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Emily Loizeau en concert privé !

Publié le 27 juin 2012 par Bullesonore
Emily Loizeau en concert privé !

C’est au Studio 28 à Montmartre qu’Emily Loizeau avait donné rendez-vous à une poignée de privilégiés pour la présentation de son nouvel album “Mothers & Tygers”. Ce cinéma d’art et d’essai caché au coeur de la butte semble être le cadre idéal pour la musique d’Emily, gracieuse et intimiste.

La chanteuse se livre à un exercice difficile, dérouler le fil de ses chansons avec entre elles quelques explications de texte. C’est donc plutôt émue et angoissée qu’elle se lance, fébrile, face à un parterre de professionnels, de journalistes et d’amis. En ses termes, des sangliers, des cerfs et des chouettes.

“Mothers & Tygers” s’ouvre sur la superbe chanson “Parce que mon rire à la couleur du vent” évoquant le thème de la mort, cher à la chanteuse sur chacun de ses albums, mais plus joueuse, ludique et légère en référence à sa fille. Car il est bien question dans ce disque de la Mère, dans ce qu’elle est, ce qu’elle projette, ce qu’elle incarne.  C’est avec “The Tyger” qu’Emily Loizeau rend hommage à la chanteuse Lhasa de Sela, au courage de son choix, celui de vivre ses derniers instants libre de tout traitement (ndlr : Lhasa est décédée des suites de son cancer en janvier 2010) : certainement la plus belle chanson de cet album.

Bien plus assurée que lors de son entrée en scène, la chanteuse parle de Wiliam Blake, de cesSongs of Experience qui ont guidé la création de “Mother and Tiger”. C’est avec “Garden of Love” que le fil continue de se dérouler et l’on assiste conquis au déploiement des ailes d’Emily quand elle nous conte cet endroit, ce temple des souvenirs, que le temps nous force à ne garder qu’en mémoire, balayant de sa trace le décor, laissant les instants passés, nus de leur écrin.

“Vole le chagrin des oiseaux” prend la suite dévoilant une mélodie élégante sur fond de drames syriens au travers des mots d’Aimé Césaire. Sa poésie épouse la musique de Loizeau, les mots du résistant se collent aux siens, à son idée obsédante de la mort qui s’étend en toile de fond. Question de disparition, de métamorphose de la douleur latente.

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Avec “Parmi les cailloux”, écrite par vidéos interposées avec Tatiana Mladenovitch (Fiodor Dream Dog), Emily se fait plus légère, peut être plus solaire, même si ce qui plaît chez cet ovni de la chanson française c’est le clair de lune qui l’illumine. Le temps se déroule, les souvenirs s’accumulent sur chaque note de chaque chanson.

 ”This Train Is Taking You Home”, inspiré de Les Souvenirs de David Foenkinos, déploie une mélodie intéressante, qui ne sert malheureusement pas le timbre vocal de la chanteuse. Contrairement au titre “No Guilt No More”, plus en retenue, efficace et prenante. Une lettre de son grand-père sur ceux qui s’en vont et nous laissent dans l’absolue solitude de leur présence fantomatique, devient, “Two Enveloppes”, clameur émouvante au coeur de la rythmique, qui encadre les mélodies de la plupart des titres.

La jeune mère a imaginé le temps de la naissance, vu par l’enfant dans le curieux titre “Infant sorrow” au piano délicat, en français et en anglais comme la plupart des titres de l’album. De cet espace temps entre l’enfant, la mère, la fille, du temps qui s’écoule et nous laisse entre les bras mille et une choses, autant de souvenirs que de nouveaux horizons à conquérir, Emily Loizeau en a fait une sublime chanson qu’elle dédie à sa mère, “One Night A Long Time Ago”.

“The Angel”, auquel participe David Ivar dans la version album, évoque avec mélancolie, celle qui pleure l’ange, la douce présence chassée par le passé alors que ‘Marry Gus and Celia’ en duo avec Camille signe une collaboration maternelle et enjouée.

Intense et bouleversante, Emily Loizeau ne révèle aucune peine à conquérir la salle, qui se laisse avoir par l’émotion de la chanteuse, la beauté d’un instant aussi intimiste que l’on partage, la préciosité des chansons déposées entre les sièges de velours rouge comme une prière, navajo pour le rappel : ‘May The Beauty Make Me Walk’. L’apothéose, le coup de baguette qui fit, de nous, de drôles de chouettes.

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Remerciements : Diane R., Coralie K. et Polydor 


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