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Adieu Berthe, l’enterrement de mémé (actuellement au cinéma)

Publié le 28 juin 2012 par Alex75

Adieu Berthe, l'enterrement de mémé (actuellement au cinéma) dans theatre et 7e art

Des acteurs éprouvés et un scénario un peu lâche mais sympathique : voilà l’impression que l’on a après avoir regardé Adieu Berthe, un film de Bruno Podalydès. De quoi s’agit-il ? Des amours d’Armand et la mort de Berthe, sa grand-mère, mis en scène avec un cynisme bon-enfant – même s’il devient lassant à la longue – et servis par des acteurs de talent et des dialogues amusants. Valérie Lemercier et Podalydès forment un duo que les spectateurs ont apprécié dans Palais Royal et qu’ils retrouveront avec plaisir.

Armand (Bruno Podalydès) est un quadra pharmacien bonhomme qui, entre sa femme Hélène (Isabelle Candelier) et Alix, sa maîtresse, (Valérie Lemercier), habite une banlieue pouponne de Paris. Mais il doute, le pauvre bougre, il ne sait comment quitter sa femme qu’il aime, enfin, qu’il aime bien – et, en attendant, il voit sa maîtresse en cachette. Le scénario n’est évidemment pas sans rappeler le vaudeville et ses ingrédients. Il y a la femme et la maîtresse entre lesquelles Armand, l’homme-enfant, se débat ; il y a également le soupirant de sa femme, le directeur des pompes funèbres, et enfin sa difficile belle-mère, surnommée par ses soins « la mère sup ». Armand vit ses amours comme il peut, à coup de texto dans les toilettes, comme un adolescent qui aurait peur de se faire prendre, jusqu’au dénouement final où – horreur ! – il se fait surprendre, au matin, dans la chambre de la grand-mère morte où il avait passé la nuit avec sa maîtresse. Encore une fois, l’intrigue est un peu lâche, mais les personnages, mari faible mais gentil, amante hystérique mais un peu perdue, belle-mère snob, restent attachants tout au long du film.

Une touche de cynisme bon-enfant aide le film à prendre un peu d’épaisseur. La façon dont la mort de la grand-mère d’Armand est traitée fait sourire. La mort devient un sujet de dérision, avec les deux croque-morts qui se disputent, en quelque sorte, le cadavre. Il y a d’un côté le croque-mort cool et sans vergogne (Denis Podalydès) qui parle de ses clients et des pompes funèbres comme de rien, et il  y a le croque-mort cérémonieux et fantasque (Michel Vuillermoz), maître des ambiances mortuaires lunaires jusqu’au ridicule, qui fait la cour à la belle-mère tout en lorgnant sa fille. Cynisme et fantaisie, donc, mais l’absence d’un scénario suivi manque là encore et le film a tendance à se diluer.

Quelques questions plus graves transparaissent pourtant : la question de la paternité par exemple, lorsque le fils d’Armand jette sur son père et ses aventures hors de saison un regard quelque peu pitoyable. Il y a bien sûr aussi celle de l’amour, mais on reste déçu par le dénouement inachevé : Armand obtient le pardon de sa femme qui l’aime et qu’il aime, mais au final, il disparaît à la fin du film, après avoir dispersé les cendres de sa grand-mère en présence de sa maîtresse dont on ne sait si elle-même va rejoindre son propre mari qui finalement lui manque. Les personnages sont fuyants et du coup, le film le devient aussi. De la même façon, le thème de la magie et de l’illusion est convoqué – Armand est un peu magicien et sa grand-mère aima en son temps un fameux illusionniste – mais on peine à l’intégrer vraiment dans la trame du scénario et il apparaît comme un prétexte fantaisiste de plus qu’on aurait aimé voir investi d’un symbole, d’une poésie.

Alors quoi ? Un film touchant et un peu bancal, des acteurs de talent, du charme dans les personnages, les réparties et dans maints détails – mais il manque ce qui fait qu’un film perdure : le souffle de l’intrigue et par-delà les merveilleuses fantaisies, une profondeur humaine qui les lie entre elles.

Christian.


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