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Huia Hamon. "Les choses bougent sur la scène maorie"

Publié le 27 juillet 2012 par Canalkiwi81 @TitusFR


La chanteuse et compositrice maorie Huia Hamon sort aujourd'hui son tout nouvel album, Waiata. Un cadeau bienvenu en plein coeur de la semaine nationale dédiée à l'expression en maori. Huia gère, parallèlement à sa propre carrière de musicienne, le studio Kog, d'où sont sortis de nombreux projets avant-gardistes, à l'instar des deux compilations "Tatou Tatou E", qui ont fait forte impression dans le paysage musical néo-zélandais. Ces deux albums jettent en effet un peu de lumière sur la vitalité de la scène maorie contemporaine, car on y retrouve ce que la Nouvelle-Zélande fait de mieux aujourd'hui dans le domaine du reggae maori, du hip-hop, de la soul ou du R'n'B. Récemment, on l'a aussi vue faire quelques apparitions sur le dernier album du rappeur néo-zélandais Mikey Rockwell, "Free slaves".

Canal Kiwi - Huia Hamon,  Comment expliques-tu le fait qu'autant de musiciens maoris aient adopté le reggae comme moyen d'expression ? Est-ce lié à la musicalité de votre langue, qui se marie si bien avec ce groove…

Huia Hamon - Je pense que les "vibes" du reggae correspondent assez bien au mode de vie maori. On est plutôt cool, on n'aime pas se prendre la tête… Les paroles des chansons reggae sont en général assez simples. Par contre, le mariage entre notre langue et le groove reggae n'est pas toujours facile, contrairement à ce qu'on pourrait penser. Le maori est une langue ancienne où il est parfois difficile d'exprimer les choses en peu de mots. Il faut donc très souvent avoir recours à la poésie, à des formes elliptiques, plutôt que de rechercher la précision dans les paroles.

CK - Quand a débuté cette fascination des artistes maoris pour le reggae ?

Huia - Je pense que tout cela remonte à la visite effectuée par Bob Marley en Nouvelle-Zélande. Ce fut l'élément déclencheur… 

CK - Qui à ton avis a lancé ce mouvement en Nouvelle-Zélande ?

Huia - La formation mythique The Herbs fut l'une des toutes premières à se lancer dans ce créneau. Ils ne se limitaient toutefois pas au reggae. Leur répertoire était assez large. A mon sens, mais ça n'engage que moi (rires), le meilleur groupe de reggae maori aujourd'hui serait Katchafire, parce qu'ils sont d'extraordinaires musicos, qu'ils produisent un reggae novateur, n'hésitant pas à s'abreuver à des sources multiples. Ils tournent dans le monde entier à longueur d'année et caracolent en tête de nombreux palmarès !

Huia en studio.

CK - Que penses-tu de la vitalité de la scène musicale maorie en ce moment ? 

Huia - Les choses bougent énormément depuis quelque temps. Il y a des artistes incroyables qui émergent et qui chantent à la fois en anglais et en maori. Ce qui est curieux, c'est qu'on entend beaucoup de chansons où les deux langues cohabitent. Même si les gens s'habituent à entendre le maori, je crois qu'il y a encore un peu de chemin à faire, dans les mentalités, pour arriver à ce que les artistes maoris choisissent de chanter leurs chansons dans leur langue d'un bout à l'autre. On va y arriver, doucement mais sûrement…

CK - Toi-même, tu composes à la fois en anglais et en maori… 

C'est vrai (rires). C'est lié au fait que je ne pratique pas encore parfaitement le maori, qui ne m'a pas été transmis par mes parents. J'apprends toujours. Et j'ai quelques amis qui m'aident à traduire en maori mes paroles en anglais parfois trop complexes... Mais les chansons de mon nouvel album, "Waiata", sont toutes intégralement en maori… Et j'en suis très fière. L'album est en vente sur ITunes depuis le 23 juillet et sort en kiosques aujourd'hui (le 27 juillet).

CK - D'où est venu ton intérêt pour la musique ?

