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Le Top 50 des sons du premier semestre 2012

Publié le 28 juin 2012 par Lcassetta

L’année 2011 avait été sensationnelle musicalement. Une très grande variété d’albums et de nouveaux artistes se sont imposés durant cette période, et beaucoup de genres se sont répandus sur la scène musicale. L’explosion du Future Garage (ou Post-Dubstep), la montée du Modern R&B, des perles du hip-hop expérimental… On se souviendra de 2011 comme une année fantastique. Qu’en est-il en 2012 ? Si vous avez raté le coche, nous avons compilé les 50 meilleures chansons de ces 6 premiers mois de 2012 !

2012 a aussi eu son lot de merveilles. Après un départ relativement lent, les derniers mois de ce semestre ont été pleins de fantastiques surprises qui s’annoncent déjà comme les meilleures sorties de l’année. Entre le Hip-Hop sans limites des Death Grips, la surpuissance de la House espagnole de John Talabot ou encore l’Electro nostalgique de Lone, 2012 a été pleine de surprises. Personnellement, j’attendais surtout les grosses sorties de 2012 d’anciens groupes qui ont déjà fait leurs preuves. Animal Collective, Crystal Castles, The Knife, G.O.O.D Music, Purity Ring, Dirty Projectors et tant d’autres groupes ont annoncé des nouvelles sorties cette année… Mais il s’est avéré que, en attendant leur sortie, énormément de nouveaux artistes ou d’anciens groupes inattendus ont été les plus efficaces cette année.

Découvrez sans plus attendre notre classement !

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#50 – TNGHT - Bugg’N

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Hudson Mohawke et Lunice sont TNGHT et ont décidé de faire du hip-hop aux allures très Crunk futuriste, un peu comme Baauer avec Harlem Shake, mais sans basse annihilatrice. Les buzz, les bleeps, les blops, les drips, les drops, les dum, etc. donnent un côté presque spatial au hip-hop déjà très twisted des deux compères, et on ne peut qu’être confiants pour l’avenir du Trap avec TNGHT.

#49 – Lapalux – Gutter Glitter

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L’EP de Lapalux est facilement oubliable, mais Gutter Glitter serait la seule raison de revenir dessus. Jouant sur un Post-Dubstep à la James Blake, aux textures distordues et douces, presque humaines, il mélange expérimental et R&B, en fourrant un peu de tout. Chaque moment est différent, chaque layer présente un son nouveau, et à chaque écoute on retrouve de nouveaux détails qui flottent autour. Un peu de gouttes d’eau par là, un peu de Drone par ci, mais surtout une profondeur très humaine qui rend la ré-écoute très plaisante.

#48 – Lambchop - Gone Tomorrow

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Le crooner nous offre 7 minutes de mélancolie à l’instrumentalisation sublime, où s’entremêlent violons, cordes folk et country, drums, pianos, et où se glisse subtilement la voix abîmée du chanteur avec finesse et puissance.

#47 – Danny Brown – Grown Up

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Danny Brown est au top du rap game, ça on le sait tous. Alors, en conséquence, il nous offre un petit voyage dans les années 90, en nous racontant son histoire sur un beat particulièrement old school, et la puissance du flow du rappeur et son honnêteté rendent cette success story particulièrement appréciable et presque inspirante.

#46 – Icona Pop - I Love It

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I Love It pourrait bien être l’hymne pop de cet été. Toute l’euphorie et la joie de n’en avoir rien à foutre de, mmh, un peu tout est retranscrite de manière glorieuse dans une performance vocale époustouflante, accentuée par le maximalisme de la production bien éléctro. La qualité lyrique est exceptionnelle, du refrain aux couplets en passant par le bridge. C’est délirant, c’est frais, c’est addictif, et c’est tout ce qu’on peut chercher d’un track d’Indie Pop.

#45 – Lemonade - Neptune

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Avec une production aussi aérienne, Lemonade mélangent un chant très R&B à des synthés chill-out et le résultat est immédiatement efficace, dès les premières vibrations de la basse au tout début : On sait que Neptune sera un voyage d’émotions, entre la pure mélancolie du chant et la nostalgie poignante du beat.

