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La rentrée de Grasset

Par Pmalgachie @pmalgachie
La rentrée de GrassetJ'ai fini de lire hier soir un vaste roman d'Avraham B. Yehoshua, Rétrospective. Le roman ne sort que le 3 septembre (en coédition avec Calmann-Lévy) mais c'est ce soir que je dois avoir une conversation téléphonique avec l'écrivain israélien, et il y avait donc urgence. Je n'ai pas perdu mon temps. Un vieux réalisateur se trouve piégé à Saint-Jacques de Compostelle dans une rétrospective sur laquelle son premier scénariste, avec qui il est brouillé, a mis discrètement la main. Dans un milieu très catholique, le Juif cherche à comprendre où il a pu commettre une faute, et comment il pourrait l'expier. Un livre profondément humain, qui pose de multiples questions et apporte même quelques réponses, à travers la vision d'une vie imaginaire mais nourrie, probablement, d'une longue expérience personnelle. On en reparlera, c'est sûr, dans un peu plus de deux mois.Mais la première vague de parutions de la rentrée est dédiée, ainsi le veut la tradition, à la littérature de langue française. Ce n'est pourtant pas un roman qui, le 22 août, sera scruté avec le plus d'intérêt. Laurent Binet, auteur du remarquable HHhH, a pris un peu de temps après la fin de la campagne présidentielle pour raconter comment il a vécu les quelques mois passés dans le sillage de François Hollande - Yasmina Reza s'était appliquée au même exercice lors de la présidentielle précédente, où elle avait suivi Nicolas Sarkozy. Comment le talent éclatant du romancier se manifestera-t-il dans un genre différent? C'est, pour partie au moins, l'enjeu de Rien ne se passe comme prévu.François Hollande n'est pas le seul personnage connu de la rentrée chez Grasset, puisque Félicité Herzog convoque son père dans Un héros. Ce père, Maurice Herzog, n'est pas le premier venu. Vainqueur de l'Annapurna, ministre, vedette à son époque donc. Voilà pour la face visible par le grand public. Côté privé, c'était apparemment moins drôle et le frère de l'écrivaine, Laurent, ne l'a pas supporté. (Il est possible que ce livre, annoncé lui aussi le 22 août dans le programme de l'éditeur, soit reporté au 3 septembre.)Côté plus romanesque, le livre épais (560 pages) de Christophe Donner devrait au moins susciter la curiosité, et peut-être davantage s'il est aussi réussi que le pense son éditeur. A qui jouent les hommes explore, au dix-neuvième siècle, la tentation du jeu. Beau sujet, abordé de front avec l'ampleur des fresques littéraires de l'époque.Anne Berest (souvenez-vous, je l'ai croisée en mai dans le bureau d'une de ses attachées de presse) sera au rendez-vous du deuxième roman après La fille de son père. Les Patriarches revient sur les années 80, teintées de sexe, de peinture et de stupéfiants, à travers une association de lutte contre la toxicomanie qui se révèle assez louche.J'ajoute à ces premiers titres ceux de Cécile Guilbert (Réanimation) et de Colombe Schneck (La réparation), sans oublier le récit que fait Cédric Villani, mathématicien surdoué, de sa traque de la solution d'une énigme que personne n'avait pu résoudre avant lui (Théorème vivant).J'ajoute que le début du mois de septembre, auquel on arrivera avant d'avoir eu le temps de lire tout ça, s'annonce assez excitant lui aussi, avec par exemple le nouveau roman d'Amin Maalouf (Les désorientés) ou celui de Patrick Roegiers (Le bonheur des Belges).Non, on ne manquera pas de lectures...

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