Ma mère me dit toujours que j'ai commencé à chanter quand j'étais déjà toute petite. A l'âge de 2 ans, paraît-il, je poussais la chansonnette sans qu'on ait trop besoin de me pousser. Je répondais à toutes les sollicitations émanant de mes amis ou de la famille. Mes parents chantent tous les deux, même s'ils n'en ont pas fait leur métier. Mon père est aussi guitariste : c'est donc un instrument auquel j'ai été exposée dès mes premières années. Personnellement, j'ai commencé à composer mes propres chansons dès l'âge de 8 ans, sur un piano.

CK - A quel âge as-tu réalisé ton premier enregistrement ?

Huia - La première fois, je devais avoir 21 ans et je faisais les choeurs sur le disque d'amis musiciens. J'ai aussi suivi un cours sur la production et l'art de la scène à Bay of Lenty Polytech. J'ai publié plusieurs singles : "Taku Manako e" (māori), "Open", "Kowhera" (māori), "Manawa" (māori), "O Aho Peara" (māori) et "Raindrops". Ensuite, j'ai produit les deux compilations "Tatou Tatou E" et j'ai fait quelques apparitions sur les albums d'amis : entre autres, Mikey Rockwell ou, plus récemment, Pieter T et Kids of 88. 

Le teaser au moment de la sortie de l'album Tatou Tatou E 2 :

CK - Quand a débuté l'aventure du studio Kog ?

Mon mari a lancé le studio en 1996 et nous menons ce projet de pair depuis environ sept ans. Kog était le premier label de dance music en Nouvelle-Zélande. A ce titre, nous avons contribué à l'éclosion de nombreux talents néo-zélandais : Pitch Black, Shapeshifter, Conchord Dawn, PMoney, Scribe, Chong-Nee, Jigsaw, Baitercell, Epsilon Blue, The Mamaku Project, The Kumpnee pour n'en citer que quelques-uns. Les dernières réalisations du studio : l'album de Pieter T et mon album Waiata. Honnêtement, le studio offre des conditions d'enregistrement assez sympa. On y fait aussi beaucoup de mastering : récemment, par exemple, y ont été mastérisés les albums de Steriogram, Ivy Lies, Maisey Rika, Leigton Sauni, Kevin Mark Trail, The Knight, Cool Rainbows ou Kids of 88. Je suis très heureuse de pouvoir gérer ma propre entreprise et d'être associée d'une manière ou d'une autre à autant de projets créatifs…

Huia et son mari

CK - Quels sont tes principaux projets aujourd'hui ?

Maintenant que mon album en maori est sorti, je m'attelle à l'écriture d'un album en anglais. La gestion de mon studio occupe la plus grande partie de mon temps. Je m'occupe à la fois de relations publiques, du marketing, mais je suis aussi ingénieur du son, et donne des conseils sur la composition, le chant. Etant aussi artiste visuelle, je travaille aussi sur les pochettes d'album ou les affiches de film… 

CK - Justement, parle-nous un peu de ton art… S'inscrit-il dans la continuité de l'art maori ?  

Mon koto (arrière-grand-père) Rei Hamon était un artiste extraordinaire. Il était assez connu dans les années 1970 et ses oeuvres continuent à faire parler d'elles aujourd'hui. Mes parents aussi sont tous les deux très doués. Les murs de notre maison ont toujours été garnis de toiles, et c'est donc assez naturellement que leurs enfants en sont venus au dessin et à la peinture. C'est vrai que j'utilise certains éléments d'art maori dans mon travail, mais je crois que cet aspect maori se retrouve en particulier dans les thématiques que j'explore : la relation avec la nature notamment.

LIENS SYMPA

Le site officiel de Huia Hamon, où l'on peut écouter des extraits musicaux et voir quelques exemples de ses tableaux.

La page Facebook de Huia.

Sur les compilations : "Tatou Tatou E" 

La discographie de Huia Hamon :

La compilation Tatou Tatou E N° 1

  

La compilation Tatou Tatou E N° 2






En guest sur l'album "Free Slaves" de Mikey Rockwell

  
 
  

L'album solo "Huia's Waiata" sorti le 27 juillet



Pour acheter la musique de Huia Hamon en ligne : le site néo-zélandais Amplifier 


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