Magazine Beaux Arts

Réflexion autour de « Matrix » et de l’allégorie de la Caverne de Platon (5/6)

Publié le 15 juin 2012 par Sheumas

atelier-octobre--8----.jpg

Cette représentation de la Vérité poétique fournit une sorte de toile de fond à toute la poésie de Baudelaire. Il y a toujours pour lui moyen d’accéder à la Vérité : le sonnet des « Correspondances » l’explique assez bien : « La Nature est un temple où de vivants piliers / Laisse parfois sortir de confuses paroles ». Baudelaire y insiste notamment sur le rôle des parfums, des couleurs et des sons. Ils fournissent aux sens une sorte d’élixir capable d’ouvrir pour un instant éphémère, la porte de la « ténébreuse et profonde unité ».

En cela, dans les Fleurs du Mal, la femme est « un flacon », et c’est ce qu’illustre assez bien le sonnet « parfum exotique ». L’érotisme et l’exotisme y sont profondément liés. Dans la scène initiale que relate le poète, « l’odeur du sein chaleureux qu’il respire » lui communique une sorte d’ivresse. Il n’aime pas véritablement sa maitresse (la mulâtresse Jeanne Duval), il la respire. Peu à peu, par la magie de l’imaginaire et des sens en éveil, le voilà transporté vers « une île paresseuse ». Dans un autre poème (« la chevelure »), il écrit « fortes tresses, soyez la houle qui m’emporte ». Cette île « correspond » à « la caverne », à « la grotte basaltique » de « la vie antérieure ». « Voiles et mâts », « vague marine » et « verts tamariniers » font écho aux « houles » et « images des cieux » et la partenaire amoureuse du poète, qui aiguise les sens du paresseux, rappelle les « esclaves nus, tout imprégnés d’odeur ». Ce qui compte pour Baudelaire, ce n’est pas le partage d’un plaisir érotique, c’est la consommation d’un produit d’excitation des sens.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sheumas 243 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte