La Nuit du Chasseur

Genre: drame
durée: 1h35
année: 1955
L'histoire: Un prêcheur inquiétant poursuit dans l'Amérique rurale deux enfants dont le père vient d'être condamné pour vol et meurtre. Avant son incarcération, le père leur avait confié 10 milles dollars. Pourchassés par ce pasteur psychopathe, les enfants se lancent sur les routes.

La critique d'Alice In Oliver:

La Nuit du Chasseur, réalisée par Charles Laughton en 1955, reste le seul et unique film de son auteur. Mais quel film !
En effet, La Nuit du Chasseur peut se targuer d'appartenir aux films cultes et aux grands classiques du cinéma.
Hélas, ce chef d'oeuvre sera mal accueilli par le public et connaîtra un bide commercial.

Cet échec cuisant forcera Charles Laughton à renoncer à la réalisation d'un nouveau film. Au niveau des acteurs, La Nuit du Chasseur réunit Robert Mitchum, Shelley Winters, Lillian Gish et Billy Chapin.
Dans un premier temps, le rôle du révérend Powell sera proposé à Gary Cooper mais ce dernier déclinera l'invitation.
C'est finalement Robert Mitchum qui campe ce personnage cruel, psychopathe, terrifiant et énigmatique.

Pour l'anecdote, c'est aussi l'acteur qui dirigera les enfants sur le tournage, Charles Laughton ayant peu de considération à leur égard.
Avec La Nuit du Chasseur, Lillian Gish trouve son meilleur rôle au cinéma. Jusqu'alors, l'actrice s'était surtout fait remarquer dans des films muets. 
Pourtant, lors du tournage, Robert Mitchum se montrera méprisant à son égard.

A la base, La Nuit du Chasseur est l'adaptation d'un roman écrit par Robert Grubb. Difficile de ranger ce film dans une catégorie particulière.
Sur ce dernier point, Charles Laughton varie les hostilités. La Nuit du Chasseur oscille entre drame, conte macabre, fantastique et thriller.
En un sens, il s'agit d'un film noir et totalement inclassable.

Attention, SPOILERS ! Lors d'un séjour en prison, le révérend Powell fait la connaissance d'un taulard. Ce dernier a dérobé une forte somme et a laissé l'argent à ses deux gosses, James et Pearl. Le prisonnier est condamné à mort.
Powell décide alors d'épouser la veuve mais n'a qu'un seul but en tête: faire parler les deux mômes. Mais le grand frère a promis de se taire et de ne pas révéler où se trouve l'argent.

A partir de là, c'est un road movie qui commence. Les deux gosses échappent de justesse au révérend. Alors que la famine commence à se faire sentir, nos deux héros trouvent refuge chez une bonne femme (Lillian Gish), à la fois autoritaire et maternelle. Le film brille surtout par son esthétisme en noir et blanc.
A ce sujet, Charles Laughton varie les contrastes et propose quelques cadres et plans de toute beauté.

Visuellement, La Nuit du Chasseur est une véritable merveille, l'ensemble faisant parfois penser à un conte fantastique à la tonalité mélancolique.
Ensuite, le film peut également s'appuyer sur l'interprétation magistrale de Robert Mitchum, absolument démentiel et terriblement inquiétant dans la peau de ce pasteur prêt à tout pour parvenir à ses fins.
Mais il ne faudrait pas non plus oublier la composition de Lillian Gish en femme forte, douce et sensible.

Enfin, le suspense est toujours au rendez-vous, Charles Laughton conférant à son oeuvre une ambiance anxiogène et éprouvante.
Le réalisateur insiste sur cette dichotomie entre le mal, représenté par la figure d'un pasteur, et le bien, symbolisé par deux gosses touchés à la fois par l'innocence et la brutalité du monde qui les entoure.
Plus que jamais, La Nuit du Chasseur semble influencé par les thématiques du bien et du mal. Charles Laughton signe une oeuvre particulièrement complexe qui mériterait sans doute une plus grande analyse.
Mais ne l'oubliez pas, vous êtes sur Naveton Cinéma !

Note: 20/20

 
La Nuit du chasseur / Bande-annonce