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Holmes T3 – L’ombre du doute

Publié le 27 juin 2012 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

4 mai 1891, Sherlock Holmes meurt face à son pire ennemi, Moriarty. Mais qui est cet homme ? Un grand esprit, un mythomane ou simplement un opiomane ? C’est en remontant la piste à travers l’Europe que le Docteur Watson tente de découvrir la vérité.

Scénario de Luc Brunschwig, dessin et couleur de Cecil

Public conseillé : Adolescent, adulte

Style : Polar Paru chez Futuropolis, le 21/06/2012

L’histoire

Livre 1
4 mai 1891, Sherlock Holmes disparaît en Suisse aux Chutes de Reichenbach, entraînant avec lui dans la mort son plus grand ennemi, le professeur Moriarty. Enfin, c’est la fin que le Docteur Watson raconte officiellement. Mais cette mort ne satisfait nullement Mycroft, le frère de Holmes. Légataire universel, il n’hésite pas à détruire les archives de son frère et à saccager l’ancien domicile à la recherche d’une cachette. Il n’en faut pas plus à Watson et à Wiggins (jeune détective initié par Sherlock) pour imaginer le pire. En enquêtant sur ses agissements suspects, ils apprennent que Mycroft efface certaines preuves salissantes du passé de son frère. Pour lui, Sherlock, opiomane avéré, s’est suicidé, et Moriarty n’est qu’un fantôme de son esprit embrûmé. Pourtant, en remontant la piste, Watson et Wiggins découvrent un Moriarty en chair et en os, blessé et solitaire.
Livre 2, les liens du sang
16 avril 1844, Siger Holmes (le père de Sherlock), ancien militaire brisé par une hanche démise, revient des indes pour épouser Emilie, la sœur ainée des Sherrinford. Mais c’est l’insoumise Violet qui l’attire…
2 Juin 1891, Le docteur Watson, en quête de vérité, accompagné de sa femme et de Wiggins, rendent visite à Siger au manoir familial. Malheureusement, c’est un vieillard sénile à peine conscient de son état. D’ailleurs, Gloria Dumbley, sa soit-disant infirmière personnelle, empêche tout contact. Avide d’en savoir plus, Watson et Wiggins rentrent par effraction dans la chambre d’enfant de Sherlock. Dans cet endroit impersonnel, ils découvrent, dans le double fond d’un tableau, un livre dédicacé pour Violet de la part de Moriarty. Arrivée dans la nuit en grande trombe, la mère de Sherlock dévoile que ce dernier fut son précepteur dans sa jeunesse. Tout deux amoureux de la même jeune femme, Sherlock et Moriarty se livrèrent à une dispute violente qui blessa grièvement Moriarty et déclencha une haine éternelle…
Livre 3, l’ombre du doute
Suivant la piste, Watson embarque pour Pau, lieu de villégiature du jeune Sherlock. Sur place, les révélations ne finissent pas de l’étonner. Wiggins, resté à Bordeaux, tente d’approcher le Docteur Parks, afin d’en apprendre plus sur Gloria. Arrivé en pleine émeute, il est pris à parti et protège le docteur. Ce geste lui permet d’obtenir les informations tant recherchées.
Le dénouement approche, les pièces du puzzle sont toutes là. Il ne reste plus qu’à les ajuster…

Ceci n’est pas une enquête de Sherlock Holmes

Brunschwig, fin observateur (voir le pouvoir des innocents, le sourire du clown, Urban) s’attaque à la société anglaise du 19ème siècle. En jouant sur les conventions de l’époque, et les zones d’ombres laissées par les romans de Sir Arthur Conan Doyle, il invente un scénario “probable” de la vie “réelle » de Sherlock Holmes. Quelle belle idée (et quelle réussite) d’utiliser cette “icône”.
Et pourtant, Brunschwig ne cherche pas à casser le mythe, mais juste à construire une histoire dans l’histoire afin de découvrir « le vrai Holmes”, derrière le roman. Pour cela, quoi de plus logique que de laisser le docteur Watson, éternel conteur (et faire-valoir) prendre la parole. Pour rester cohérent, Brunschwig lui adjoint Wiggins, qui remplit la fonction dédiée à Sherlock : l’analyse froide et logique de la situation. Bien vu.

