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Modeste proposition visant à faire (sur)vivre Valérie Pécresse avec le Smic

Publié le 26 juin 2012 par Kamizole

Modeste proposition visant à faire (sur)vivre Valérie Pécresse avec le Smic

Pas trop cher payé pour déployer une si parfaite connerie bête et méchante, hein ? D’après ce que j’ai entendu dernièrement sur France Info, le « coup de pouce » prévisible donné au Smic serait de l’ordre de 2 %, ce qui n’est pas Byzance puisqu’il aurait été augmenté de 1,4 % compte tenu de l’inflation. Cela se traduirait par une augmentation totale de 22 € net par mois… Je vous fiche mon billet que les 2,7 millions de salariés au Smic (10 % de la population active) vont tergiverser très longtemps avant de déterminer dans quels achats ils pourront bien investir cette manne supplémentaire si généreuse…

Merci mais fallait pas, c’est trop gentil de votre part. Néanmoins, le patronat - et la droite - ne l’entendent nullement de cette oreille : les entreprises n’y survivront pas. Tout ce que le monde des économistes compte de plus ultralibéraux qu’eux, tu meurs ! monte au créneau pour nous sortir ce nouvel « élément de langage » "Augmenter le smic détruit des emplois" (Le Monde 22 juin 2012)… Malgré mes recherches, impossible de connaître la liste des économistes composant le groupe d’experts sur le Smic mis en place en 2009. Auraient-ils honte ? Ou peur de recevoir des menaces…

Quand je lis sur Le Figaro que le Smic augmenté de 2% est un "faux pas" selon FO (25 juin 2012) je ne peux donc que donner raison à Jean-Claude Mailly (son secrétaire général) qui juge que « les économistes constituant le groupe d'experts sur le Smic, opposés à un coup de pouce, étaient "tous un peu orientés", "tous des libéraux", ajoutant que personne n'a pu prouver que toute augmentation du Smic détruisait de l'emploi ». Tiens donc ! Ils nous serinent pourtant que l’augmentation d’un seul point du Smic détruirait jusqu’à 20.000 emplois… Mazette ! Excusez du peu : tout autant que la noria de plans sociaux qui se profilent.

A moins précisément que ce ne fussent les mêmes emplois, ensuite de quoi il ne leur restera qu’à en accuser les socialistes. Ce n’est pas une telle mauvaise foi qui leur fera peur.

Vous imaginez bien qu’avec son si peu d’intelligence la pauvre Valérie Pécresse - personne n’est encore parvenu à la désintoxiquer des éléments de langage distillés depuis si longtemps par les diverses cellules « Radio-Perroquet SOS manque d’idées » de l’Elysée et de l’UMP - s’engouffre dans ce créneau et que c’est l’article du Monde Smic : l'opposante Pécresse ressuscite les propositions de Sarkozy (25 juin 2012) qui m’a fait partir à la recherche des articles les plus intéressants sur le sujet, ce que je n’avais pas encore eu le temps de faire. Je ne risque pas de l'en remercier car j'ai sur le feu des sujets tout aussi importants que je n'ai pas le temps de traiter.

Maintenant qu’elle n’est plus occupée à foutre en l’air l’Enseignement supérieur ou l’Economie et l’Industrie à Bercy, Valérie Pécresse a du temps libre. Il m’étonnerait que son travail à l’Assemblée nationale l’occupât beaucoup quand bien même cherchera-t-elle à y contrer le gouvernement. A condition toutefois qu’elle y soit assidue, ce que l’avenir nous apprendra. Toujours est-il qu’elle s’est investie d’une mission essentielle : défendre le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Telle Jeanne d'Arc, elle cherchera à bouter les socialistes du pouvoir. Sus à l'ennemi !

Le 25 juin, intervenant sur Europe 1, elle a donc affiché sa "priorité" : « valoriser le bilan de Nicolas Sarkozy, parce que je crois que nous avons fait, en matière économique, des choses extraordinaires et nous voulions continuer à faire des choses extraordinaires »… Je me demande si quelque jour elle finira par comprendre que ce fut telle-ment « extraordinaire » qu’une majorité d’électeurs les renvoyèrent par deux fois dans l’opposition : lors de l’élection présidentielle et des élections législatives.