#44 – Airhead - Wait

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Le partner in crime de James Blake revient avec un track très particulier. Peut-on réellement parler de Future Garage ? Ce crossover est un hybride à mi-chemin entre Indie Rock et Dubstep. Airhead décompose, démantèle et disperse une guitare et un sample féminin sur une production très soul pour un résultat aussi abstrait qu’original et captivant.

#43 – Spiritualized - Hey Jane

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Avec 9 minutes, Spritualized s’engagent pour un autre epic, où plusieurs layers s’étalent, prennent forme, se distordent, disparaissent, réapparaissent, et guident la chanson vers plusieurs chemins, de la première partie très effrénée à l’autre moitié, plus douce. Mais c’est cette complexité qui vaut la peine de passer par 9 longues minutes de pur rock.

#42 – Perfume Genius - Hood

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Mike Hadreas nous délivre, en deux minutes, une très belle introspection à l’instrumentalisation simple et touchante, avec un chant lo-fi très émouvant et intense. On découvre un chanteur sensible, qui se force presque à dire de manière mélancolique You’d never call me baby, if you knew me true. Et c’est vraiment très beau, en toute objectivité.

#41 – Shlohmo - The Way U Do

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Je fais toujours en sorte d’être objectif à chaque fois, mais je me sens obligé de vous dire que c’est ma chanson préférée de ce premier semestre. Enfin bref. Du pur Shlohmo, bien classique, qu’on reconnaît immédiatement. La même formule marche à chaque fois, alors pourquoi changer ? Il nous offre alors une chanson particulièrement poignante, en retournant un sample lamenté dans tous les sens, lui faisant prendre tous les tons possibles, de l’aigu au grave, du triste au sensuel. C’est aérien, aquatique, éthéré, c’est Shlohmo quoi.

#40 – DIIV - Doused

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On a fini par s’habituer à la Pop très Shoegaze psyché de DIIV, mais Doused reste plus originale : Des sonorités gothiques, du Dream Pop bien sombre et une maîtrise remarquable.

#39 – Marcel Dettmann - Landscape

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Dettmann a produit un track qui semble perdu entre les anciennes productions d’Autechre et le dernier album d’Actress. Alors oui, rien de nouveau dans le catalogue du producteur, de la Techno bien sombre, mais ce sample progressif conduit toute la chanson dans un abîme presque chaotique, qui semble sortir des ténèbres de la Techno underground avec une puissance phénoménale.

#38 – Jessie Ware - Wildest Moments

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La diva du Future Garage, l’égérie de SBTRKT, Disclosure et consorts, n’a jamais été aussi forte que seule. En effet, on l’a connue sur les tracks de ces producteurs, mais seule, elle brille de mille feux, et arbore une gloire et une assurance qui fait d’elle une chanteuse accomplie. Wildest Moments est sûrement son meilleur track pour l’instant, avec son chant Neo-Soul puissant et ses lyrics pleines de force qui font d’elle l’un des meilleurs débuts de l’année.

#37 – Joy Orbison & Boddika - Mercy

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Kanye n’est pas le seul à avoir son Mercy cette année. L’un des meilleurs producteurs de ces dernières années s’associe avec Boddika pour une n-ième fois pour produire ce banger : Après deux minutes de voyage dans les profondeurs de la Bass Music, on a droit à ces synthés profonds, ces drums aliénants et ce sample plaintif. Sur le papier ça a l’air basique, mais on ne sait jamais à quoi s’attendre avec Joy O. Ce qu’on sait, c’est qu’on n’est jamais déçu.

#36 – Django Django - Default

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La folktronica de Django Django a cette originalité dans sa structure. Les synthés psychédéliques, le refrain composé d’un De-ee-ee-fau-o-o-o-ault découpé, éparpillé et décomposé rappellent immédiatement Bibio et sa folk qui mêle Hip-hop, Glitch et autres genres qu’on n’aurait jamais cru voir ensemble un jour. Mais Django Django le font à leur manière, avec leur Folk bien Garage, et s’imposent comme l’un des groupes les plus originaux de l’année.