Enquête ou récit social ?

Brunschwig arrive à mener de front une aventure policière (à la recherche de Sherlock), et un récit sensible sur la société anglaise de l’époque. Comme dans un roman de Jane Austen, Brunschwig nous livre un récit romanesque, soigneusement construit et basé sur les rapports humains. Il dépeint fidèlement les rigidités de la société et analyse les comportements et motivations de chaque individu. Bien entendu, l’argent, l’amour et le statut social sont les principaux moteurs. Avec finesse, il décrit chaque personnage pour construire un tableau complet et cohérent de cette petite société.
Dans le tome 3, Brunschwig s’éloigne du petit monde étriqué de l’aristocratie, pour nous plonger dans les préoccupations du petit peuple. Pour cela, Wiggins est le guide idéal. Ancien gosse des rues, il en connaît les lois et les difficultés. Et pourtant, tout comme Wiggins, Brunschwig pose un regard à demi-contrasté sur cette classe sociale qui se laisse, elle aussi, diriger par l’argent.
Malgré les difficultés, les trahisons, les bassesses, il décrit le coté positif de ses personnages. L’amitié profonde entre Watson et Sherlock, l‘amour entre les époux Watson, le sens du devoir et de la probité de Wiggins et du Docteur Sparks. Et c’est bien en cela qu’on reconnaît son travail. Sans manichéisme, ni simplification outrancière, Brunschwig nous raconte dans toute sa complexité un petit bout de société.


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Et l’enquête la dedans ?

Si ces réflexions sociétales sont présentes dans un scénario de Brunchwig, il n‘en reste pas moins un conteur. N’oubliant pas son rôle « d‘amuseur », il déroule dans ce troisième tome une belle enquête aux multiples ramifications et aux engrenages complexes. Je me suis laissé prendre avec bonheur dans ce polar d’ambiance où le cadre humain est aussi important que le but recherché.

Le dessin de Cecil

Petit préambule : pour moi, le dessin de Cecil est tout simplement somptueux. Avant même de lire cette excellente bd et d’apprécier la profondeur, j’étais conquis à l’idée de lire une nouvelle bd dessinée par Cecil. Même si le thème de sa série précédente (Le réseau Bombyce) n’était pas vraiment à mon goût, j’avais repéré ce dessinateur.
Cette fois encore, Cecil assure. Son dessin, tout en camaïeux d’ocre ou de gris colorés est d’une grande finesse. Aussi bien dans les expressions des personnages que dans les rendus des décors, Cecil aborde son sujet avec précision et un souci extrême du détail. Que l’on soit dans une scène de huit clos intimiste ou sur le quai de débarquement d’un bateau, entouré d’une foule dense, le résultat est surprenant de réalisme. Mais Cecil ne se limite pas à reproduire la réalité. Son style, son sens de la couleur lui permettent aussi de livrer des planches d’une grande sensibilité. Regardez les passages oniriques pour vous en convaincre. Toute la palette des sentiments du Docteur Watson y est présente. A mon goût, ce dessinateur a vraiment un talent fou.
Cecil et Brunschwig se ressemblent sûrement dans leur façon de pratiquer leur métier. Tels des artisans inspirés, ils nous livrent une histoire en ambiance, en personnages haut en couleur et en aventure épique.
Chapeau messieurs !

Pour résumer

Courrez avec Le Docteur Watson à la recherche de Sherlock Holmes. Mort, il n’en est que plus insaisissable ! En approchant parents, et proches du jeune Sherlock, peut-être vous aussi, comprendrez vous cet homme exceptionnel…



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