Je ne vous dis pas combien je goûte mon petit plaisir en lisant « l’opposante Pécresse »… Cela ne l’empêchant nullement de continuer à sarkonner. Que voulez-vous quand une habitude est prise. Et donc d’affirmer lors de cette même émission d’Europe 1 que "la hausse du Smic va détruire de l'emploi" (25 juin 2012) et qu’en conséquence la décision de Jean-Marc Ayrault était « faussement généreuse » alors qu’il fallait « augmenter le Smic par la baisse des charges des entreprises et des salariés comme le proposait Nicolas Sarkozy ». Tu parles ! Pour mettre la Sécu et autres régimes sociaux encore plus dans le rouge et il faudrait n’avoir pas deux sous de cervelle pour imaginer que les patrons eussent pour autant augmenté d’un maravédis les salaires.

Ne sous-estimons pas ses capacités : elle peut encore se surpasser pour atteindre les sommets de la connerie. Jusqu’où ira-t-elle ? La Barre des Ecrins ou la Meije sont à sa portée voire l’Himalaya ou l’Annapurna. Dommage pour elle - mais pas pour nous - que Nicolas Sarkozy eût définitivement dévissé et que nombre de cordées de députés de l’UMP aient été engloutis par des avalanches particu-lièrement meurtrières. Lesquelles firent des ravages, notamment parmi les élus de la Droite populaire qui avaient cherché à faire cordée commune avec le Front national. La moitié furent emportés dans le désormais célèbre « couloir de la mort » situé sur la face Nord du Pic Facho. Ne perdez pas votre temps à le chercher sur un plan ou quelque topo-guide.

:)

Ainsi ne craint-elle pas d’affirmer que "la méthode de Hollande est singulière" (Europe 1 le 25 juin 2012). Décidément, elle est en verve ! Cette méthode consisterait selon elle à « Je dépense pendant un mois et puis je présente la facture aux Français. Cette facture va être brutale parce que monsieur Hollande a dépensé de l'argent qu'il n'avait pas (…) tous les Français vont payer la facture des promesses non financées de François Hollande ».

Elle ne manque pas d’un sacré culot ! Nous avons payé depuis 2007 la facture des promesses non tenues par Nicolas Sarkozy en même temps que celle des promesses qu’il tint sans aucun égard pour la crise depuis 2008 - bouclier fiscal, heures sup’ non fiscalisées ni astreintes aux prélèvements sociaux, baisse de la TVA pour les bistrotiers, etc. J’en passe et des meilleures.

Ceci dit, elle ne fait une fois de plus que du « Cop(i)é-collé » (13 mai 2012) selon l’expression heureuse de l’ami « Coup de grisou ». En ces temps d’épreuves du bac où l’on apprend que des candidats sont pris en flagrant délit de triche et où les prétendues « perles du bac » amusent la galerie comme chaque année (je doute toujours aussi fort qu’elles émaillent les copies des aspirants bacheliers tant les sujets qui sont traités ne sont même pas dignes du Brevet des collèges !) Valérie Pécresse mérite d’être éliminée pour tricherieCe n’est pas beau de copier sur son voisin, surtout quand il écrit des imbécillités…

Or, j’aimerais qu’elle nous montrât quelles dépenses nouvelles aurait déjà engagé le gouvernement Ayrault. A cet égard, j’oserais lui donner un petit cours de droit constitutionnel : c’est - traditionnellement - le 1er ministre qui conduit la politique de la France quand bien même Nicolas Sarkozy se sera-t-il mêlé de tout. En conséquence, il est faux de parler de « méthode Hollande ». Donc, le gouvernement n’a pas dépensé en un mois l’argent qu’il n’avait pas, sauf bien évidemment pour la continuité des affaires courantes… Et si l’argent manque, c’est uniquement dû à la gabegie - le mot est encore trop faible ! - de Nicolas Sarkozy pendant 5 ans.

Et cette perle sémantique : « tous les Français vont payer la facture des promesses non financées de François Hollande ».

