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Interview avec Muhammad Yunus sur la Grameen Bank

Publié le 11 juin 2012 par Microfinance
Dans un entretien donné au Nouvel Obs, Muhammad Yunus donne son avis sur le litige qui l'oppose au gouvernement du Bangladesh, concernant la Grameen Bank. Il a récemment obtenu le soutien de Hillary Clinton, tout comme celui de Nicolas Sarkozy. Extraits.

Interview avec Muhammad Yunus sur la Grameen Bank

Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank.


Il y a un an, le gouvernement du Bangladesh vous obligeait à démissionner de la Grameen Bank. Que s’est-il passé depuis ?
Depuis un an, le gouvernement n’a cessé de tenter de faire dérailler le processus de nomination de mon successeur, mais le conseil a résisté. Il veut maintenant créer une commission de contrôle, pour imposer un comité de nomination externe, et pouvoir nommer un nouveau directeur, au lieu de respecter les statuts du conseil d’administration de la banque. Ceux-ci sont régis par une ordonnance de 1983, celle là même qui a crée la banque... C’est donc un point de rupture, en violation totale avec les droits civiques. 
Vous avez enregistré plusieurs dizaines de compagnies sous le nom de Grameen. A qui appartiennent-elles, et que vont-elles devenir ?
Il y a environ cinquante compagnies sous le nom de Grameen, que j’ai créées pour résoudre des problèmes sociaux. Je ne possède aucune action dans aucune d’entre elles. Ce sont des entreprises à but non lucratif, personne ne peut les posséder, et leurs profits sont réinvestis dans l’entreprise.
Que va-t-il maintenant se passer ?
Je crains que le gouvernement ne veuille prendre le contrôle de cette banque car elle est un levier politique très puissant. Si la société civile dans son ensemble, et la communauté internationale ne s’y opposent pas, ils changeront les règles et les lois qui constituent la Grameen. Si cette commission, crée ad hoc, donne des recommandations qui vont dans le sens de ce que veut le gouvernement, les millions de propriétaires de la banque n’auront plus la majorité au conseil, le gouvernement pourra nommer qui il veut. Ce sera alors le fonctionnement même de la banque qui sera affecté. On peut redouter que la corruption et les interventions politiques ne deviennent une réalité. La manière dont sont gérées les banques détenues par l’Etat au Bangladesh n’inspire pas confiance.

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