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Le cavalier, le carrosse et la calèche.

Par Richard Le Menn

affiche300 Photographies affichedetail300 1 et 2 : Affiche (et détail de celle-ci) de l'exposition Roulez carrosses ! qui se déroule jusqu'au 10 novembre 2013 dans la ville d'Arras, à l'abbaye Saint-Vaast. « Il s’agit de la première exposition française consacrée aux véhicules hippomobiles. Berlines, carrosses royaux et impériaux des collections versaillaises ont pris la route d’Arras pour y être admirés jusqu’en novembre 2013. Le musée des Beaux-Arts accueille ainsi tableaux, sculptures, traîneaux, chaises à porteurs, harnachements de chevaux, ainsi que plusieurs carrosses exceptionnels tels que les voitures du cortège du mariage de Napoléon Ier, le carrosse du sacre de Charles X ou l’impressionnant char funèbre de Louis XVIII. » Sur 1000 m² ces œuvres, présentées chronologiquement de Louis XIV à la IIIe République, sont intégrées dans une scénographie alliant restitutions, animations, immersion et multimédia.

Une visite virtuelle de l'exposition est proposée ici. Vous pourrez même vous retrouver à l'intérieur du carrosse du sacre de Charles X et dans celui du baptême du duc de Bordeaux. 

L’art de monter à cheval est une discipline que maîtrise l’élégant. Cependant, comme il est écrit dans Les Lois de la galanterie (1644),

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à partir du XVIIe siècle, Paris étant de plus en plus fréquenté et ses rues crottées, il est recommandé à l’homme de qualité de voyager dans un carrosse. Voici le début de ce passage dont l’orthographe a été adaptée : « Lorsque la Mode a voulu que les Seigneurs et Hommes de condition allassent à cheval par Paris, il était honnête d'y entrer en bas de soie sur une housse de velours et entouré de pages et de laquais. On faisait alors mieux voir sa taille et ses beaux habits, et son adresse à manier un cheval. Mais maintenant, vu que les crottes s'augmentent tous les jours dans cette grande ville avec un embarras inévitable, nous ne trouvons plus à propos que nos Galants de la haute volée soient
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en cet équipage, et aillent autrement qu'en carrosse, où ils seront plus en repos et moins en péril de se blesser ou de se gâter, y pouvant aller en bas de soie ou bottés, puisque la mode est venue d'être botté, si l'on veut, six mois durant sans monter à cheval. »
Le transport sur roues date de l’invention de la roue, c'est à dire de plusieurs millénaires avant Jésus-Christ. Char, coche (dont le nom vient de la ville de Kocs en Hongrie et se retrouve dans la langue française au milieu du XVIe siècle), carrosse (fin XVIe), calèche (XVIIIe), cabriolet (inventé en France vers 1790) … les véhicules hippomobiles (tractés par des chevaux) et à roues ne cessent d'évoluer suivant les technologies et les modes.
Photographies 3 et 4 : Gravures provenant de revues de mode de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe.
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Photographie 5 : « A Barouche Landau. » Gravure provenant d'un magazine de mode du début du XIXe siècle, sans doute de la revue anglaise nommée Le Beau Monde et datant de 1806. Le barouche est une calèche. Cette dernière est inventée au XVIIIe siècle sur le Continent. Elle est importée en Angleterre et très à la mode à l'époque georgienne (1714 - 1830). La calèche anglaise est appelée barouche. Celle présentée ici allie ce type à celui du 'landau' qui d'après Wikipédia est « Créé en Allemagne, dans la ville de Landau in der Pfalz dont il tire son nom », est « introduit en Angleterre en 1747 », devient « à la mode en France à partir de 1850 », et reste un « véhicule de prestige jusqu'à la Seconde Guerre mondiale ».

Photographie 6 : Illustration de La Mode, datant de 1837.

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Photographie 7 et suivantes : Cartes postales du début du XXe siècle présentant des allées du bois de Boulogne et des avenues y menant.

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Avec la mode anglaise, la France importe au milieu du XVIIIe siècle une certaine passion d’Outre-Manche pour l’équitation ; influence qui ne cesse de s’intensifier au XIXe avec une partie du 'high-life' qui se réunit et parade lors de manifestations équestres (promenades à cheval au bois de Boulogne, chasses, courses de Longchamp, de Chantilly…). Les femmes y sont très présentes (voir la définition de l’amazone). Dans le quatrième article sur l'anglomanie il est question de cette mode pour les courses et les chevaux. Concernant l'hippodrome de Longchamp voir l'article intitulé Longchamp(s). Ce champ de courses se situe sur
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le site de l'ancienne abbaye royale de Longchamp fondée en 1255 par Isabelle de France, sœur de Saint-Louis. Cet édifice religieux est jusqu'à sa destruction à la Révolution  le sujet d'une immense parade de la mode.
Le costume anglais qui devient populaire à partir du XVIIIe siècle en France, l’est justement parce qu’il est simple et pratique pour monter à cheval tout en étant élégant. Le bois de Boulogne est un des lieux chics de la vie parisienne du XVIIIe siècle au début du XXe où viennent s’exercer et se montrer les élégants cavaliers et cavalières parisiens ainsi que les beaux équipages. Crafty (1840-1906) écrit et illustre plusieurs livres sur le cheval et tout ce qui tourne autour. Dans son ouvrage illustré datant de 1890 : Paris au bois, il offre un tableau de toute cette agitation élégante avec la Potinière, le Persil de l'allée des Acacias, les courses de Longchamps. Il décrit quelques-uns de ses cavaliers pratiquants : les superchics, rastaquouères, amazones exotiques, écuyères parisiennes …
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Dans la Seconde suite d'estampes pour servir à l'histoire des moeurs et du costume des français dans le dix-huitième siècle publiée en 1776, on peut lire qu’à cette époque femmes et hommes font de l’exercice à cheval au bois de Boulogne. Et puis : « Cette promenade, renfermée dans une vaste enceinte, près de la Capitale, est le théâtre d’une infinité d’aventures galantes qui se renouvellent tous les jours. Le bois de Boulogne réunit l’épaisseur des sombres forêts, & l’agrément des allées alignées avec art. Dans un beau jour on y voit d’un côté, de longues files de carrosses où l’indolence étale tout le faste du luxe ; et de l’autre, le tambourin anime des danses villageoises, & des couples amoureux y trouvent en même temps la solitude qu’ils recherchent. Les hôtes de ces bois sont rarement effarouchés par le bruit des armes, & la Déesse de la Chasse est négligée dans ce lieu, pour celle des Amours. L’air de ce séjour, n’inspire point les idées sanguinaires de la destruction : tout y respire la volupté. »

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© Article et photographies (sauf indiquées) LM


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