Elle s’exprime de façon si limpide que je n’arrive pas à déterminer si les dépenses non financées seront engagées nonobstant le manque de crédits ou si elles ne le seront point, auquel cas ce serait une impropriété de langage que de parler de « facture » alors que ce serait le mot « déception » (des électeurs) qui serait adéquat. Lors même que pendant la campagne François Hollande a toujours pris le plus grand soin de préciser que les mesures envisagées ne seraient prises que pour autant que la croissance le permettrait et que de surcroît, je pense François Hollande et Jean-Marc Ayrault trop prudents pour prendre des mesures sans avoir les crédits budgétaires suffisants.

Valérie Pécresse changerait de discours si elle partageait notre humble condition. C’est pour cela que je suggère qu’on alignât ses revenus - et ceux de toute sa famille - sur le montant du Smic, éventuellement complété par les allocations familiales et autres prestations sociales accordées sous condition de ressources.

Certes, je ne suis pas smicarde mais vivant avec une retraite de 900 €, maintenant au-dessous du seuil de pauvreté (950 €) j’ai en partage les mêmes difficultés que les 8 millions de pauvres recensés en France depuis plusieurs années.

Pour ce qui est des contrevérités sur le Smic, les minima sociaux et l’évolution des salaires en général - non seulement en France mais également dans les pays de l’OCDE - je vous conseille de lire sur Le Monde Augmenter le smic détruit des emplois" (22 juin 2012) l’interview de Paul Champsaur - lui-même un de ces économistes sûrement distingués du fameux groupe d’experts sur le Smic qui se « distinguent » plutôt par leur total manque d’égards envers la population la plus démunie et fragile économiquement autant que socialement - qui explique pourquoi il est opposé à un "coup de pouce" supplémentaire, au-delà de l'inflation, le 1er juillet 2012.

Cela commence très fort. Il admet que Michel Sapin, ministre du Travail n’a pas à le consulter en tant que président du groupe d’experts sur le Smic dans la mesure où "notre consultation n'est prévue que pour les coups de pouce légaux du 1er janvier alors que le Code du travail donne la possibilité au gouvernement de faire des coups de pouce en dehors du 1er janvier". Pour autant que je me souvienne Nicolas Sarkozy n’accepta jamais ou peu s’en faut de donner un coup de pouce en dehors de l’inflation. Que lui importaient les difficultés des « salauds de pauvres », hein ?

Ensuite, il rappelle qu’au sein de l’OCDE (Organisation de coopé-ration et de développement économiques) - un des fers de lance de l’ultralibéralisme - « la France fait partie des pays dans lesquels le Smic est le plus élevé » (y compris par rapport à l’Allemagne). Je n’ai pas trouvé sur Google de documents fiables me permettant de vérifier ses dires. En revanche, il ne se trompe pas en affirmant que « le Smic est actuellement est actuellement égal au aux deux tiers du salaire horaire médian ouvrier, contre la moitié, environ, dans les années 1970. Cela veut dire qu’il y a une compression des bas salaires ».

Ce constat rejoint exactement ce que qu’affirma Jean-Philippe Cotis - directeur de l’Insee - en mai 2009 dans le rapport demandé par Nicolas Sarkozy sur le partage des fruits de la croissance (qui fut enterré vite fait) : « Comment se fait-il que le pouvoir d'achat des salariés a augmenté si modestement au cours des 25 dernières années ? »…

Je connais la réponse : elle date précisément de la décision prise en 1984 de ne plus indexer l’augmentation du Smic et des salaires sur l’inflation. Mesure certainement utile à l’époque puisqu’à chaque fois que le Smic augmentait fabricants, commerçants, etc. en profitaient pour augmenter les prix en conséquence voire plus. Les salariés n’en tiraient donc aucun bénéfice mais l’inflation continuait de grimper à une vitesse vertigineuse. Pour mémoire, du milieu des années 70 jusqu’au milieu des années 80 nous connûmes une inflation à deux chiffres qui atteint presque 15 % sur un seul mois.