#35 – ScHoolboy Q - Hands On The Wheel (Feat. A$AP Rocky)

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Les chansons de rap ayant pour thème les divers moyens de se mettre dans… des états seconds sont très nombreuses, tellement que c’en est devenu un élément essentiel du rap game mainstream. Mais Q et Rocky ne sont pas là pour nous lasser. Avec un flow exceptionnel et un hook mémorable, on a déjà une très bonne chanson. Mais tout réside dans la production : Best Kept Secret, le producteur, exploite une cover Folk de Pursuit Of Happiness de Kid Cudi pour donner au track un feel oldschool fantastique, ce qui rend Hands On The Wheel inoubliable.

# 34 – Cloud Nothings – Stay Useless

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Les riffs et le chant de Dylan Baldi sont de bons ambassadeurs de la puissance du Shoegaze et de la Noise-Pop, et le refrain de Stay Useless est poignant, lamenté, comme rarement des sons du genre l’ont été cette année.

#33 – The Shins - Simple Song

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On va faire très court si vous connaissez déjà le groupe : The Shins, c’est toujours aussi bon, lyriquement, dans le chant, et dans la puissance de la Power-pop. Sinon, si vous ne connaissez pas, ça ne sera pas un obstacle tellement Simple Song est aisément appréciable, tout en ayant des proportions… explosives !

#32 – Trust - Sulk

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En attendant Crystal Castles, l’intensité de Sulk fera largement l’affaire. Alors, oui, Crystal Castles a été imité plusieurs fois, mais là c’est l’une des rares imitations qui sonne vraiment sérieuse et indépendante. Peut-être que c’est le bariton gothique de Robert Alfons, peut-être que c’est le sample vocal lamenté qui tourne, peut-être que c’est le maximalisme du synthé. Peut-être aussi que c’est qu’Alfons sonne comme un Robert Smith moderne et qu’il mélange avec perfection la synthpop typiquement Crystal Castles-esque et son amour de la New Wave gothique à souhait. Et peut-être qu’en fin de compte c’est simplement la richesse de la chanson sur tous les points qui différencie Trust de tous ces groupes de synthpop génériques et qui rend Sulk aussi réussie.

#31 – Bobby Womack - Please Forgive My Heart

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Qu’est-ce qui pourrait aller mieux avec la voix profonde et gutturale du crooner qu’est Womack ? Du R&B futuriste ? Oui, je sais, vous êtes aussi étonnés que je le suis, mais il faut avouer que ça marche vraiment très bien. Quand on est à la fin de sa carrière et qu’on fait des aveux, on ne peut simplement pas le faire de manière pathétique. Vous imaginez le souvenir qu’on aurait de vous ? Non, on doit rester fort, puissant, et être The Bravest Man In The Universe (titre de l’album). Bobby Womack réussit ce pari avec brio et sa chanson est une plaie qu’il laisse ouverte avec assurance et puissance.

#30 – Grizzly Bear - Sleeping Ute

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Le groupe est de retour, et quel retour. Veckatimest, leur dernier album, avait placé la barre très haut en termes de production dans leur genre. A aucun moment sur-produit, tout était embelli par des détails impressionnants et fascinants. Sleeping Ute n’est peut-être pas aussi bien produit, mais il faut avouer que même pour Grizzly Bear c’est dur de faire comme Grizzly Bear, tellement c’était extrêmement solide. Sleeping Ute reste une chanson formidable en termes de production, avec sa guitare qui atteint des sonorités aussi intenses que belles, et un Daniel Rossen qui murmure d’une mélancolie profonde I jus’t can’t help myself… 

#29 – Japandroids - The House That Heaven Built

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Sûrement l’une des chansons les plus motivantes de cette période, The House That Heaven Built nous propulse en l’air avec ses drums puissants, ses riffs qui claquent, et la violence du Noise. Le refrain est une véritable hymne, avec son And if they try to slow you down, tell them all, to go to hell, et le songwriting est d’une complexité fascinante.

#28 – The Walkmen - Heaven

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The Walkmen c’est un peu un groupe de mecs déprimés. Mais Heaven transmet cette mélancolie avec une qualité remarquable, des drums lourds aux arrangements touchants. Le chant est tout aussi heartbreaking, avec ses ooohs poignants, mais au final on se souviendra surtout d’une chose : Heaven est l’une des chansons les mieux écrites cette année.

