Magazine Humeur

Ségo Vs Najat : mais quelle mouche l’a piquée ?

Publié le 29 juillet 2012 par Kamizole

Crotte ! Zut ! Flûte ! Une polémique au sein du Parti socialiste. Avions-nous besoin de cela ? Car ne nous leurrons pas, c’est bien ainsi que le traduisent non seulement les articles de la presse que j’ai dépouillés - pas assez de taf avec les attaques aussi incessantes que stupides de l’UMP, hein ? - mais sans doute et surtout le FN et la Droite populaire (du pareil au même, au demeurant : il n’y a que l’étiquette sur le flacon de poison qui change).

Consultant avant-hier dans la nuit mes statistiques sur le blog, je fus surprise d’un afflux de visites sur un article récent concernant Najat Vallaud-Belkacem. « La droite au pouvoir a laissé des cadavres dans les tiroirs »… (28 juin 2012).

Autant dire tout de suite que j’apprécie tout particulièrement son sens de la formule à l’emporte pièce qui fait mouche et me ravit le cœur. Elle avait raison : « marée basse pour l’UMP »  (21 juin 2012). Et je pris sa défense avec un gourmand plaisir quand « l’heure de vérité » contre les leurres de Sarko n’eut pas l’heur de plaire à l’UMP et au PS (28 fév. 2012) faisant remarquer que si « toute vérité n’est pas bonne à dire » selon les pisse-froid haineux ou frileux, j’étais d’autant plus d’accord avec l’analyse qu’elle avait osé développer dans son communiqué à la presse Terrorisme médiatique et grand banditisme intellectuel : les deux mamelles de la campagne de l’UMP (26 fév. 2012) dont l’intitulé était déjà un petit régal en soi ! Sans même parler de la petite trouvaille géniale que je saluai comme il se doit : « Le vrai modèle de Nicolas Sarkozy n’est pas Angela Merkel, mais un mélange de Silvio Berlusconi et de Vladimir Poutine, avec le vide idéologique de l’un et la brutalité des méthodes de l’autre »… Réjouissant.

J’étais toutefois loin de subodorer ce que je découvris hier en fin de matinée en passant sur la Une du Monde Royal : "Najat Vallaud-Belkacem s'appellerait Claudine Dupont, elle ne serait peut-être pas là" (27 juil. 2012) sans même parler de l’introduction :« Aigreur, maladresse, ou provocation ? Ségolène Royal a expliqué au Point, dans un portrait consacré à la ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, qui fut longtemps une de ses fidèles, que cette dernière devait sa réussite avant tout à ses origines » et cette fameuse phrase « Elle s'appellerait Claudine Dupont, elle ne serait peut-être pas là. Elle doit assumer son identité et en être fière et accepter d’être là pour ça »…

S’appuyant sur le fait « qu’elle a toujours voulu autour d’elle des ouvriers, des exclus, des jeunes issus de la diversité »… Je suis tout à fait d’accord avec elle sur ce plan. De mon avis, c’est le « Claudine Dupont » qui est de trop. Car si Claudine Dupont avait le même talent que Najat et le même parcours - diplômée de Sciences-Po Paris en venant d‘un milieu modeste- elle eût forcément percé de même manière. Mais que voulez-vous, les journalistes - pas forcément mal intentionnés - ne retiennent bien souvent que l’écume des choses plutôt que le fond, les « petites phrases ». L’étincelle qui met le feu à la forêt.

Ségolène Royal a donc tout à fait raison de calmer les choses, selon ce que je lis entre autres articles sur Le Figaro démentant les propos sur les origines de Belkacem (27 juil. 2012). Permettez-moi de faire une petite remarque quant au titre : Belkacem tout court, sans « Vallaud » n’est-ce pas la renvoyer à ses seules origines ?

Ségolène Royal s’inscrit donc en faux contre « les propos qu’elle juge réducteurs qui lui ont été prêtés car ils aboutissent à lui faire dire le contraire de ce qu'elle a toujours affirmé car elle a, depuis 2007, toujours mis en avant Najat Vallaud-Belkacem, à la fois pour son talent et son histoire et elle se réjouit des responsabilités qui lui sont confiées aujourd'hui et qui sont pleinement méritées »…

Il n’en faut pas plus à Najat : « Claudine Dupont » : Vallaud-Belkacem ne veut pas de polémique avec Royal (Libération 28 juil. 2012) : « stop les vaines polémiques, la Ségolène Royal que je connais est là ». Ouf !

