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Rick Ross – God Forgives, i Don’t

Publié le 11 août 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Rick Ross – God Forgives, i Don’t

Dieu pardonne, lui non. A défaut de partager sa nourriture, cela fait maintenant cinq albums que Rick Ross nous fait partager ses principes de vie. Des principes qui mine de rien l’on conduit à se construire une belle discographie et qui ont confirmé, année après année, sa place de poids lourd (hon hon) du rap américain. Il parait loin le temps où il était juste le rappeur sympa qui chantait Hustlin’. Désormais Rozay est un entrepreneur à la tête d’un des label les plus florissants du rap game,  un artiste qui explose le Billboard à chaque nouvelle sortie (même si ça a toujours été un peu le cas) ou encore le voisin de Pat Riley aka le plus illustre des habitants de South Beach, Miami.
Cette évolution, on la ressent à l’écoute de cet album qui se veut clairement plus ambitieux que les précédents. Un disque presque théâtral, semblant se dérouler en plusieurs actes et qui projette d’entrer plus profondément dans la personnalité d’un des rappeurs les plus emblématique du début des années 2010. Enfilez vos plus belles Ray-Ban, décapotez votre Twingo, en avant la May-May-Maybach Music !

« I guess there ain’t no nice way to tell you niggas it’s game over. Pray for me.”

Une petite prière avant de décoller et c’est parti. Les premiers morceaux posent clairement les bases de l’album. D’un point de vue stylistique et lyrical d’abord, avec le champ lexical de la religion qui fait tout de suite son apparition. Si Ricky ne se compare pas directement à Dieu, il est clairement un God of Money. Self-made millionnaire comme il aime le répéter, il n’oublie pas pour autant d’où il vient ou ce que ça lui a couté pour en arriver où il est, comme sur Pirates ou Ashamed.
Ro$$ a réussi à se forger une place dans le paysage rapologique à la hauteur de son compte en banque et il ne compte pas s’arrêter la. Preuve en est le titre 3 Kings, emblématique de l’album et révélateur des ambitions du rappeur de South Beach. Poser avec Jay-Z et Dr. Dre, deux artistes aussi bien connus pour tous leurs classiques que pour leurs talents de Businessmen sur un morceau de la sorte est loin d’être anodin. Rozay compte désormais accéder au rang d’icône et peu importe les moyens déployés pour y parvenir. Dans une industrie où l’image renvoyée est devenue plus importante que les qualités derrière un micro (Kanye je te vois) et ou la fameuse street credibility revêt un aspect secondaire, Rick Ross a réussi à se construire un personnage à qui tout réussi et que rien ne pourra empêcher d’accéder au Hall of Fame du rap, avec tous les autres Kings de la discipline. Ce morceau en est la parfaite démonstration.

Rick Ross – 3 Kings ft. Dr. Dre & Jay-Z [prod by Jake One]

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Mais n’oublions pas que l’on parle avant tout de musique. Et pour ca aussi, le début du disque met les choses au clair. On a affaire à un produit parfaitement réalisé, mené par des instrus de haute volée. On peut aimer ou détester l’ami Ricky, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaitre l’excellent travail des différents producteurs. Après ça reste du Rick Ross, avec son fameux flow ultra binaire et sa voix si particulière. Les adeptes ne seront pas dépaysés et les réfractaires ne changeront pas d’avis. Loin d’être un mauvais rappeur, Rozay a pour autant toujours divisé les auditeurs et ça restera vrai pour cet album.
Cette personnalité démesurée peut avoir tendance à tout avaler sur son passage laissant les autres protagonistes de l’album se disputer les accessits. Mais une équipe de producteur parvient tout de même à tirer son épingle du jeu. Ce God Forgives, I Don’t porte également la marque de la J.U.S.T.I.C.E League, trio présent aux côtés de Rick Ross depuis son deuxième album, et les seuls avec le jeune Cardiak à placer plusieurs production sur cet opus. En plus du très bon Ten Jesus Pieces qui clôture en beauté l’album avec quelques explications sur le pourquoi du comment en Wolof, puis en espagnol (connexion Vénézuélienne oblige), ils signent 2 morceaux consécutifs  complètements à contre courant, ne répondant à aucun schéma musical connu et qui marquent le véritable cœur de l’album. D’abord avec Maybach Music IV qui si il n’arrive pas au niveau du magnifique volume 2, permet l’arrivée tout en douceur des cuivres et forme une parfaite introduction au grandiose Sixteen, featuring Andre 3000.