#27 – Animal Collective - Honeycomb

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Qu’est-ce qu’on peut attendre d’AnCo en 2012 ? La même originalité, la folie du sampling, l’expérimental profond… Animal Collective quoi. Si leur prochain album est annoncé comme étant plus Garage et moins expérimental, Honeycomb, single hors-album, est un bon portfolio de ce qu’ils font si bien : sampler n’importe quoi, repousser les limites de l’expérimental, propager des émotions avec une aisance audacieuse. Et c’est toujours aussi bon !

#26 – Poolside - Slow Down

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Quand on parle de chanson d’été, ça a plusieurs sens. Ça peut être une chanson pour faire la fête, une chanson pour les feux de camps, une chanson pour la plage… Mais Slow Down n’a jamais été aussi proche de la définition littérale. C’est purement la chanson pour ne rien foutre. S’asseoir. S’allonger. Bronzer. Dormir. Lire. Penser. C’est contagieusement lent, et la seule chose qu’on veut faire quand on écoute les synthés lents et colorés, et le chant lo-fi, c’est typiquement de slow down pour de vrai.

#25 – G.O.O.D Music - Mercy

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Ca semble très bien parti pour l’album collaboratif du label de Yeezy. Sur une production dancehall, Kanye ameute ses loups autour de sa meute et montre les crocs avec 4 couplets tous aussi bons les uns que les autres. On notera le côté très Gone (vous savez, le dernier couplet coupé du beat, celui qui est le meilleur couplet qu’il ait jamais fait ?) du couplet de Yeezy, préparé par un changement de beat, mais c’est totalement Pusha-T qui prend le rôle du mâle dominant ici. Son couplet est délivré avec tellement de prestance qu’il éclipse tous ses camarades, et il y a fort à parier que beaucoup d’entre nous n’attendront plus cet album seulement pour Kanye West, mais se souviendront qu’il a plein de potes tous aussi égo-maniaques que lui.

#24 – Dream Continuum - Giv A Lil Luv

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Eh oui, Machinedrum frappe à nouveau, avec Om Unit cette fois. Le stand-out track de l’excellent Reworkz EP est un pur banger, mais surtout un game changer, ce genre de chanson qui atterrit comme une bombe et qui impose de nouveaux standards. On ne saurait pas vraiment situer cette chanson, perdue entre l’Oldschool Jungle des années 90, le Footwork et le Future Garage d’aujourd’hui, mais ce qui est sûr, c’est que ce sample pitché à souhait, ce bon feeling de revival du Jungle, et cette basse sont inoubliables.

#23 – Andres - New For U

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Vous vous souvenez tous de Blackwater ? Mais si, cette chanson qui a fait le tour des DJs sets de Deep House il y a 10 ans. La sensualité de cette chanson, et son feeling très luxueux la rendait fortement plaisante et accessible, propageant joie et amour autour des discothèques, des restaurants, des hôtels… New For U est une sorte d’adaptation moderne de ce hit. Les cordes suaves et sensuelles nous renvoient à tellement d’émotions douces et profondes qu’on est directement immergés dans une joie presque naturelle, et la Deep House très Disco de New For U est un plaisir fantastique.

#22 – Chromatics - Kill For Love

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Chanter I’ve killed for love en 2012, c’est kitch. Enfin, 2012 ou pas, ça l’est. Alors comment font Chromatics pour le faire sans sonner banals ? C’est peut-être la production, intense et épique, avec ses synthés aigus, sa guitare profonde et effrénée. Mais c’est beaucoup plus Ruth Radelet qui chante de manière presque lamentée avec assez de mélancolie et de romance pour que ce soit l’un des sons de Pop les plus efficaces cette année.

#21 – Ty Segall Band - Wave Goodbye

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Quand j’ai laissé Ty Segall avec Goodbye Bread l’année dernière, je ne pensais pas qu’il pourrait être un jour aussi violent qu’avec son groupe. Les cris sont gutturaux, les riffs agressifs, et la gloire du punk est célébrée avec une maîtrise exceptionnelle. C’est un petit détail, mais le simple FUCK YEAH de Segall à la toute fin traverse la puissance du riff et l’ampleur de la chanson avec une gloire et une assurance qui ferait croire que Segall et ses potes sont des vétérans du genre.