Quand bien même Saïd Mahrane, l’auteur de l’article maintiendrait-il les propos « entre guillemets » et je ne vois pas pourquoi nous devrions pas le croire. Encore une fois, le « Claudine Dupont » - sans doute prononcé mais mal interprété - me semble avoir été de trop, dépassant la pensée de Ségolène Royal, très certainement à cent lieues de penser à l’usage qui en serait fait.

J’en profite d’ailleurs au passage pour signaler le récit d’une interview de Najat Vallaud-Belkacem par le même Saïd Mahrane, très bon journaliste au demeurant, au moment même où elle attendait une probable nomination au gouvernement (on lui avait recommandé de se tenir prête et de surveiller son smartphone) qui retrace son parcours Le défi secret de Najat Vallaud-Belkacem (26 juil. 2012) sous titré « Les ressorts du parcours de cette ministre de 34 ans, née au Maroc »…

Elle a évidemment toutes les raisons de ne pas vouloir que l’on ne considérât que ses origines et apprécia d’autant plus que François Hollande l’eût nommée comme porte-parole du gouvernement et aux droits des femmes plutôt qu’à un ministère de la diversité ou de l’égalité des chances. Etre « une icône de la diversité », très peu pour elle.

Non qu’elle reniât ses origines. Elle assuma parfaitement avoir participé en son temps au « Conseil de la communauté marocaine de l’étranger » (CCME) - instance créée par le roi du Maroc. Qu’elle présenta à juste titre comme « un engagement volontaire et bénévole au service de l'intérêt général et du dialogue entre les cultures, un parmi tant d'autres » mais apprécia peu qu’il fut mis en cause par Valérie Rosso-Debord dans Le Point Valérie Rosso-Debord accuse à tort Najat Vallaud-Belkacem d’appartenir à une instance marocaine (28 avril 2012).

Selon ce que je lis sur l’article de Saïd Mahrane : « J'étais peinée, concède-t-elle. D'autant qu'elle me semblait être une personne correcte. En tout cas, cela ne lui a pas porté chance." (Rosso-Debord a été battue aux législatives.) ». Ma pauvre chérie ! Si tu avais suivi comme moi son parcours de chienne de garde - les attaques incessantes contre le Parti socialiste depuis la remise en cause des primaires socialistes dès mars 2011... Ce n’est pas pour rien que je nommai cette Magaraude Valérie « Rosse D’abord » et me gaussai quand elle pleura sur son sort de « femme battue » à l’élection législative (23 juin 2012).

Je suis tout à fait d’accord avec Najat : c’est la Ségolène Royal que je connais. Non pas personnellement mais pour suivre son parcours depuis la fin 2005 et le début 2006 quand l’on commença à parler d’elle comme présidentiable. L’avoir soutenue sur ce blog pendant l’année 2006 et avoir croisé le fer tout au long de la campagne. Avoir ensuite soutenu sa candidature à la tête du Parti socialiste jusqu’en novembre 2008. Continuant ensuite à mordre à chaque fois qu’il fut question de ce « hold-up » et après avoir adhéré à Désirs d’avenir.

Lors de la présidentielle de 2007, elle n’a pas été plébiscitée dans les banlieues difficiles en jouant la fibre communautaire ou misérabiliste.

D’abord, comme je l’ai souventes fois souligné à de nombreux égards, bien qu’elle fût d’origine bourgeoise, elle a une capacité assez extraordinaire à comprendre et traduire les difficultés et les attentes du peuple et ce, sans nulle démagogie. Ensuite, à mobiliser les énergies parce qu’elle sent les potentialités des personnes qu’elle rencontre. Le talent n’est pas uniquement une question de diplôme ou de position sociale. Cf. l’interview de Luc Broussy - maire adjoint de Goussainville - que j’avais signalée Elections législatives dans le Val d’Oise : carton rouge à Yanick Paternotte (16 juin 2012) et toute la chaleur spontanée avec laquelle il parlait des jeunes vivant dans les HLM de sa ville, le plaisir qu’il avait à parler avec eux, les trésors de créativité qu’ils savent développer.

