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Cible mouvante de Ross MACDONALD

Par Lecturissime

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L’auteur :

ROSS MACDONALD (1915-1983) est l'auteur de plus d'une vingtaine de romans, dont la célèbre série mettant en scène le détective privé Lew Archer, qui a été incarné deux fois à l'écran par Paul Newman. Après Chandler et Hammett, c’est le troisième "grand" du roman noir américain. James Crumley et James Ellroy reconnaissent en lui un maître et ses livres se sont vendus à des millions d’exemplaires de par le monde. Ses romans sont enfin réédités – pour la première fois – dans une traduction intégrale. Plus de détails sur sa vie et son oeuvre.

L’histoire :

Comme beaucoup de millionnaires du sud de la Californie, Ralph Sampson a d'étranges fréquentations. Il y a cet étrange saint homme qui vénère le soleil et auquel Sampson a autrefois offert une montagne entière, et cette actrice oubliée, versée dans l’astrologie et les pratiques sado-maso. Mais voilà que le détective privé Lew Archer est engagé par la femme de Sampson pour retrouver cet excentrique magnat du pétrole dont les "amis" ont peut-être arrangé le kidnapping. Pour mener à bien son enquête, il devra naviguer entre les sanctuaires des méga-riches californiens et les boîtes de jazz sordides.

   Cette première enquête de Lew Archer plonge dans un univers où s'entremêlent sexe, avidité et rancœurs familiales. Ce classique du roman noir transcende le genre en mettant en scène un détective privé qui pénètre au cœur des mystères de l'existence humaine.

Ce que j’ai aimé :

Les romans de Ross McDonald ont été édités entre 1949 et 1976, et aujourd'hui  les éditions Gallmeister ont décidé de rééditer les aventures de Lew Archer dans de nouvelles tradutions, par ordre chonologique et directement en format de poche. Un vrai régal, merci Oliver...

 Cible mouvante nous plonge donc dans l’atmosphère des romans noirs des années 50 : les boîtes de jazz aux artistes désillusionnés, les bas-fonds sordides opposés à la lumière des grandes fortunes, si attirantes que certains papillons de nuit risquent d'y perdre leurs ailes.

Un autre monde souterrain dominé par l'argent et l'appât du gain se tapit dans l'ombre, attendant son heure. Lew Archer est là pour remettre un semblant d'ordre dans cette noirceur sous-jacente, il est l'archétype du détective privé fascinant,  et pourtant aux abords ordinaires.

« En 1935, lorsque je me suis engagé dans la police, je croyais que le mal était une qualité avec laquelle certaines personnes naissaient, comme un bec de lièvre. Et que donc le boulot de flic consistait à trouver ces personnes et à les neutraliser. Mais la mal n’est pas si simple. Nous l’avons tous en nous, et le fait qu’il en vienne ou non à s’exprimer dans nos actes dépend de beaucoup de choses. De l’environnement, des opportunités, de la pression économique, du manque de bol, d’un mauvais ami. Le problème, c’est que le flic doit continuer à juger les gens au doigt mouillé et à agir en fonction de ce jugement. » (p.128)

Les chapitres courts (5 pages environ) et l'écriture directe et incisive de Ross McDonald rendent cette enquête diablement efficace et crée une accoutumance indéniable à cette série, rééditée dans de nouvelles traductions et qui comptera a priori 18 volumes... Vous n'avez pas fini d'entendre parler de Lew Archer...

Ce que j’ai moins aimé :

-   Rien.

Premières phrases :

« Le taxi quitta la US en direction de la mer. La route contournait une montagne marron puis s’enfonçait dans un canyon bordé de chênes dorés.

-   C’est Cabrillo Canyon, dit le chauffeur.

Il n’y avait aucune maison en vue.

-   Les gens vivent dans des cavernes ?

-   Oh que non. Les domaines sont plus bas, près de l’océan. »

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Noyade en eau douce

Autre : Raymond Chandler et Dashiell Hammett

D’autres avis :

Blogs : Jean-Marc 

Presse :

Derrière son privé Lew Archer, Ross Macdonald décortique l'Amérique des nantis d'une plume cinglante. […] Une écriture moderne, tendue à l'extrême, et un goût pour le réalisme social qui se renforcera au fil des livres.

Christine Ferniot, TÉLÉRAMA

L'intrigue est en béton armé, la construction parfaite, la langue soignée (récit au passé simple). Les flatteurs ne s'y trompent pas: Macdonald est une étoile.

Marine de Tilly, LE POINT

Du grand art noir.

Delphine Peras, LIRE

Écriture précise, effets dégraissés, intrigue qui emprunte au réalisme social, émotion retenue. Face à une littérature de genre qui joue parfois la surenchère pour cacher sa médiocrité, le classicisme a toujours du bon.

Éric Libiot, L'EXPRESS

Le sens de la formule, des ambiances et des situations associés à des personnages denses nourrissent à juste titre la réputation de cet auteur admirable.

Jérôme Caron, LE POINT DE VUE

La meilleure série d’histoires de détective privé jamais écrite par un Américain.

WILLIAM GOLDMAN

Alors que personne n’y prêtait attention – ou plutôt quand tout le monde regardait dans la mauvaise direction –, un auteur de polar est devenu l’un des plus grands romanciers américains.

THE NEW YORK TIMES

Ross Macdonald est tout simplement l’un des meilleurs.

MICHAEL CONNELLY

Cible mouvante, Ross MACDONALD, Traduit de l’américain par Jacques Mailhos, Gallmeister, mai 2012, 288 p., 10 euros


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