#20 – Ab-Soul - Terrorist Threats (Feat. Danny Brown)

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Les trois compères de Top Dawg Entertainment se sont bien imposés dans le rap game cette année. Mais si Ab-Soul est le moins connu des trois, il n’en est pas le moins bon. C’est ainsi que le jeune black hippy se hisse parmi les rares personnes à avoir pu kill Danny Brown sur un track. Et quel track ! On en oublie presque le couplet de Brown tellement Ab-Soul prend viscéralement le rap conscient pour dénoncer les magouilles politiques, avec un flow pitch-perfect sur un beat sensationnel et hanté mêlant fraîcheur du Cloud Rap et feeling oldschool.

#19 – Laurel Halo - Light + Space

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Light + Space fait honneur à son titre. Le splendide beat, perdu entre minimalisme expérimental, craquant des synthés à peine audibles et déversant un ambient doux et émouvant, semble tellement simple, mais emplit totalement l’espace, tout en laissant place à la lumière du chant objectivement magnifique de Laurel Halo, qui délivre une prestation presque orchestrale transmettant une émotion intense. Words are just words, that you soon forget… dit-elle avec une douleur viscérale. Et c’est précisément ce qu’on pourrait écouter si Björk avait décidé de produire sur Hyperdub.

#18 – Beach House - Myth

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Dès les premières secondes, on sait qu’on ne s’est pas trompé : c’est bien Beach House, l’ambiance brumeuse et profondément mélancolique, le chant laid-back mais intense, et les synthés à la douceur vicieuse. Mais le groupe sonne plus solide, plus déterminé que sur beaucoup de leurs anciennes chansons, surtout sur la production, où la voix est beaucoup plus travaillée et intégrée comme un instrument. Beach House, c’était déjà excellent, et là ils reprennent la même formule en s’occupant de soigner chaque petit détail. Comment ça ne pourrait pas être génial ?

# 17 – Machinedrum - Nastyfuckk

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Assez étrange que le meilleur track Juke de l’année ne soit pas totalement du Juke. Enfin, on a pris l’habitude avec Machinedrum. Ici, la basse issue des ténèbres les plus profondes du genre vient réveiller les diables des drums du BPM et la chanson prend des airs de Dubstep et d’EDM. Et paf, surprise, en plein milieu, la seconde moitié se transforme en un synthé très doux et fin, presque sauveur. Et c’est bien le contraste entre violence pure et finesse rare, entre Juke et EDM, qui fait de Nastyfuckk l’un des meilleurs crossovers de l’année.

# 16 – Fiona Apple - Werewolf

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Apple est reconnue pour sa qualité lyrique et l’intensité dans sa voix grave et profonde. On retrouve tout ça dans Werewolf, avec une finesse lyrique exceptionnelle et une teneur puissante dans le ton mélancolique de la chanteuse. Mais l’instrumentalisation relativement simple d’habitude se retrouve ici chamboulée par un simple élément : le sample à la fin. Pourquoi ces enfants crient ? Crient-ils de joie ? De peur ? C’est bien cette sensation hésitante, où on ne sait jamais s’il faut rire ou pleurer, qui caractérise la chanson de Fiona Apple et la rend si glorieuse.

# 15 – Purity Ring - Fineshrine

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Des 5 chansons spectaculaires que le groupe a sorti, Fineshrine est l’une des meilleures. Jouant sur un synthé intense et aliénant, une bassline profonde et la même structure unique du glitch-hop et du pitch vocal, la chanson ressemble beaucoup aux 5 autres stand-outs. Megan Jaymes a l’air toujours aussi innocente-mais-machiavélique, avec son chant enfantin et aigu… Mais Fineshrine est étrangement morbide, et rend la chanteuse encore plus fascinante qu’elle ne l’a jamais été. Le track rend l’avenir de ce groupe très certain : On entendra encore parler de Purity Ring pendant des années et des années.

# 14 – Actress - Caves Of Paradise

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Je n’ai jamais réellement compris ce que faisait Cunningham (aka Actress). A chaque fois qu’il sort un album, c’est un patchwork de genres qu’il affuble de genres aux noms étranges. Ici, Caves Of Paradise symbolise bien ce côté fourre-tout, mêlant IDM, Techno minimale à souhait et Post-Dubstep dans une symphonie fantastique. Beaucoup de profondeur émane du sample et de la bassline, et les bruits sourds des drums, accompagnés d’une flûte presque mystique coupent cette chanson de notre monde, et la rend réellement paradisiaque (à comprendre hors de notre univers). La chanson est délibérément lo-fi, et l’ambient accentue ce côté fantomatique qu’on apprécie tellement chez Burial mais qu’on attend moins chez Actress. Au final, on se demande si Villalobos, Shackleton et Burial n’auraient pas décidé de lancer une soirée underground au paradis et d’appeler Cunningham pour y faire danser les âmes errantes.