La décision des pouvoirs publics était donc d’autant plus courageuse que l’inflation si elle avait continué sur le même rythme lui eût permis de rembourser ses emprunts à moindre coût. Mais il aurait fallu décider que cette mesure ne s’appliquerait que le temps de juguler la spirale inflationniste. Hélas, il n’en fut rien lors même que l’on retrouva un taux d’inflation modéré entre 1985 et 1986, situation qui perdura grosso modo jusqu’au début des années 2000. Ensuite, l'inflation repartit de plus belle (encore plus après le passage à l’euro en 2002) pour atteindre d’autres sommets depuis la période 2007-2008 et bien davantage depuis.

Cela rejoint également le constat que fit il y a déjà fort longtemps l’économiste Jean Gadrey au sujet des minima sociaux par rapport au Smic et qui affirmait (en 2005 ?) que le RMI avait perdu 25 % de sa valeur. Pour le constater, il avançait qu’il suffisait de diviser son montant à une période donnée (par ex. le 1er janvier d’une année donnée) par rapport au Smic horaire à la même période) et ensuite prendre le montant du RMI actuel (aujourd’hui ce sera le RSA) et le diviser par le Smic horaire actuel.

Contrairement à ce qu’avance Paul Champsaur, ce ne sont pas seulement les bas salaires de l’industrie qui sont touchés. Un petit exemple que j’ai relevé personnellement il y a quelques années. Ayant travaillé comme infirmière en usine pendant 6 ans au milieu des années 1970 (donc y compris pendant la crise) je travaillais souvent avec les personnes du bureau du personnel pour les aider dans des tâches administratives, y compris pour remplir les fiches de paye. Je connaissais d’autant plus tous les salaires du personnel (grosse PME de mécanique générale et de précision, avec un effectif d’environ 800 personnes) que je remplissais toutes les feuilles d’arrêt-maladie.

Or, j’accompagnai il y a quelques années, en 2005 pour autant que je me souvienne, une amie à l’ANPE de Montmorency et pendant qu’elle était en entretien, je regardai les offres d’emploi. Je vis une annonce pour un poste dans une usine de mécanique de précision. Le montant du salaire proposé me stupéfia : le Smic ! Pour un poste demandant une qualification et 10 ans d’expé-rience. En 1977, les salaires - actualisés - des professionnels qualifiés et expérimentés de l’entreprise où je travaillais (certes la meilleure d’Orléans sur le plan social) atteignaient déjà entre 2.200 et 3.300 € selon leur qualification et l’ancienneté… les seuls salariés rétribués au Smic étant les manœuvres.

En 1983, je rencontrai mon ancienne chef du personnel dans le train en revenant de Bouffémont. Elle m’apprit au cours de la conversation qu’aucun salaire de l’entreprise n’était inférieur à 4.000 francs, ce qui correspondait à 1.300 euros d’aujourd’hui, soit plus que le Smic brut actuel. Si vous actualisez en 2012 les salaires (de 1977) des ouvriers qualifiés la surprise sera de taille : entre 8.900 et 13.300 €. Je doute qu’il y ait encore aujourd’hui des ouvriers de l’industrie, même hautement qualifiés, qui fussent encore payés à ce niveau.

J’entend déjà la meute des partisans de l’ultralibéralisme m’aboyer dans les oreilles que ce n’est plus possible. Sans doute puisque l’on a bradé l’industrie, délocalisations, etc. Et que « l’emploi et le salaire, voilà l’ennemi ». Mais je dirais comme à l’habitude que je préfère être keynésienne plutôt que conne et qu’il ne faut pas s’étonner quand la balance des paiements enregistre des mois après mois, années après années, depuis 2004, des déficits abyssaux : nous n'avons plus rien à exporter. Qu’il ne faut pas s’étonner non plus de l’atonie extrême de la croissance et ses conséquences sur le commerce, les servies et l'artisanat en général : quand les salariés et les retraités ont des revenus se rabougrissant au fur et à mesure, ils se serrent tant et plus la ceinture.

Et s’ils empruntent pour continuer à consommer (sur le modèle américain) c’est à leur risques et périls : le nombre de dossiers reçus par les Commissions de surendettement connaît une croissance vertigineuse.

