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Pascal Salin : "Il n'y a pas de crise de l'euro"

Publié le 24 juillet 2012 par Copeau @Contrepoints

Dans un article du Wall Street Journal, le professeur d'économie Pascal Salin explique qu'il n'y a pas de crise de l'euro. Le désordre économique que connaît l'Europe est une crise des dettes publiques qui résulte d'une mauvaise gestion budgétaire des États pléthoriques.

Par Daniel J. Mitchell, depuis les États-Unis.
Publié en collaboration avec le Cato Institute.

Le désordre en Europe a plutôt été source de frustration, surtout dans la mesure où presque personne ne prend les choses par le bon bout. Certaines personnes disent qu'ils veulent de "l'austérité", mais c'est en grande partie un "élément de langage" pour faire passer des impôts plus élevés. Ils s’opposent aux gens qui disent qu'ils veulent de "la croissance", mais c'est généralement un "élément de langage" pour davantage de dépenses keynésiennes.

Ainsi, vous pouvez comprendre pourquoi ce débat entre des impôts plus élevés et des hausses de dépenses crispe quelqu'un qui souhaite moins d’État. Sans compter que, pour m’irriter encore plus, beaucoup de gens soutiennent les plans de sauvetage parce qu'ils sont censés être nécessaires pour sauver l'euro. Quand je demande à ces gens pourquoi un défaut de la Grèce menacerait l'euro, ils me regardent comme si nous étions en 1491 et que je déclarais que la terre n'est pas plate.

Je suis donc ravi que le Wall Street Journal ait publié les judicieux commentaires d’un éminent économiste français (un héritier intellectuel de Bastiat !), qui partage mon dédain pour la discussion actuelle. Voici quelques extraits de la chronique du Professeur Pascal Salin, à commencer par son bon sens de départ.

Pascal Salin crise l'euroIl n'y a pas de "crise de l'euro". La monnaie unique n'a pas à être "sauvée", ou même détruite. La crise actuelle n'est pas un problème monétaire européen commun à tous les membres de l’eurozone, mais plutôt un problème de la dette dans certains pays -- la Grèce, l'Espagne et quelques autres -- qui se trouvent être membres de la zone euro. Plus précisément, il s’agit de problèmes de dette publique, issus d'une mauvaise gestion budgétaire de leurs gouvernements. Mais il n'y a pas de lien logique entre les situations budgétaires de ces pays et le fonctionnement du système de l'euro.

Salin se penche ensuite sur la façon dont le lien artificiel a été créé entre l'euro et les crises budgétaires, en faisant une très bonne comparaison (je la trouve bonne car j’avais fait la même) avec une potentielle faillite étatique aux États-Unis.

Le problème des dettes publiques ne devient un problème de l'euro que dans la mesure où les gouvernements décident arbitrairement qu'il doit y avoir une certaine "solidarité européenne" à l'intérieur de la zone euro. Mais pourquoi une participation commune à la même devise devrait-elle logiquement impliquer que les États dépensiers obtiennent nécessairement l'aide des autres ? Quand un État des États-Unis a un problème de dette, on n'entend jamais dire qu'il s’agit d’une "crise du dollar". C’est tout simplement un problème de gestion budgétaire de cet État.

Il explique alors qu’une crise de l'euro est en train de se développer, mais uniquement parce que la Banque Centrale Européenne a renoncé à son indépendance et mène des renflouements en sous-main.

C’est parce que les politiciens européens ont décidé de créer un lien artificiel entre les problèmes budgétaires nationaux et le fonctionnement du système de l'euro qu’ils ont désormais créé une "crise de l'euro". Pour aider les États mal gérés, la Banque Centrale Européenne est maintenant conduite à acheter des obligations publiques émises par les gouvernements ou à fournir des liquidités pour soutenir leurs banques en faillite. Ce faisant, la BCE viole ses propres principes et introduit des distorsions nuisibles.

Last but not least, Salin avertit que les politiciens utilisent la crise comme excuse pour renforcer les mauvaises politiques - une version européenne de la Loi de Mitchell, qui dit qu’une mauvaise politique (des dépenses excessives) est la prémisse à une politique encore plus mauvaise (la centralisation).

Les politiciens font maintenant valoir que "sauver l'euro" est non seulement indispensable pour soutenir les États irresponsables de l'Europe, mais aussi pour centraliser les prises de décision. C'est maintenant l'opinion dominante des hommes politiques en Europe, particulièrement en France. Il y a quelques raisons qui font que les politiciens de Paris pourraient adopter ce point de vue. Dans un proche avenir, ils pourraient se retrouver eux aussi dans une situation similaire à celle de la Grèce, de sorte que toutes les pistes pour "sauver l'euro" pourraient également être utiles pour eux dans les plus brefs délais. Ils pourraient également chercher à détourner l'attention publique des problèmes internes de la France vers le reste de l'Europe. Il est plus facile de se plaindre de ce que les voisins font que de s'attaquer aux problèmes de la maison. La France a besoin d’une réduction drastique des impôts, de déréglementations de grande envergure et d’une libéralisation du marché du travail. Il est beaucoup plus simple de focaliser l’attention des médias sur la prochaine rencontre avec Angela Merkel concernant la "crise de l'euro".

Ce n’est pas un sujet très heureux, mais il est important car il comporte des implications énormes : l'Europe est d’ores et déjà en désordre et la crise des dettes va se propager tôt ou tard aux pays soi-disant vertueux comme l'Allemagne et les Pays-Bas. Et les États-Unis ne seront pas loin derrière.

En attendant que le monde s'écroule, distrayons-nous avec cette caricature sur les plans de sauvetage en Europe ou en Amérique, avec cette vidéo parodique sur l'Allemagne, avec ce dessin humoristique sur la Grèce qui a choisi de rester dans la zone euro, avec cette carte illustrant la façon dont les Grecs voient l'Europe, et avec cette caricature sur Obama et le modèle européen.

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Sur le web.
Traduction : Raphaël Marfaux pour Contrepoints.

Lire aussi :
Sur le même sujet, Comprendre la crise et l'euro par Jacques de Guenin, sur Enquête&Débat.


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