#13 – Frank Ocean - Pyramids

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Frank Ocean a peut-être bien inventé le R&B progressif épique. En 10 minutes, le crooner sensuel nous transporte dans un univers égyptien fantastique, avec un storytelling glorieux, à travers des loops très disco, space funk et électro, tout en gardant tous les éléments qui ont fait la gloire de sa première mixtape. Mais Frank n’a jamais sonné aussi immense. Les 10 minutes de la chanson sont absentes de tout moment où ça pourrait paraître sur-produit, ou prétentieux, et la complexité de la chanson n’obscure pas l’émotion directe qu’il transmet.

#12 – Matthew Dear - Her Fantasy

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La première chose qui nous vient à l’esprit, c’est bien Animal Collective. La qualité du sampling, la douceur intense du Chillwave et la maîtrise expérimentale de Matthew Dear est de retour dans une explosion de joie. Et il a beau chanter avec un vocoder très robotique, il arrive à transmettre une émotion très forte et beaucoup plus humaine que beaucoup des sorties de cette année. Mais oublions ça pour un moment, et laissez vous conquérir par la perfection de la production.

#11 – El-P - The Full Retard

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Contrairement à l’année dernière, 2012 est un véritable retour aux racines du rap. Et le flamboyant et excellent album d’El-P est l’un des meilleurs exemples de ce mouvement, avec The Full Retard comme messie qui rappelle l’ère 99 de Def Jux, avec le beat futuriste mais toujours aussi classique du producteur. Que les lines soient aussi déjantées et puissantes, c’est un fait, mais le flow d’El-P est l’élément qui cimente la puissance dévastatrice du producteur/rappeur avec finesse. Et sincèrement ? C’est toujours aussi bon de se dire qu’El-P n’a pas pris une ride. So you should pump this, like they do in the future!

#10 – John Talabot - Destiny (Feat. Pional)

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Il y a tellement d’excellentes chansons sur ƒIN, mais Destiny reste, avec So Will Be Now, la plus puissante. La House baléarique de Talabot rencontre la Pop de Pional dans une explosion de couleurs, où les échos et le synthé n’arrivent pas à arrêter la puissance du drop à 3:45, où le mot Destiny est répété en boucle, dans une précision expérimentale rare. Destiny n’est peut-être pas le meilleur track de ƒIN, mais c’est sans hésitation le plus solide et le plus maîtrisé, et… ce drop quoi.

# 9 – Usher - Climax

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Si j’étais flemmard, j’aurais simplement mis meilleur beat de Diplo et meilleure performance vocale d’Usher, mais cette chanson mérite qu’on s’y attarde plus. Alors, oui, Usher, chanteur radio, je sais, moi-même j’en suis surpris, mais passons. Et encore, oui, c’est bien le meilleur beat de Diplo et c’est bien la meilleure performance vocale d’Usher. Mais l’alchimie entre les deux artistes est telle que la voix éthérée et sensuelle du chanteur est en parfaite concordance avec la profondeur de l’EDM géniale de Diplo. Il n’y a aucun climax à proprement parler, car quand Usher monte, Diplo descend, et le beat suit cette progression irrégulière, guidant le chanteur avec une maîtrise fantastique qui élève cette chanson au rang de nouveau standard du R&B moderne et meilleure chanson de R&B de ces 6 mois.

# 8 – Baauer - Harlem Shake

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Je crois que ce n’est plus la peine de vous parler d’Harlem Shake. Si vous suivez l’actualité des DJs, vous devriez déjà savoir ce que je vais vous (re)dire dessus, et si vous nous aimez bien vous avez dû avoir déjà lu notre chronique ! Harlem Shake est le track passe partout de tous les DJ sets en vogue. Ce qui est impressionnant, ce n’est pas le côté original et futuriste de la chanson. Non, c’est cette basse destructrice de dancefloors qui fait encore plus peur que les fauves qui sont samplés dans la chanson. Et si Harlem Shake réussit autant, et est aussi spectaculaire, c’est bien pour l’effet direct de la chanson : pas de chichis, on danse tout de suite et on ne prend pas la peine de chercher de la profondeur. Le fast food musical n’existe pas encore, mais le concept de l’EDM est similaire : Baauer fait de la musique pour que les gens dansent. Ca marche ? Oui. Alors c’est plié.

