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Ma France

Publié le 25 juillet 2012 par Malesherbes

Henri Guaino s'est élevé contre le discours du président Hollande, disant " Bien qu'il soit président de la République, [il] n'a pas à parler en mon nom, il n'a pas à parler au nom de la France que j'aime, de la France qui est ma France.. " Qui est-il donc pour s'approprier la France ? Monsieur Guaino a peut-être le droit de dire " Je ne me reconnais pas encette France "mais assurément pas celui de faire de la France son bien. La France est le bien de tous les Français. D'autre part, il me semble ignorer ce qu'est la démocratie. François Hollande est le président élu et il a pleinement le droit de parler au nom de la France. C'est ce que, pendant cinq longues années, l'homme que lui Guaino a fidèlement servi ne s'est pas privé de faire, nous couvrant trop souvent de honte.

Qui représente un pays ? Ce sont ses dirigeants, qu'ils soient légitimes ou non, qu'ils aient accédé au pouvoir légalement, par une révolutionou par un coup d'État. Les Allemands ont élu Hitler chancelier et le Troisième Reich a bien été la continuation de l'Allemagne. Je n'ai jamais été convaincu par la distinction subtile que l'on établissait entre Allemands et Nazis. Bien sûr, tous les Allemands n'étaient pas nazis mais chaque peuple est responsable des actes de ses dirigeants. Cela n'est pas un obstacle à la réconciliation entre la France et l'Allemagne car les Allemands qui n'ont pas connu cette période tragique ne sauraient être tenus responsables des fautes de leurs pères.

Le 18 Brumaire, Bonaparte s'est emparé du pouvoir par un coup d'État. Cela l'empêchait-il de représenter la France ? Suite à une insurrection le 13 mai 1958 à Alger, la Quatrième République a fait appel à l'homme du 18 juin et lui a cédé le pays. En dépit des circonstances exceptionnelles qui ont alors ramené Charles de Gaulle au pouvoir, personne ne lui a discuté le droit de représenter la France.Et lorsqu'en 1940 des parlementaires indignes se sont couchés devant Pétain, en dépit de la fiction qui consiste à dire que l'État français n'était pas la France, le Maréchal a ensuite agi au nom de la France et l'a salie.

François Hollande ayant déclaré que le crime du Vél' d'Hiv' " fut commis en France par la France ", Henri Guaino s'insurge " Ce qui a été commis au moment de la rafle du Vél d'Hiv est une abomination. C'est une horreur [...] Mais la France, qu'est-ce qu'elle a à voir avec cela? " Eh bien, elle a à voir parce que ce crime a été commis par ceux qui, pour illégitimes qu'ils fussent, la dirigeaient et la représentaient. Et Guaino n'hésite pas à recourir à l'insulte, ajoutant : " Peut-être que Monsieur Hollande se sent plus proche de la France des notables apeurés qui se sont précipités à Vichy après l'armistice ". Qu'est ce qui lui permet d'injurier ainsi notre président ?

Si j'ai bien compris, bien que désapprouvant la dérive droitière impulsée par Nicolas Sarkozy à sa campagne, Henri Guaino n'a pas manifesté ses états d'âme et a fidèlement servi son maître. Trop de catastrophes sont survenues quand des hommes s'en sont remis aveuglément à un guide, un Duce, un Caudillo, un Führer, un petit père des peuples. C'est Guaino qui, toutes proportions gardées bien sûr, est proche des notables apeurés qu'il évoque. Ils se sont tournés vers Pétain, lui ne connaît qu'un soleil, Nicolas Sarkozy.


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