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Le paysage politique après les municipales et cantonales

Publié le 17 mars 2008 par Collectifnrv
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55a9e854cc38b22768c1cf45bbbad61d.jpgAu lendemain des élections « locales », l’incertitude semble avoir en partie changé de camp. Une droite fragilisée, une gauche ragaillardie qui fait mieux que combler le retard pris sur la droite en 2001. Un Modem mis au pied du mur de ses contradictions internes. A ne pas vouloir choisir entre la droite et la gauche, il a donné une image de lui d’un détestable opportunisme le conduisant à des alliances au cas par cas. Un parti patchwork dont on voit mal quelle ligne cohérente pourra se dégager de cet amalgame de sensibilités différentes, sauf à ce que les clivages partisans disparaissent du paysage politique français au profit d’embrassades sans fin entre les tenants de diverses familles politiques allant ensemble aux élections, gouvernant ensemble par la suite. Un rêve pour certains, un cauchemar pour d’autres. Un peu à l’instar de la bizarrerie que pourrait recéler le mot d’ordre : «patrons, salariés tous unis pour un même combat».
Au-delà des jeux partisans, cette poussée de la gauche permettant un rééquilibrage entre deux majorités légitimes, l’une à l’échelle centrale, l’autre à l’échelle des collectivités territoriales, mais toutes deux nationales, est une vraie chance pour une réforme concrète de nos institutions. Une réforme qui ne soit pas issue de la volonté d’un seul et concoctée par un comité d’experts, mais une réforme qui soit la conséquence directe de la volonté du corps électoral. Une volonté dont on peut trouver l’expression peut-être contradictoire, mais néanmoins dont nul ne peut contester la souveraineté.
Cette chance n’est autre que la possibilité pour la majorité de gauche dans les territoires de faire entendre le pouvoir des institutions locales de mener une politique qui soit conforme aux engagements pris par ses candidats, sur la base d’une plateforme commune, et qui a reçu l’aval des citoyens. Une politique qui certes, n’a pas pour objet de mettre systématiquement en échec le pouvoir central, mais qui néanmoins, entend ne pas effacer ses propres priorités, choisies par les électeurs, derrière les réformes voulues par le pouvoir central et l’Assemblée Nationale, dépourvue d’autonomie par rapport à celui-ci. En somme, les collectivités territoriales sont en mesure de jouer le rôle auquel le Parlement a renoncé depuis bien longtemps.
Mais, spécificité des institutions locales, ce rôle ne peut être pleinement vécu que si une authentique démocratie locale est mise en place, qui associera plus étroitement les citoyens au processus de concertation et de décision sur les affaires les concernant. On le voit, cette contrainte structurelle indispensable au renouvellement du jeu politique local, inscrivant des décisions locales dans une logique plus large, ouverte sur les enjeux nationaux qui sont déclinés à l’échelle locale (logement, emploi, environnement, santé…) et sur les opinions, les suggestions, les évaluations des citoyens, est une opportunité de redynamiser la vie politique dans son ensemble et le rapport des citoyens à la politique. e6bddd2f33c1d7e1d7a786593edc880f.jpg Au sens où des citoyens écoutés, appelés à se prononcer sur les mesures envisagées en son nom par des élus locaux, dans un cadre de proximité, peuvent jouer le rôle de boîtes à idées, mais également de co-pilotes du développement local et de l’aménagement du territoire. Cette implication des citoyens dans la gestion de leurs affaires est une occasion de casser la pratique qui consiste à ne s’adresser qu’aux experts et à tenir en lisière ces foules inquiétantes et désordonnés que sont les « particuliers » censés n’avoir d’yeux précisément que pour leurs seuls intérêts privés. En même temps, c’est une façon de faire comprendre aux citoyens les contraintes des politiques, et aux politiques d’écouter l’expertise prosaïque des citoyens, dont la mobilisation compétente dans le cadre des enquêtes publiques, par exemple, a montré le degré de savoir et de savoir faire dont ses membres peuvent disposer sur des sujets précis.
C’est le défi qui se pose à la gauche de contribuer à faire naître une démocratie de concertation la plus ouverte possible aux intérêts variés qui peuvent se manifester sur des sujets d’intérêt général, y compris sur la forme que les mesures prises au niveau du pouvoir central doivent prendre pour s’adapter aux contraintes mais aussi aux exigences locales. Tant il est vrai qu’une loi a besoin d’être interprétée pour être appliquée. Et que cette interprétation n’est pas seulement technique, mais aussi bien politique. Il s’agit de faire des choix, de prendre en compte les contingences, les spécificités du terrain. Le tout ayant forcément des incidences locales mais également nationales.
7236cb6c53b396a7c5e3bbdce0b2e5da.jpgC’est une piste pour rapprocher la politique de ceux pour qui et au nom de qui elle est faite. Afin que les intéressés puissent être acteurs et non pas seulement observateurs passifs des choix de quelques-uns. A cet égard, l’inquiétant cavalier seul d’un Président de la république décidant de tout à la place de tout le monde, sans aucun contre-pouvoir et asphyxiant la vie politique nationale par sa seule dynamique a montré le risque réel que pouvait représenter le pouvoir central sur la vie politique nationale. Le résultat de ces élections a permis d’entamer une nouvelle page visant à corriger ces excès.
Souhaitons que les personnes investies d’une autorité publique par leurs concitoyens sauront être à la hauteur de cette nouvelle donne qui se profile pour le pays.
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