#7 – Grimes - Oblivion

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Oui, Oblivion est sorti en 2011, mais l’album est sorti en 2012, ET PUIS QUAND C’EST AUSSI BON ON PEUT SE PERMETTRE DE TRICHER, NAH. L’univers de Grimes est l’un des plus fascinants de la Pop de ces trois dernières années, et la chanteuse déjantée nous offre sur ce track un chant délicieusement gênant et aigu, presque enfantin, et des paroles idiosyncratiques. Mais surtout, l’univers post-internet, post-pop, post-tout ce que vous voulez de Grimes est mis en valeur de manière fascinante à travers la production, purement synthpop, et qui rappelle la relation étrange de la chanteuse avec le monde digital à partir de 2:33, avec le synthé fait de vocals pitchés et le sample très Street Fighter (ou film d’horreur de série Z, au choix). Et c’est bien ce côté déjanté, presque ironique, qui rend Oblivion aussi attachant et ultimement ré-écoutable sans se lasser.

#6 Jai Paul - Jasmine (Demo)

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Mais comment il fait ce mec ? Il (re)sort de nulle part après deux ans et nous dépose une autre bombe. La production est spectaculaire, oscillant entre une basse sensuelle et wonky, une guitare funky, et énormément de détails. La production en elle-même justifierait déjà cette place dans le top, mais… Le chant. Damn. Un falsetto sensuel et délibérément lo-fi, pitch perfect, travaillé avec perfection, et un résultat époustouflant, regorgeant de beauté, de sensualité et totalement impressionnant.

#5 – Burial - Kindred

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Le maître a encore créé un chef-d’oeuvre, et entre nous, allez, on le savait. Oui, on le savait avant même d’écouter, Burial ne peut pas faire quelque chose de simplement bon. Mais franchement, je n’aurais jamais pu imaginer que l’EP aurait pu être son travail le plus complexe. Kindred en est la preuve, en faisant revivre le côté plus violent de son premier album, avec ses drums bien industriels et sa basse aux profondeurs uniques… mais on ne dirait pas réellement Burial. Enfin, sur le papier, si, mais là il y a quelque chose de beaucoup plus immense. Les drums sont encore plus lourds, la basse encore plus gritty, les détails beaucoup mieux cachés et l’émotion toujours aussi immédiate. Kindred prend des proportions épiques, s’étendant sur 11 minutes et 28 secondes de perfection, et s’imposant comme l’une des meilleures productions du légendaire producteur.

#4 – Killer Mike - Reagan (Prod. by El-P)

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Soyons clair, R.A.P. Music est désormais un nouveau classique du rap : aucun album de rap n’a été aussi intelligent depuis l’incontournable Black On Both Sides de Mos Def. Killer Mike est un lyriciste de génie, et il a tout compris au rap game depuis très longtemps. Avec Reagan, on a droit à du rap engagé sur l’injustice, dans l’Etat, dans la politique, dans le rap game lui-même, à la perfection lyrique rarement égalée depuis le début du siècle… mais tant de rappeurs ont de bonnes lyrics sans flow. Ce n’est évidemment pas le cas de Killer Mike, dont le flow ridiculiserait la majorité de ses contemporains. Ah, et je vous ai parlé de la production d’El-P ? Non ? Le duo gagnant de cette année, c’est deux vétérans qui en connaissent plus sur le rap game que The Source eux-mêmes.

