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Des histoires de quéquettes sociétales

Publié le 04 juillet 2012 par Copeau @Contrepoints

Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, nous allons parler quéquettes sociétales. Que voulez-vous, c'est le mois de juillet ; l'été se prête bien aux sujets légers et futiles. Et avec la dernière gay pride, les récentes déclarations du gouvernement concernant le mariage homosexuel et les quelques éléments que je vais fournir plus loin, toute l'actualité pousse à se pencher sur ces questions qui intéressent tant la société et permettent de se détacher des petits soucis quotidiens...

Il faut dire que, du point de vue économique, les marges de manoeuvres de nos politiciens, fussent-ils de gauche, sont inexistantes.

Il n'y a plus un rond dans les caisses de l'Etat pour distribuer de l'argent gratuit à qui en veut ; il faut donc se rabattre sur les mesures et aménagements qui ne coûtent rien. Et le social, c'est à la fois médiatique, compatible avec les minorités visibles et bruyantes, et si ça ne permet pas toujours de rapporter gros dans les urnes, au moins cela occupe-t-il le bon peuple en dehors des périodes électorales. Mine de rien, lorsque l'avalanche de taxes se poursuit, garder l'esprit des gens occupés sur un ballon, un mariage gay, la féminisation de certains mots ou d'autres futilités dans ce genre, c'est indispensable.

Et c'est pourquoi nous avons droit, de façon hebdomadaire ou quasiment, à des petites tribunes ou de palpitantes analyses sur la vie sexuelle des Français ou de nouveaux Think-Tank dédiés au phénomène Queer, qui, justement, gagne ses galons de "phénomène" à force de l'écrire.

...

Or donc, pendant la campagne, on avait appris grâce à une enquête IFOP que les militants extrémistes étaient en moyenne de gros frustrés du zizi. Rigolo mais parfaitement inutile.

Cette fois-ci, dans l'Express, un sondage (pratiqué sur plus de 5000 personnes dans 11 pays différents) nous apprend la position sexuelle préférée des Français. Ce serait la levrette. Rien d'intéressant, jusqu'au moment où l'on demande son avis à des experts qui vont alors émettre une de leurs analyses indispensables à la bonne compréhension du monde.

Ainsi, pour la première experte, Elisa Brune, ce résultat et cette position la rendent un peu perplexe car "elle accentue l'aspect symbolique de soumission de la femme". S'en suit tout un paragraphe dans laquelle la "journaliste scientifique" nous explique que cette position montre la volonté de domination de l'homme sur la femme, et un lien avec la société en général. Dans le reste de son intervention, on découvre qu'en pratique, la position sexuelle est affaire, outre de soumission, de salaire et de morale plus ou moins inhibée, et que les garçons réagissent d'abord à la vue parce que leurs organes sont externes. On ne peut que se demander si l'experte vit de ses analyses. Si oui, cela m'ouvre tout un champ de possibilités à pigeonner du gogo que je n'aurais pas soupçonné.

Quand au second expert, Philippe Brenot, il a décidé qu'il n'était pas d'accord avec le sondage. Voilà, c'est dit. Au moins, cela simplifie l'analyse : les chiffres récoltés par le sondage peuvent bien montrer des choses, on s'en fiche puisqu'ils se trompent ou que, de toute façon, on n'est pas d'accord. Et pour lui aussi, la position est affaire de salaire. Il admet tout de même que "Notre travail de scientifique est de gommer ces idées reçues" ... Une technique de gommage consiste donc à enfouir les idées reçues comme, par exemple, que la levrette est une position très appréciée aussi des femmes, par des idées sociétales rigolotes aux délicats fumets de lutte des classes, de lutte des sexes et de classement salarial. C'est une méthode.

poufmag

A contrario de ces consternantes débilités dans laquelle la presse d'été barbote avec délice, on se demande pourquoi la même presse ne se penche pas plus sur le cas de Thomas Hollande, pourtant tout aussi amusant que celui de nos deux pieds-nickelés de l'analyse en sondages sexuels.

