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Les chevaux de frise de Claude Lévêque

Publié le 23 juillet 2012 par Marc Lenot
Les chevaux de frise de Claude Lévêque

Claude Lévêque, L'âge atomique, 2012, vue d'exposition

Chaque installation de Claude Lévêque est un émerveillement. On se dit :"non, pas cette fois, j'en ai trop vues, je connais tous ses trucs", et, à chaque fois ou presque, on replonge. Celle au CCC de Tours (jusqu'au 21 octobre) est, comme toujours, d'une simplicité biblique : un espace qui, ainsi vide, ressemble à un parking, de la peinture noire barbouillée sur les murs à hauteur d'homme, et une vingtaine d'obstacles. Ce pourraient être des obstacles anti-chars sur une plage de débarquement il y a 68 ans, ce pourraient être des chevaux de frise anti-manifestants il y a 44 ans, ce pourrait être un barrage sur une route de Palestine l'été dernier, ce pourrait être un dispositif sur un rivage pour empêcher les pateras d'accoster aujourd'hui, ce sont en tous cas des obstacles qu'il faut affronter. Ils sont garnis de barbelés (certes, la variété bénigne qui égratigne, pas celle de Colmar qui blesse) et, face à eux, on se retrouve soudain combattant dans les rizières ou les djebels, devant avancer à découvert, bondir d'espace sûr en planque hasardeuse, confronté à tous les dangers, à toutes les angoisses. Mais nul espoir de se cacher : la lumière des néons qui les constituent, car ce sont des balises éclairantes, éclaire crûment tout l'espace, saturant et éblouissant. Aucun camouflage possible, il faut naviguer entre eux et tenter de passer.

Les chevaux de frise de Claude Lévêque

Claude Lévêque, L'âge atomique, 2012, vue d'exposition

Avec trois fois rien, quelques néons, du barbelé, des pots de peinture noire, sans artifices, Claude Lévêque a réalisé, dans cet espace assez ingrat, des sculptures, une installation dont on ne sort pas indemne : surprise, saisissement, angoisse, émerveillement. L'âge atomique, puisque c'est son nom (d'après Elli et Jacno), est prémonitoire des guerres que nous affronterons, de la violence qui peuple notre monde. Jamais nous ne sommes à l'abri.

Les chevaux de frise de Claude Lévêque

Claude Lévêque, L'âge atomique, 2012, vue d'exposition

Coïncidence sans doute, mais si, cerné, on lève les yeux au plafond, les coffrages y dessinent un cercueil en forme de croix.

Les chevaux de frise de Claude Lévêque

Claude Lévêque, Anniversaire 1, 1983, coll. du FRAC Bourgogne

Dans la salle voisine, Lévêque montre une installation plus ancienne, Anniversaire 1, pleine de douceur nostalgique : quatre prénoms lumineux, dont le sien, trois îlots rocheux, pleins d'anfractuosités, de grottes mystérieuses et de cascades. Le quatrième îlot, surmonté du prénom Régis, est lui sablonneux, garni de quelques palmiers, une vraie robinsonnade ! Les quatre installations ne sont que faiblement éclairées par le néon qui les surplombe comme une auréole et les sculpte. Nous sommes 'au bord d'un secret à peine caché' (Michel Nuridsany).

Je n'ai pu aller à Fontrevaud voir son autre installation, qui, semble-t-il, mérite aussi le voyage.

Photos 1, 2 & 3 de l'auteur; photo 4 de François Fernandez, courtoisie du CCC et de la galerie Kamel Mennour. Claude Lévêque étant représenté par l'ADAGP, les photos seront ôtées du blog à la fin de l'exposition.


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