# 3 – Death Grips - Hacker

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De toutes les folies des Death Grips, Hacker est sans doute la plus mind blowing. Il n’y a pas une seule chanson de tout le répertoire du groupe qui ne l’est pas, à vrai dire, et qui ne vous fera pas dire mais wtf ? avec un sourire, mais Hacker donne une nouvelle définition à l’incompréhension. Sérieusement, faites le moi savoir par e-mail si vous comprenez réellement cette chanson. La Techno aux allures de Disco délirantes de la chanson est en elle-même un élément suffisant pour rendre cette chanson géniale. Le storytelling d’MC Ride nous transporte dans une autre dimension, dans un monde étrange et totalement idiosyncratique jusqu’à la moelle. Toutes les lines de cette chanson sont quotables, absurdes, et indubitablement fascinantes. On écoute une fois, on ne comprend que dalle. On réécoute, toujours rien. Pour tout vous dire, on abandonne l’idée de comprendre au bout de la troisième fois, mais c’est toujours aussi appréciable de l’écouter en faisant semblant de comprendre ce qui se passe. TEACHIN BITCHES HOW TO SWIM! 

# 2 – Passion Pit - I’ll Be Alright

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Je savais que je n’étais pas le seul à penser à la production de Warp avant de lire d’autres critiques de cette chanson. I’ll Be Alright est le retour explosif et maximaliste de Passion Pit, après la douceur de Take A Walk. La chanson atteint une perfection extrêmement touchante, du maximalisme euphorique de la production, au chant émouvant d’Angelakos dont les textures sont très denses et humaines, et aussi à la finesse lyrique exceptionnelle. On croirait presque que la production a été faite par Rustie ou TNGHT, de par la vitalité du beat et les samples pitchés, coupés, et éparpillés, en passant par le bridge épique qui prend des sonorités glitch-hop. Mais tout ce maximalisme jovial devrait nous ramener aux festivités et non pas à la mélancolie que vit Michael Angelakos. Apparemment, sa situation est invivable, et chaque line du chanteur devient difficile et lourde à écouter, tellement la finesse du storytelling rendent l’histoire émouvante et provoquent une empathie puissante. Quand, dans le refrain, dans son falsetto le plus poignant, il chante You can go if you want to, I’ll be alright, alriiight… on comprend qu’il est perdu, qu’il hésite, comme s’il essayait de se convaincre lui-même. Et ultimement, le génie de la chanson vient du mélange aussi improbable entre l’intensité du beat et celle du chant, mais ce qui frappe le plus, ce n’est pas le fait que ce track soit extrêmement complexe : c’est que Passion Pit arrivent à diffuser autant de puissance à plusieurs moments de la chanson avec tant d’aisance qu’on croirait que toute la complexité disparaît sous le refrain. Et c’est bien là le talent des magiciens : Aussi compliqué et magique que ça en a l’air, ils ne révèleront jamais ce qui se cache sous leur chapeau, et si I’ll be Alright n’est que le deuxième pigeon sorti du chapeau de Gossamer, leur prochain album, il y a fort à parier que les prochains seront aussi poignants.

# 1 – Lone - Crystal Caverns 1991

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La meilleure chanson de ce premier semestre est sans hésitation Crystal Caverns 1991. L’inspiration de Lone l’a mené à nous faire vivre les mythes que nous avons entendu sur la rave music des années 80/90. Et il faut un toucher de Midas particulier pour transformer ce qui pourrait ressembler à un simple pic de nostalgie d’un vieux raver en un track maîtrisé à la perfection, du début à la fin. Car si la première partie est déjà parfaite dans la beauté de l’ambient, la profondeur du synthé et la nostalgie ambiante, on ne rigole plus du tout au moment du switch à 1:42 où tout s’affole. Plus qu’un simple documentaire sur la rave music, la jungle et l’oldschool, cette partition à 1:42 est le reflet du talent de Lone, qui transforme la magie de l’époque avec son expérience dans le hip-hop et l’IDM. L’ambient est digne de 808 State, ce qui est déjà un grand honneur, mais Crystal Caverns 1991 est exécuté avec tellement de perfection et avec une maîtrise tellement époustouflante qu’on devrait presque dire que 808 State devraient être fiers d’avoir inspiré un banger aussi glorieux.

Le Top 50 des sons du premier semestre 2012
Si Mohammed El Hammoumi (Si Mohammed El Hammoumi)

Je suis le rédacteur en chef du site. Je suis marocain, j'ai 18 ans et je suis étudiant... Bref, sachez surtout que je suis un énorme passionné de musique underground et de journalisme musical qui connaît le sujet de fond en comble. Je trouvé énormément de plaisir à écouter, partager, découvrir, parler, débattre et autres activités tant que ça concerne la musique. Voilà !


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