Je pense notamment à toutes les personnes de grande qualité connues ou inconnues dont Ségolène Royal sut s’entourer. Régis Debray, entendu lors d’une université populaire. Edgar Morin, une sacrée pointure intellectuelle. Jean-Pierre Mignard qui n’est pas seulement un avocat de talent mais également, profondément humaniste dans ses prises de position. Et toutes les personnes rencontrées à Désirs d’avenir. Blogueurs ou non.

N’en déplaise aux personnes qui l’en ont stupidement accusée - dont l’inepte présidente de l’association féministe Ni Putes ni Soumies, Asma Guefini qui juge les propos de Ségolène Royal « méprisants, déplacés et discriminatoires : si l’on s’appelle Najat, Karim ou Abdel et que l’on est promu à un poste à responsabilité, ce n’est pas dû à la compétence mais à l’origine et au nom que l’on porte ». Je suis intimement convaincue que Ségolène Royal n’a pas voulu enferme Najat Vallaud-Belkacem dans son identité ethnique.

Bien au contraire. Quand bien même appartenir à une famille étrangère (ne serait-ce que la maîtrise de la langue) constituerait-il un handicap supplémentaire dans un cursus. Mais le premier handicap est avant tout social et culturel comme le démontra parfaitement Pierre Bourdieu dans de nombreux ouvrages. Quand il manque l’habitus culturel de la bourgeoisie. Le parcours de Najat Vallaud-Belkacem n’en est que plus exemplaire car il lui aura fallu indubitablement s’accrocher plus que d’autres et faire montre - ainsi que le signalait Bourdieu - de beaucoup plus de travail et d’achar-nement à réussir que les enfants de milieux favorisés.

Les enseignants et ceux qui orientent les jeunes ayant tendance trop souvent à « leur faire prendre la réalité pour leurs désirs » selon l’admirable formule de Bourdieu. Est-ce ainsi que l’on doit interpréter la réponse d’un enseignant de fac à qui Najat Vallaud-Belkacem avait fait part de son désir de se présenter au concours de Sciences-Po Paris : « Ne nourrissez pas trop d'illusions, mademoiselle. Vous êtes trop juste » ? A une époque où n’existaient pas les conventions avec les ZEP. Qui, de mon avis, furent au demeurant loin d’être une réussite d’après tout ce que j’ai pu lire sur le sujet. Les jeunes qui ont intégré Sciences-Po par ce biais manquant précisément de la culture générale nécessaire.

Ce qui prouve donc a contrario toute la valeur intellectuelle de Najat Vallaud-Belkacem et le travail qu’elle dut fournir pour réussir le concours d’entrée - fort sélectif - et en sortir diplômée. C’est-ce parcours et les difficultés surmontées que Ségolène Royal a voulu mettre en valeur. Point barre.

Les fachos ont trouvé un nouvel os à ronger. Ils me font exactement penser à ces deux molosses solidement attachés dans la cour de la ferme de Donnery où nous allions le soir acheter le lait tout juste sorti du pis des vaches. S’égosillant tout en tirant sur leur grosse chaîne pour essayer de nous mordre, les crocs terrifiants. Mais nous passions bien au large. L’épaisse bave blanche écumant sur leur gros mufles. Mufle ! Cela tombe tout à fait à pic pour Lionel Luca… Macho en chef.

Qui ose parler de « discrimination » : S’appeler Claudine Dupont est désormais un handicap pour faire de la politique… preuve qu’il n’a rien compris.

La palme de la connerie bête et méchante devant être indubitablement décernée à Florian Philippot (Front national). Raciste de chez raciste qui ose soutenir que « les propos de Ségolène Royal montrent que le PS adore l’immigration massive - où a-t-il bien plus prendre pareille stupidité ? - mais déteste l’assimilation ». Prière de marquer d’une pierre blanche le jour où le FN sera le champion de l’assimilation… Ne sont-ce point les mêmes qui refusent que les étrangers puissent bénéficier des prestations sociales ? Sans même parler des HLM. Se souvenir que le FN se fit épingler il y a déjà quelques années par le Conseil d’Etat pour avoir organisé - sur la voie publique - une soupe populaire avec du porc.

L’accueil et l’intégration des étrangers n’étant pas à franchement parler la marque de fabrique de leur officine mais bien plutôt : les remettre dans un bateau à moins que ce ne fût les entasser dans des wagons à bestiaux, direction un camp ?

