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"Royal Romance" de François Weyergans

Publié le 14 août 2012 par Francisrichard @francisrichard

Le titre m'intriguait. J'ai donc fait l'acquisition du dernier livre de François Weyergans pour cette raison futile. 

Pourquoi l'adjectif ne s'accordait-il pas au substantif? En fait j'aurais pu en faire l'économie. La réponse se trouvait page 23:

"C'est le nom du cocktail - moitié gin, un quart de Grand Marnier, un quart fruit de la passion, un soupçon de grenadine - dont raffolait Justine, la jeune femme qui sera l'héroïne de ce livre."

Heureusement qu'en feuilletant le livre je n'ai pas connu alors la réponse à mon interrogation. Sinon serais-je allé plus loin dans ma lecture? Dans ce cas j'aurais manqué quelque chose.

Le héros, Daniel Flamm, sans e - décidément! -, est écrivain à succès, la soixantaine. Il est marié à Astrid, "fille d'une riche antiquaire de Zurich, qui assumait les dépenses de la famille". Ils ont deux filles Iris et Olga.  

Cinq ans plus tôt, la rencontre avec l'homme d'affaires Ari Torkkel va changer sa vie. Il est embauché par ce dernier pour promouvoir le papier-matière qu'il produit. Ce qui va lui donner l'occasion de voyager un peu partout dans le monde, de descendre dans les meilleurs hôtels et de faire des rencontres féminines, puis, au bout du compte, de bénéficier de larges indemnités.

Au Canada, dans la belle province du Québec, il fait justement la rencontre de Justine, dont le prénom n'a rien à voir avec l'héroïne de Sade, mais tout à voir avec sainte Justine, la patronne d'un hôpital de Montréal, où sa mère à elle, enfant, a eu la vie sauve. Daniel en est amoureux, mais peut-être ne mesure-t-il pas combien elle représente pour lui.

En effet Daniel est un homme à femmes, couvert de femmes pour reprendre l'expression de Pierre Drieu la Rochelle. Il dit de façon plus actuelle qu'il appartient "à la catégorie des sujets à partenaires multiples". Jusqu'au dénouement, le charme, pour lui, de ses rapports avec Justine ne va donc tenir que dans la rareté de leurs rencontres.

Daniel Flamm raconte aujourd'hui leurs rapports parce qu'il a besoin de se délivrer une bonne fois pour toutes de cette histoire déjà ancienne. Cette jeune femme, de vingt à vingt cinq ans plus jeune que lui, qui appartient à la même catégorie sexuelle que lui, lui a apporté beaucoup d'instants de bonheur, par sa présence, par ses sms, par ses enregistrements de cassettes, où elle lui dit tout son amour, de toutes les façons.

Dès le début Daniel a prévenu le lecteur. Très représentative de notre époque, son histoire avec Justine est dramatique. C'est pourquoi il ressent le besoin irrépressible, mais inutile, de s'en délivrer:

"Raconter un drame aide-t-il à vous en délivrer? Bien sûr que non, bien qu'on nous fasse miroiter le contraire. On aimerait que ce soit comme ça, on aimerait être délivré, mais se souvenir est une horreur."

Se souvenir est une horreur parce qu'à force de papillonner et de pratiquer la désinvolture Daniel Flamm n'a pas su voir l'amour, le vrai, l'unique, qui se trouvait devant son nez. Je ne sais donc pas si, ce qu'Oscar Wilde disait, pourrait le consoler dans de telles circonstances: "J'aime mieux avoir des remords que des regrets".

Francis Richard

Royal Romance, François Weyergans, 216 pages, Julliard ici


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