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Dépénaliser l'euthanasie :

Publié le 20 mars 2008 par Le Petit Docteur
66f4a832c67c84a78a57a07753ad0f89.jpgL'agonie et la mort de Madame SEBIRE a soulevé une grande émotion.
De nombreux malades ainsi que des proches de malades m'en ont évidemment beaucoup parlé ces derniers jours.
Oui. Cette femme a eu le courage de poser le débat à partir de son cas personnel rendu insoluble avec la loi française actuelle.
La France va t-elle réussir grâce à l'histoire dramatique de cette femme à surmonter le tabou de l'euthanasie.
La réalité actuelle est pour le moins hypocrite : soit des actes isolés gardés secrets, soit la nécessité de partir à l’étranger, soit le refus comme la loi y oblige.
On a appris hier qu’un grand auteur belge était mort par euthanasie alors qu’il souffrait de la maladie d’Alzheimer.
Terrible télescopage de l’actualité.
Mais comment a donc fait la Belgique pour rendre possible par la loi ce genre de pratique et comment cela se passe t-il ?
J’ai donc cherché à comprendre et pour se faire je suis allé sur un site d’une mutuelle médicale belge.
Comme pour tous les problèmes médicaux,elle informe ses adhérents et met à leur disposition une brochure d’information.
Lisez donc celle qui explique la loi sur l’euthanasie de 2002.
Lien ici
Sans être juriste, j’ai bien compris que des sécurités avaient évidemment été mises en place par cette loi (demande écrite,commission de contrôle, délai de réflexion, clause de conscience pour le médecin, …)
Des barrières légales qui rappellent par certains aspects celles mises en place dans la loi française sur l’IVG.
Ici en France, on nous explique que cela ne concerne que quelques très rares cas ,que la loi Leonetti est suffisante, que le cas de Madame SEBIRE est une exception.
En Belgique, on dénombre une moyenne de plus d’une trentaine de cas d’euthanasie par mois (Pays six fois moins peuplé que la France)
Un bémol, le nombre de cas concerne pour une grande majorité la communauté flamande.
Deux années d’euthanasie dépénalisée en Belgique : comparaison avec les Pays-Bas :
Le débat va donc se poursuivre en France encore de nombreux mois.
J’ai le sentiment que le cas de Madame SEBIRE débouchera sur une avancée ….comme la France l’a fait pour l’avortement quelques années après le procès en 1972 à Bobigny d’une jeune fille jugée pour s’être fait avorter.
C'est difficile, douloureux mais l'impasse actuelle ne peut continuer.
Article très intéressant de Martin Winckler : Mourir est une décision trop importante pour qu’on la confie aux médecins
Chantal Sébire, "littéralement mangée par la douleur", réclame le droit d'anticiper sa mort
LE MONDE | 12.03.08
© Le Monde.fr

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LES COMMENTAIRES (1)

Par ethos
posté le 11 juillet à 21:38
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OUI à l'aide au suicide, mais NON à l'euthanasie !

Au sujet de la différence entre l'euthanasie et l'aide au suicide, il faut distinguer entre les arguments juridiques, éthiques et religieux. On ne peut pas simplement affirmer sans nuance qu'il n'existe pas de différence entre les deux : dans un cas c'est le patient lui-même qui s'enlève la vie (aide au suicide) alors que dans l'autre c'est le médecin qui la retire. Il faut d'abord préciser sur quel terrain (juridique, éthique ou religieux) on tire notre argumentation. Si l'on se situe sur le terrain de l'éthique, on peut raisonnablement soutenir qu'il n'existe pas de différence. Cependant, si l'on se situe sur le terrain juridique, il existe toute une différence entre l'euthanasie (qualifié de meurtre au premier degré dont la peine minimale est l'emprisonnement à perpétuité) et l'aide au suicide (qui ne constitue pas un meurtre, ni un homicide et dont la peine maximale est de 14 ans d'emprisonnement). Dans le cas de l'aide au suicide, la cause de la mort est le suicide du patient et l'aide au suicide constitue d'une certaine manière une forme de complicité. Mais comme la tentative de suicide a été décriminalisée au Canada en 1972 (et en 1810 en France), cette complicité ne fait aucun sens, car il ne peut exister qu'une complicité que s'il existe une infraction principale. Or le suicide (ou tentative de suicide) n'est plus une infraction depuis 1972. Donc il ne peut logiquement y avoir de complicité au suicide. Cette infraction de l'aide au suicide est donc un non-sens.

En revanche, l'euthanasie volontaire est présentement considérée comme un meurtre au premier degré. Le médecin tue son patient (à sa demande) par compassion afin de soulager ses douleurs et souffrances. Il y a ici une transgression à l'un des principes éthiques et juridiques des plus fondamentaux à savoir l'interdiction de tuer ou de porter atteinte à la vie d'autrui. Nos sociétés démocratiques reposent sur le principe que nul ne peut retirer la vie à autrui. Le contrat social « a pour fin la conservation des contractants » et la protection de la vie a toujours fondé le tissu social. On a d'ailleurs aboli la peine de mort en 1976 (et en 1981 en France) ! Si l'euthanasie volontaire (à la demande du patient souffrant) peut, dans certaines circonstances, se justifier éthiquement, on ne peut, par raccourcit de l'esprit, conclure que l'euthanasie doit être légalisée ou décriminalisée. La légalisation ou la décriminalisation d'un acte exige la prise en compte des conséquences sociales que cette légalisation ou cette décriminalisation peut engendrer. Les indéniables risques d'abus (surtout pour les personnes faibles et vulnérables qui ne sont pas en mesure d'exprimer leur volonté) et les risques d'érosion de l'ethos social par la reconnaissance de cette pratique sont des facteurs qui doivent être pris en compte. Les risques de pente glissante de l'euthanasie volontaire (à la demande du patient apte) à l'euthanasie non volontaire (sans le consentement du patient inapte) ou involontaire (sans égard ou à l'encontre du consentement du patient apte) sont bien réels comme le confirme la Commission de réforme du droit au Canada qui affirme :

« Il existe, tout d'abord, un danger réel que la procédure mise au point pour permettre de tuer ceux qui se sentent un fardeau pour eux-mêmes, ne soit détournée progressivement de son but premier, et ne serve aussi éventuellement à éliminer ceux qui sont un fardeau pour les autres ou pour la société. C'est là l'argument dit du doigt dans l'engrenage qui, pour être connu, n'en est pas moins réel. Il existe aussi le danger que, dans bien des cas, le consentement à l'euthanasie ne soit pas vraiment un acte parfaitement libre et volontaire »

Eric Folot

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