Je ne sais pas si c’est Philippot ou quelqu’un d’autre qui a pondu le tissu d’âneries du communiqué dont fait état Le Figaro NVB/Royal: "malsain" selon le FN (Flash-actu 27 juil. 2012). Ce sont eux qui sont malsains ! Puants.

« cette sortie de Ségolène Royal sur Najat Vallaud-Belkacem est très révélatrice du rapport malsain qu'entretient la gauche avec l'immigration »

« Non seulement la gauche est favorable à une immigration massive » ce qui est absolument faux. Ils prennent cela sous leur bonnet. De mon avis, ce serait plutôt le Medef et une partie du patronat qui exploite massivement les étrangers.

« Mais elle refuse de surcroît l’assimilation et souhaite que l’immigré reste à jamais l’immigré (…) à qui l’on ouvrira les portes d’une discrimination positive dotée de toutes les vertus ».

Ils suggèrent l’inverse : « stopper l’immigration - tout le monde sait bien que c’est impossible - prôner sur l’ensemble du territoire l’assimilation à la nation française et combattre la discrimination positive au bénéfice de la méritocratie».

Ils seraient bien en peine de trouver des exemples de la gauche refusant l’assimilation des étrangers et souhaitant que l’immigré restât à jamais un immigré. Je n’ai jamais été favorable au communautarisme - contrairement à un Nicolas Sarkozy avant les élections de 2007. Ni même à la discrimination positive qui a fait suffisamment la preuve de sa nocivité aux Etats-Unis.

Ce que j’ai dit au sujet des conventions ZEP-Sciences-Po Paris en témoigne. Admettre un quota d'étudiants sur dossiers - fussent-ils les meilleurs d’un établissement où l’on aura fait peu de cas de la culture générale ou scientifique (pour les prépas dans cette discipline) tout au long du cursus secondaire ne peut que conduire à des échecs. Je ne me sens nullement réactionnaire : il faut donner les meilleurs bases possibles et n’intégrer que ceux et celles qui réussiront les concours normaux. Sinon, c’est leur donner de faux espoirs de réussite que seul le travail permet.

Je prône bien plutôt le strict respect du principe d’égalité qui n’est pas respecté dans le mesure où, par exemple dans les banlieues défavorisées l’on envoie trop souvent des profs de moindre qualité, que le personnel enseignant et d’encadrement y est en nombre souvent insuffisant comparé à des établissements plus prestigieux. Restaurer une vraie « égalité des chances » implique d’y investir des moyens matériels et humains nécessaires. Ce qui veut dire également que le niveau d’exigence de l’enseignement diffusé soit le même sur l’ensemble du territoire et non une sous-culture - la lecture des petites annonces contre celles des œuvres littéraires, par exemple.

Je n’aime pas non plus le terme d’assimilation - s’il doit s’accompagner d’une anomie par rapport à la culture du pays d’origine, quand bien même suis-je tout à fait hostile à l’importation des modèles contraires aux lois de la République et favorable au strict respect de la laïcité. Je préfère celui d’intégration qui correspond en grande majorité aux vœux des étrangers qui choisissent de venir vivre et travailler en France quelles que fussent leurs raisons.

Mauvaise pioche pour le FN car le parcours de Najat Vallaud-Belkacem est l’exemple parfait - comme beaucoup d’enfants issus de l’immigration de sa génération ou plus âgés - de la méritocratie puisqu’elle n’a pas bénéficié plus qu’eux de la discrimination positive - inexistante à l’époque où elle fit ses études - et ne doit la réussite de son parcours qu’à ses qualités et son travail. C’est en ce sens qu’elle est un exemple autant pour les enfants d’étrangers que Français n’ayant pas la chance de vivre dans les meilleures conditions sociales possibles.

C’est de mon avis, l’unique raison pour laquelle Ségolène Royal l’avait choisie pour être sa porte-parole : un modèle pour les jeunes qui vivent dans des quartiers difficiles. Pour réussir dans quelque domaine que ce fût il faut le mériter : beaucoup travailler, être exigeant avec soi-même et bien entendu être suffisamment doté d’intelligence au départ pour tirer profit des enseignements, aussi bien intellectuels que techniques et manuels selon les goûts et capacités.


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