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Un discours juste

Publié le 22 juillet 2012 par Alteroueb

Il est des ambiances particulières, des atmosphères lourdes, des moments qui laissent une impression diffuse et mais suffisamment marquée pour savoir qu’ils vont marquer durablement l’Histoire. Les commémorations de l’abomination commise 70 ans plus tôt au Vel d’Hiv de ce dimanche feront incontestablement date. J’ai écouté en direct l’intervention du Président de la République, et ce que j’ai entendu m’a rendu fier.

Enfin un vrai discours de président
J’avais l’impression de redécouvrir une sensation inconnue : j’ai été fier d’être français et admiratif de la personne qui parle au nom du peuple français. François Hollande a dit en mots simples, ce qu’a été cet épisode glaçant de l’histoire : une monstruosité commise par des hommes, français, envers d’autres hommes, juifs ou non, français ou non, et a surtout pointé toute la responsabilité de l’Etat français dans cet horrible épisode. Seul Jacques Chirac, en 1995, avait osé l’évoquer. Tous les autres, engoncés dans leurs postures idéologiques, n’ont fait que déblatérer consensuellement, en occultant toute forme aussi minime soit-elle des responsabilités pourtant indiscutables de la France dans cette histoire.

François Hollande est allé beaucoup plus loin. Il n’a fait cependant que rappeler des évidences : «ce crime fut commis en France, par la France», «pas un soldat allemand n’a participé à cette rafle». Mais il a aussi évoqué l’autre visage d’une France généreuse. Ce crime «fut aussi un crime contre la France, une trahison de ses valeurs. Ces mêmes valeurs que la Résistance, la France libre, les Justes surent incarner dans l’honneur».

En fait, j’ai été scotché par ce que j’ai entendu. Une posture digne, un discours limpide, des mots simples, une expression grave, des évidences humanistes qui tranchent avec tout ce qui a été fait jusque-là. Au lendemain d’autres événements dramatiques où des gamins se font exécuter dans une école, dans une société où un adolescent sur deux ne connaît pas la rafle du Vel d’Hiv, et vraisemblablement beaucoup d’autres épisodes, il y avait besoin d’un discours qui sonne juste : «l’antisémitisme n’est pas une opinion mais une abjection», il est nécessaire de rappeler avec force ces pages d’histoire parce qu’elles ont une fâcheuse tendance à vouloir réapparaître.

«Quiconque oublie son passé est condamné à le revivre». Cette phrase, attribuée à Winston Churchill, à Primo Levi, et même à Karl Marx, retrouve plus que jamais toute sa pertinence, et surtout toute sa place dans l’école républicaine et laïque, saccagée, démolie par l’ancien gouvernement. C’est vrai qu’on ne peut pas à la fois courir après le FN et instruire la jeunesse sur les dangers de la xénophobie…

Merci Monsieur le Président. Maintenant, j’attends les réactions des barons de l’UMP.


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