Pour en finir avec les assertions de Paul Champsaur, un énorme mensonge : il ose prétendre « qu’il n’y aurait pas de smicard à plein temps parmi les 20 % des mais uniquement des gens qui travaillent peu ou pas ». Ce qui est absolument faux si l’on considère que le seuil de pauvreté est calculé en fonction du revenu global d’un ménage - unité de mesure pour l’économie, quel que soit le nombre de personnes vivant sous le même toit. Or, dans une famille avec deux ou trois enfants et un seul salaire au Smic - et a fortiori s’agissant d’une femme élevant seule ses enfants, quand bien même percevrait-elle un Smic à plein temps - il est évident qu'adultes et enfants d'une même famille vivant avec un seul Smic feront partie des 8 millions de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté.

Mais il va encore plus loin en préconisant « un lent recul du Smic par rapport au salaire moyen ». Il ne va pas - pour l’instant - jusqu’à souhaiter « une baisse brutale du smic - je suis certaine qu’il en rêve ! - mais des évolutions plus soutenables pour l'économie. Il pense compenser cette perte de salaire par une hausse de la prime pour l'emploi ou du RSA de façon à ce que les travailleurs les plus pauvres n'y perdent pas ».

Ben voyons ! C’est à l’Etat - alors que les mêmes veulent le moins d’Etat possible dans l’économie - de prendre en charge les baisses de salaire. Donc, en dernière analyse aux contribuables. C’est évidemment dans la logique de l’ultralibéralisme : « Privatisation des profits, nationalisation des pertes ». Mais cela va encore plus loin car j’ai le souvenir d’avoir lu il y a déjà fort longtemps dans un numéro de Politis une interview de Jean-Michel Harribey - écono-miste critique - où il affirmait (non sans raison) en substance que l’ultime rêve du patronat consisterait à faire prendre en charge par l’Etat la totalité des salaires et des cotisations sociales.

Même Marx n’avait pas pensé à cela ! Si j’avais su, je ne me serais pas fait chier avec les équations sur la plus-value et autres billevesées. Jusqu’à faire un exposé sur la théorie marxiste en cours d’économie. Ils ont trouvé le moyen définitif de faire un taux de profit maximum sans s’encombrer ni de capital variable (« V », dans les équations) puisqu’ils n’auraient plus de salaires et autres charges à verser ni même de capital fixe (« C », idem) car prédomine maintenant l’idée de « l’entreprise sans usine » selon Serge Tchuruk… le must des délocalisations. Quant à « Pl », autrement dit la plus-value - la part de travail gratuit fourni par les salariés - elle serait de 100 %… Chapeau les artistes !

Quant à Nicolas Bouzou, enseignant à Sciences Po, s’il ne va pas aussi loin, il préconise « un Smic par secteur »  (Libération 25 juin 2012) pour prendre en considération les gains de productivité que font les entreprises : « en clair, la croissance des salaires doit être égale à la croissance de la productivité ». En langage encore plus clair, je traduis : il faut faire suer le burnous aux salariés un maxQui sera comptable de la croissance de productivité sinon les patrons eux-mêmes ? Elle ne sera jamais assez importante pour eux, donc augmentation du salaire minimum : tintin !

Nous n’en sommes pas loin si l’on considère ce que nous apprend Derek Perrote Un salarié sur sept est dans une branche dont la grille démarre sous le SMIC (Les Echos 18 juin 2012). En effet « Un document de la Direction générale du travail dévoile que 15 % des branches, regroupant 1,6 million de salariés, ont un début de grille salariale inférieur au SMIC. Cette proportion pourrait atteindre plus de 70 % avec le coup de pouce à venir sur le salaire minimum ».

Le phénomène est loin d’être nouveau et a déjà été dénoncé à plusieurs reprises. Le mécanisme par lequel y parviennent ces entre-prises consistant à augmenter le salaire de base - qui devrait être égal au Smic - en y incorporant des primes qui théoriquement devraient s’ajouter au Smic.