Thomas Hollande, c'est un peu le prolongement de la question "Que faire lorsqu'on est fils à papa ?" et qu'on ne veut pas devenir président de l'EPAD parce que bon, cela a déjà été tenté sans succès par d'autres. Eh bien on participe à une petite association lucrative sans but avec un nom pimpant et un but avoué très intellectuel, et probablement gentiment arrosé d'argent gratuit.

Si, avec Apple, on a trouvé comment penser différemment en fournissant à tout le monde les mêmes articles furieusement design, le fils Hollande, probablement aussi normal que son papa de président, a, lui, trouvé un moyen de faire un think tank différent, avec des bouts de vraie pensée alternative dedans : le Laboratoire Politique. Précisons tout de même que le brave Thomas n'est pas le seul embringué dans cette histoire et qu'il n'en est -- tout de même -- que le secrétaire général. L'équipe de direction au complet est consultable ici.

Avant d'éplucher plus avant le site, précisons un peu le sens de la démarche entreprise.

Soyons franc : si ce think-tank n'avait pas dans ses rangs le fils de l'actuel président, il est probable qu'il serait relativement inconnu et que je ne m'y serais pas intéressé. Mais surtout, ce Think-tank est à la fois dans l'air du temps et parfaitement raccord avec ce billet qui parle quéquettes sociétales. En effet, lorsqu'on lit le sujet de plusieurs de ses études, on se rend compte qu'une majorité d'entre elles porte sur ... des histoires de zizi.

Rien qu'à lire le Texte de cadrage, on comprend qu'il s'inscrit résolument dans les vraies questions modernes, de fond, celles qui tarabustent la population de ce siècle puisqu'il veut, littéralement, revisiter la théorie Queer. J'ai déjà rapidement abordé La théorie Queer, ou théorie du genre, dans un précédent billet lorsque l'Education Nationale, déjà doucement infiltrée par les tenants de cette théorie, avait fait passer leurs petites idées en loucedé dans les manuels de SVT distribués à nos têtes blondes.

À présent, nous avons donc un think-tank qui, grâce à l'argent de dons, de subventions et autres tuyauteries privées comme publiques, va donc évangéliser les foules sur différents sujets, certes, mais notamment sur la théorie du genre. Pour Thomas et ses mousquetaires des questions de zizi, la théorie queer peut être, je cite :

"...fort utile pour éclairer de façon nouvelle des environnements contemporains particulièrement complexes, mais aussi les identités culturelles multiples. Elle met en effet au cœur de son propos, via la transsexualité notamment, la question de la transversalité. Cette dernière autorise à penser les intersections entre toutes sortes d’entités : individus, groupes, macro ensembles (pays, entreprises…) et systèmes de valeurs (religions, culture…). La théorie Queer est bien la théorie qui permet de penser la traversée des frontières, qu’elles soient sexuelles, identitaires, culturelles ou politiques."

Ben oui : si la levrette, c'est pour les femmes soumises, la théorie Queer, elle, permet de penser la traversée des frontières, n'est-ce pas.

On pourrait s'attrister de voir toutes ces belles énergies dépensées et ces beaux penseurs vivre ainsi en dégoisant d'aussi consternantes absurdités, enfilées à rythme industriel comme des perles sur une ficelle de concepts fumeux et sans intérêts. Mais je vais prendre le parti de constater que finalement, cette merveilleuse société permet à tous ces gens de se trouver une occupation, et d'en vivre.

Jadis, les saltimbanques devaient aller de place en place pour récolter difficilement leur maigre pitance journalière en faisant des tours et des numéros comiques.

De nos jours, notre société du spectacle, de la distribution de bisous et de l'analyse des quéquettes et des zizis sous les angles les plus douteux, cette société scintillante de strass et d'apparats a donné un vrai statut à ces explorateurs d'improbable, en anoblissant les intermittents du spectacles qu'ils n'auraient jamais dû cesser d'être et en les transformant en de doctes foutriquets.

On ne peut qu'être admiratif : toutes ces richesses englouties pour analyser des sexes, ça veut dire qu'il y a encore de la marge avant d'avoir faim.

C'est bon à savoir alors que la rigueur (la vraie) approche.
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