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Rambo - Ted Kotcheff - 9/10

Publié le 11 février 2008 par Kaa1

Pitch :
John Rambo, un héros de la Guerre du Viêt Nam, marche de ville en ville à la recherche de ses anciens compagnons d'armes. Alors qu'il s'apprête à traverser une petite ville (proche des montagnes) pour s'y restaurer, le Shérif Will Teasle l'arrête pour vagabondage. Emprisonné et maltraité par des policiers abusifs, Rambo devient fou furieux et s'enfuit dans les bois après avoir blessé de nombreux agents.

Véritable film "coup de poing", Rambo (First Blood en V.O) sorti en 1982 reste encore aujourd'hui un film d'action solide et diablement plus malin qu'il n'y parait de prime abord. Preuve en est avec l'affiche originale du film, complètement hors-sujet : Ok il se sert d'une mitraillette, mais de là à en faire LE symbole fort du film...
Avec John Rambo, Sylvester Stallone campe un personnage solitaire, violent et taciturne qui, seul, arpente le monde sans but précis. Cherchant à se ré-intégrer après une guerre Vietnamienne traumatisante, l'homme avance à l'instinct sans se préoccuper de ce qu'il fera demain et avec qui. Véritable symbole de la marginalisation ultime d'un homme par sa société, Stallone devient une proie traquée, qui n'a d'autre choix que de fuir, de se cacher, pour échapper aux loups de la police locale bien décidé à lui régler son compte une bonne fois pour toutes.
A l'image de ce vrai film de survie, Ted Kotcheff travaille son matériau avec talent dès le départ, en prenant soin de ne pas précipiter les événements, cherchant à placer ses personnages, pour ne pas presser l'action. Et puis soudain, tout s'accélère, lorsque le héros retrouve ses cauchemars, faits de toutes sortes d'images aussi horribles qu'insoutenables. La bête refuse d'être domptée (en l'occurrence se faire raser) et prend peur devant tant d'hostilité et de méchanceté à son égard.
Rapidement, le film s'emballe, et l'on comprend très vite que toute cette peur, cette haine accumulée va devoir, à un moment où un autre, sortir de l'homme tel un acte désespéré, presque suicidaire. Car c'est ce qu'est profondément Rambo, une "machine à tuer" comme se plaît à l'expliquer le colonel Trautman (Richard Crenna) au salaud de flic Will Teasle (interprété par Brian Dennehy). La figure de l'animal refait surface une fois le terme de "poulain" lâché et l'on sent à quel point le colonel est conscient du "monstre" qu'il a engendré (lui et son pays bien sûr).
Rambo à donc cette teinte de subversion politique qui trouve son fondement dans l'expérience de son pays enlisé dans une guerre extrêmement mortelle et o combien traumatisante : "C'était leur guerre, pas la mienne" nous martèle un John Rambo à bout de forces et en larmes devant ce qu'il vient d'accomplir. C'est d'ailleurs dans ces dix dernières minutes que le film prend tout son sens et dévoile toute sa force. Stallone déboussolé, éreinté se confie à son mentor comme un enfant à son père. La métaphore peut sembler superficielle et convenue mais elle n'en est rien.
La sauvagerie des actes et la hargne de l'heure et quart qui viennent de s'écouler ne sont là que pour masquer l'histoire d'un héros de la guerre déchu, bousculé, chahuté et surtout incapable de recommencer une vie dans cette société consumériste et sectaire où "sa place" est fondamentalement introuvable. Rambo où l'histoire brute et sans compromis d'un homme en perdition qui ne demandait simplement qu'à oublier les cris et les horreurs d'une guerre ignoble, aux effets psychologiques dévastateurs et dramatiquement irréversibles.
La fin du film n'est pas (malheureusement) l'originale, qui devait voir le fugitif se sacrifier. En attendant, et avec ce qui lui reste d'honneur, John Rambo doit se reconstruire, en paix avec lui-même et ce monde si incompréhensible qui l'entoure.

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