Ce sont les particuliers employeurs qui fournissent le plus gros contingents de salariés soumis à ce régime : 775.000 personnes ! Mais l’article mentionne d’autres secteurs où sévissent ces pratiques illégales : « l'enseignement privé, les fleuristes, les grands maga-sins, les succursales de l'habillement et du commerce, l'imprimerie, le transport aérien et la prévention-sécurité ». Or, comme le souligne Derek Perrote, l’enjeu est important : « le premier coefficient sert de base à la rémunération : s'il est trop bas, la grille conventionnelle se retrouve écrasée, ce qui limite les perspectives d'évolution des rémunérations pour de nombreux salariés, en particulier de PME ».

Il ajoute que « Le coup de pouce à venir au salaire minimum devrait en outre refaire basculer nombre de minima de grille sous le SMIC. Si le coup de pouce atteignait 1 % par exemple, 83 nouvelles branches seraient ainsi concernées, en plus des 26 déjà en faute. Si la hausse atteignait 2 %, 100 nouvelles branches seraient concernées. Dans ce contexte, plus des deux tiers des branches devraient ainsi voir leur premier coefficient salarial repasser sous le SMIC dès juillet ». Dire que les patrons osent se plaindre !

Or, dans un autre article des Echos Frédéric Schaeffer nous apprend que La moitié des salariés ont un salaire net inférieur à 1.675 euros par mois  (26 juin 2012) ce qui fait pas mal de monde, sachant qu’en France la population active est d’environ 28 millions de personnes.

En effet, selon une étude publiée aujourd’hui par l’Insee, en 2010 le salaire moyen était pour les secteurs public et privé de 2080 € net par mois. Mais bien évidemment cela ne signifie nullement que chaque salarié gagne autant, bien au contraire. Je ne vous apprendrais quand même pas qu’une moyenne englobe les salaires les plus élevés et ceux du bas de l’échelle et que l’on divise le gâteau en autant de salariés.

Comme il le fait remarquer à juste titre, les inégalités sont encore plus frappantes si l’on considère le salaire médian - lequel « partage la population en deux parts égales ». Cette étude nous apprend, ce qui ne saurait nous surprendre, que ce sont les salariés du haut de l’échelle qui ont le mieux tiré profit de l’amélioration de la conjoncture constatée en 2010 : « les cadres ont vu leur salaire net augmenter de 1 % en 2010 (3950 € en moyenne) notamment dans la finance ! Alors qu’en revanche le salaire moyen des ouvriers a baissé, notamment à cause du recours plus important à la main d’œuvre intérimaire dont les salaires sont toujours plus faibles et du fait que « les trois quarts des emplois intérimaires sont des emplois d'ouvriers non qualifiés ».

Sur l’échelle globale des salaires, la distribution fait apparaître que ce sont les rémunérations les plus élevées qui ont progressé le plus en 2010 : « les 10 % de salariés les mieux payés ont un salaire mensuel supérieur à 3.317 euros, en progression de 0,4 % (après + 1,5 % en 2009). La croissance est un peu plus forte si l'on regarde les 1 % les mieux rémunérés : ces derniers bénéficient de plus de 7.654 euros net par mois (+ 0,6 %) ».

Alors qu‘en bas de l‘échelle « les 10 % de salariés les moins bien payés ont un salaire net mensuel inférieur à 1.142 euros. Il baisse de 0,1 % par rapport à 2009 et c'est le seul décile pour lequel il diminue »… Je n’invente rien. De toute façon, je n’apprécie l’impres-sionnisme que dans les musées et suis, s’agissant d’économie et de chiffres, extrêmement pointilleuse.

La situation s’étant dégradée depuis mars 2010 avec notamment la crise grecque, je me demande bien quel est aujourd’hui le niveau de rémunération des salariés de cette tranche. Mais il faut encore le faire baisser pour satisfaire Valérie Pécresse, Paul Champsaur, Nicolas Bouzou et toutim, en n’ayant garde d’oublier Laurence Parisot pour le Medef, Jean-François Roubaud pour la CGCPME, et tous les multimilliardaires gloutocrates du COUAC/40. Les salariés du bas de l’échelle : la tête sur le billot, sacrifiés sur l’autel du profit. Ah ! Ces salauds de pauvres…


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