardaire grabataire resté sur Terre et qui leur apparait sous la forme d’hologrammes, 17 scientifiques (dirigés par la glaçante Meredith Vickers, alias Charlize Theron) sont envoyés sur LV-426 à bord du vaisseau Prometheus. Leur mission : ramener un spécimen vivant inconnu. Après un voyage de deux ans, l’androïde David (Michel Fassbender) réveille à leur arrivée l’équipage, resté en hyper-sommeil. Mais alors que l’équipage est parti en reconnaissance sur la planète inconnue, deux scientifiques sont sauvagement attaqués par une sorte de cobra mutant tandis que le docteur Holloway est au plus mal…

Prometheus est ce que l’on appelle une préquelle, c’est-à-dire une « œuvre réalisée après une œuvre de référence, mais dont l’action se déroule précédemment d’un point de vue scénaristique ». Cinquième opus de la saga, Prometheus serait donc, dans l’ordre chronologique, le premier des Alien, et pas n’importe lequel puisqu’un épisode réalisé par le créateur-même de la série, Ridley Scott, dont la sortie du premier Alien en 1979 révolutionna le genre de la Science-fiction au cinéma.

Noomi Rapace - Prometheus de Ridley Scott - Borokoff / Blog de critique cinéma

Noomi Rapace

Ridley Scott a plusieurs dit que Prometheus était ce qu’il avait toujours rêvé de faire et de raconter avant même l’Alien de 1979 dont James Cameron, David Fincher et Jean-Pierre Jeunet ont donné trois suites respectives plus ou moins réussies.

Et le sentiment d’ensemble que laisse Prometheus, au-delà de sa débauche de moyens technologiques et des 130 millions de dollars de son budget, c’est qu’il est plutôt réussi. Réussi dans ses effets spéciaux déjà, dans un scénario qui tient la route et ouvre la perspective à un sixième opus que l’on attend même avec impatience.

C’est d’abord la féérie des immenses décors qui séduit, la reconstruction d’une planète imaginaire très organique, peuplée de bestioles extravagantes et inquiétantes, tapies dans l’ombre, prêtes à vous sauter dessus.

Il y a là en substance tout ce que Ridley Scott aime et sait faire le mieux : susciter l’angoisse du spectateur, lui faire peur. Le suspense est palpable tout au long de Prometheus, qui est non seulement effrayant mais parfois dégoutant même dans les plats de viscères luisantes qu’il nous sert à chaque scène (quand ce n’est pas du poulpe).

Prometheus de Ridley Scott - Borokoff / Blog de critique cinéma

Il faut saluer la grande performance de Noomi Rapace, à nouveau incroyable dans le rôle d’une doctoresse à la fois traumatisée par la mort de son compagnon et décidée à en découdre avec les vilaines bestioles, dont une sorte d’illuminé zombiesque et lunaire – adepte d’une divinité Elephant qui rappelle Ganesh – aussi puissant physiquement que maléfique. Rapace confirme que c’est une actrice exceptionnelle, aussi à l’aise dans le Millenium version suédoise que dans son premier grand rôle dans un blockbuster américain.

Truffé de références cinématographiques (trop nombreuses pour toutes les citer, de Solaris de Tarkovski à 2001, l’odyssée de l’espace de Kubrick), Prometheus fait parfois même penser dans la création de certains personnages (dont l’illuminé cité ci-dessus) à l’œuvre du plasticien Matthew Barney.

Alors, bien sûr, il y a des maladresses, comme cette morale teintée de catholicisme voire d’un évangélisme à l’américaine qui dit qu’en gros, sans la foi, il est impossible de se battre et que sans Dieu, on n’arrive à rien. Mais cette morale ne gêne pas trop, secondaire même dans le film (on avait ressenti un peu le même agacement dans la chute de La route de Hillcoat).

Fassbender et Theron accompagnent idéalement Rapace. La grande force de Prometheus, outre le savoir-faire de Ridley Scott et le jeu parfait de ses acteurs, c’est son scénario, qui n’en fait pas trop dans les péripéties mais ménage autant de suspense qu’une certaine profondeur chez ses personnages et dans les rebondissements de l’histoire.

Qui est David par exemple ? Quel rôle joue-t-il exactement, androïde étrange et pour le moins ambigu et malfaisant, à la fois héros sauveur de la planète et ver de terre diabolique infiltré dans la pomme de Prometheus ?

Weyland rêve de rentrer en contact avec des extra-terrestres car il pense qu’ils détiennent le secret de la vie éternelle (qu’ils vont lui communiquer bien évidemment) mais c’est un vieillard vaniteux et naïf.

On ne sait pas comment vieillira la coupe peroxydée de Fassebender ni si Prometheus paraitra kitsch ou pas dans 10 ans. Et dans 100 ans, le regarderons-nous comme on regarde aujourd’hui par exemple l’Aelita de Jacob Protazanov (1924), c’est-à-dire en souriant ? Mais qu’importe, car Prometheus est assez agréable à suivre en 2012 pour ne pas bouder son plaisir.

Et comme le Professeur Shaw, on se demande pourquoi ces extra-terrestres ont donné naissance à la vie sur terre et à l’Humanité, il y des milliers d’années, pour finalement décider, à la fin du XXIème siècle, de les détruire… Mystère et boule de gomme. Peut-être l’esprit de contradiction était-il inscrit dans leurs gênes ? Les mêmes que les nôtres au passage, dixit Scott…

Dommage enfin que malgré les rêves les plus fous, les espoirs les plus optimistes, nous ne connaissions jamais la machine à opérer et à recoudre électronique (et oui, plus besoin de chirurgien en 2089, tout est robotisé). C’est notre plus grand regret. Mais une déception passagère…

http://www.youtube.com/watch?v=WXxfjo7mTpY

Film américain de Ridley Scott, avec Michael Fassbender, Noomi Rapace, Charlize Theron… (02h03).

Scénario de John Spaihts, Damon Lindelof, Ridley Scott :

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Mise en scène :

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Acteurs : 

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Dialogues :

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Compositions de Marc Streitenfeld :

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