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Copé-Fillon : combat de coqs autour d’une succession

Publié le 07 juin 2012 par Alex75

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Nous avons noté cette petite phrase de François Fillon, qui était récemment l’invité de Jean-Michel Apathie, sur RTL. L’ex premier ministre a ainsi affirmé « qu’il n’y a plus de dirigeant naturel à l’UMP », et cela à quelques jours des législatives. Et ajoutant dans un entretien accordé au Figaro Magazine « il y aura une compétition », mais « la compétition ne signifiant pas la division ». C’est ainsi l’affiche de demain, le combat de coqs qui se prépare dans les coulisses. C’est la primaire prévue dans cinq ans, mais qui n’intéresse personne encore, aujourd’hui.

C’est bien là, le drame des vaincus.Copé ou Fillon, il est vrai, on s’en moque toutefois un peu. Et les deux hommes ne l’ignorent pas, alors ils jouent la carte de l’unité. La famille sortante rassemblée, pour le meilleur et pour le pire, face à l’adversité, le collectif dont tout le monde semblerait se détourner. Ils jouent ainsi la carte de l’unité, Copé ferraillant dur avec la gauche, et Fillon posant en éternel homme sage. Il est vrai, qu’en tant qu’ancien chef du gouvernement, il pourrait revendiquer le statut de héraut de l’opposition, si toutefois – si, étant là le mot « pivot » -, pendant ces cinq ans à l’hôtel Matignon, il avait été réellement le chef de la majorité. Jean-François Copé a ainsi pris, sans coup férir, la tête de l’UMP. Il aura parié en cachette, sur cette défaite du candidat sortant, et cela pour enfin pouvoir devenir le candidat autoproclamé de la droite, en 2017. Bien que son image et sa popularité ne soit pas réellement au rendez-vous, c’est à cette gageure risquée et machiavélique, de fin tacticien placé en embuscade, que Copé se sera fié. Mais depuis, il a tenté de faire oublier ce pari alambiqué, en se posant habilement en « homme lige du candidat Sarkozy », maintenant défait, celui qui ne lui aura jamais fait défaut, « celui dont la pugnacité contre François Hollande n’a jamais faibli ».

Au sein de l’UMP, Copé a gagné la partie, au sein de la base militante, mais de la base militante seulement. Plus consensuel, Fillon est cependant plus populaire au sein de l’opinion publique. Mais dans l’immédiat, Copé et Fillon ne croient plus guère à une victoire de l’UMP aux élections législatives. « Ils ne font même pas semblant ». Il est vrai qu’en 1981, Jacques Chirac était alors convaincu, « que la gauche conformément à ses habitudes historiques », héritées de la IVe, ne resterait que quelques mois au pouvoir (avec une majorité parlementaire, cela s’entend). Mais le duo Copé / Fillon n’a plus ces naïvetés, ils connaissent les solidités des institutions. Ne reste plus qu’à savoir pour eux, quelle sera l’ampleur du désastre. Mais toutefois, il est vrai, que « cette gué-guerre larvée s’apparente encore à un combat de nains ». Car au-delà de leurs personnalités, de leurs états de service au gouvernement, ces dernières années, on pourrait avancer, qu’il y a aussi les idées, les valeurs qu’ils portent, et qu’ils défendent.

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Mais justement, on ne sait pas trop ce qui les distingue. Economiquement, ils sont libéraux, idéologiquement, ils sont européistes. Les différences ne sont pas criantes.Il  y en a pas beaucoup.On aura cru percevoir une légère différence, vis-à-vis de la posture à adopter vis-à-vis du Front national. Ainsi, en cas de triangulaires, Copé aura opté « pour le ni, ni », signifiant ni parti socialiste, ni FN, tandis que Fillon insistait, « il ne ferait pas le jeu du FN ». Mais enfin, cela reste bien maigre. Ce 1er tour des élections législatives les obligera peut-être à se dévoiler, avec des triangulaires par dizaines, mais aussi des accords sur le terrain, entre candidats FN et sortant l’UMP, « qui ne voudraient pas mourir au champ d’honneur des triangulaires », dans une répétition du syndrôme de 1997, et de l’affaire Millon (qui le poursuit encore). Mais alors, que ferait Copé ? Et que ferait Fillon ? On ne sait. Nous ne sommes pas dans le secret des Dieux. Mais toutefois, toujours en 1997, Copé fut battu parce que le candidat FN s’était maintenu. Pourra-t-il supporter l’éventualité d’une nouvelle défaite, dans sa circonscription de Meaux ? François Fillon, lui, n’a pas ses soucis. Il a hérité d’une circonscription parisienne en or, le bastion  d’Edouard Frédéric-Dupondt durant cinquante ans (dit « Dupondt-les-loges »), traditionnellement à droite, et d’où il est parvenu à déloger la nullisisme Rachida Dati.

Mais Fillon, doit également prouver, qu’il peut porter honorablement les espoirs de la droite à la municipale de 2014. Alors que Paris, dans cette reconquête historique – pour une ville passée durant quinze ans à gauche -, et cela comme toutes les grandes villes françaises, s’enracine de plus en plus à gauche, sous l’influence électorale grandissante des « bo-bos ». Ainsi, Copé et Fillon ont finalement un sérieux risque en commun, celui de ne pas évoluer politiquement, de rester d’éternels seconds rôles. Il est vrai également, qu’ils ne semblent réunir réellement les qualités nécessaires, par manque de charisme et d’envergure. Mais un souci, qui rime aussi avec Sarkozy. Car le président sortant a été vaincu, mais pas écrasé, ni humilié. Il s’est retiré avec ambiguïté de la vie politique, mais toutefois pas à la manière radicale d’un Jospin, après son éviction au 1er tour de 2002, ni celle d’un Giscard, qui ne se sera jamais remis de sa défaite de 81, et ne sera jamais revenu en politique (se contentant d’un rôle effacé de mentor, durant les années 80 et jusqu’au milieu des années 90, au sein de l’ex-UDF). Ainsi en Italie, Silvio Berlusconi a reconquis le pouvoir, après avoir été évincé durant la courte intermède Romano Prodi de 2006, et son courant de « l’Olivo ». En Hongrie, vaincu par les socialistes, le premier ministre libéral et européiste, Viktor Orban, est revenu au pouvoir, comme le chef d’une droite patriotique et anti-européiste, qui insiste beaucoup sur la nécessité des frontières.

Cela n’est pas sans rappeler quelque chose. Mais aussi de quoi donner des idées à un Sarkozy, dont on ignore après tout, s’il ne serait à même de revenir, à moyen terme. Un Sarkozy, qui après la parenthèse de la défaite, « ne parviendrait décidemment pas, à se désintoxiquer de la politique ». Mais aussi de quoi désespérer le duo Copé / Fillon, enfin unis, dans la même inquiétude et le même effroi.

   J. D.


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