« You know how sometimes you’ve got so much to say, but they only give you sixteen…”
 

Parfois 16 mesures ne sont pas suffisantes pour exprimer tout ce qu’on a sur le cœur.  C’est pourquoi pour cet album qui se veut -attention cliché- celui de la maturité, Ricky a choisi de prendre son temps. 8 minutes en apesanteur, et puis ce couplet de haute voltige d’Andre 3K, à l’instar de celui livré dernièrement sur le très bon album de Frank Ocean. Ajouté à cela le solo de guitare final sur lequel Dre semble faire n’importe quoi mais en même temps le faire très bien, on a juste envie de demander une chose. BORDEL ANDRE QUAND EST-CE QUE TU SORS TON SOLO ???

Sixteen ft. Andre 3000 [prod by J.U.S.T.I.C.E League]

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Puis une fois avoir livré ses états d’âmes, Rick Ross revient aux origines et finalement à ce qu’il sait faire le mieux avec la triplette Hold Me Back, 911 et So Sophisticated. De la lourdeur, de la vraie. Rick a les plus belles Lexus, les plus belles Rolex et les plus belles bitches. Ses repas se composent essentiellement de Homard ou de Steaks géants, le tout bien arrosé de Dom Pérignon. Et quand il a fini tout ca, il lui suffit juste de faire un tour dans ses toilettes à 24K (true story) histoire de se sentir un peu plus léger. C’est en substance ce qu’il raconte et en vrai, c’est ce qu’on préfère chez lui. D’ailleurs, il n’est pas le seul de l’écurie Maybach à faire ça bien. Le couplet de Meek Mill sur So Sophisticated, c’est EN BOUCLE s’il vous plait. Au passage morceau produit par The Beat Bully, responsable de l’imparable Stay Schemin.
La palme revient tout de même à 911, morceau qui ne parle pas de la police, ni même de Wyclef Jean ou du 11 Septembre (quoi que le sirènes sur le morceau sont au moins aussi intenses que ce jour la). Rozay fait plutôt référence à ca :

Rick Ross – God Forgives, i Don’t

Porsche 911

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Rick Ross – God Forgives, i Don’t

911 [prod. by Young Shun]

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La fin de l’album est malheureusement plus anecdotique même si la cohérence est toujours la. Il s’agit maintenant de parler d’amour, ou de cul, enfin surtout des deux en même temps

« South Beach, making love on rooftops. Fucking her in rhythm make her sing like she’s Jill Scott »

Et forcément cela implique quelques feat RnB dont on est pas forcément fans (Usher, Omarion, Drake…). Mention spéciale tout de même à Diced Pineapples, pas pour le morceau mais pour le titre. On vous explique. Il y a peu de temps le gros Ross a été victime d’une attaque cardiaque et son médecin lui a ordonné de manger plus de fruits. Comme c’est pas vraiment son truc, il se contente de dés d’ananas, qu’il ingurgite chaque matin au petit déjeuner. Aussi le morceau Diced Pineapples parle de sa recherche de la femme avec qui il aura envie de se lever tous les jours, de son petit bout d’ananas à lui. C’est pas beau ca ? (Merci Rap Genius !)

God Forgives, I Don’t est donc un album inégal, contenant des fulgurances comme rarement Ross nous en a offerte mais également des passages plus mitigés. Un Deeper Than Rap par exemple n’a pas l’équivalent d’un Sixteen dans sa tracklist mais sera sans doute plus efficace sur la longueur. La meilleure solution reste surement de mixer cet album avec quelques uns des meilleurs morceaux de la mixtape Rich Forever sortie en début d’année, afin fabriquer soi-même son album idéal de Rick Ross. Excellent album pour l’été en tout cas !

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Rick Ross – God Forgives, i Don’t

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