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La connerie est dans le pré, l'amour c'est pas sûr !

Publié le 29 août 2012 par Irreguliere

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On le sait, je n'aime pas la campagne, je m'y ennuie, les horizons verdoyants me donnent des angoisses et les vaches me font peur. Autant dire que ma présence dans cette émission serait aussi incongrue que celle d'un oranger sur le sol irlandais, ou d'une tasse en porcelaine dans un élevage d'éléphants. De cela je suis consciente mais ce n'est pas le cas de toutes les candidates, qui feraient mieux de s'abstenir, pour la plupart, tant elles ne semblent pas vraiment faites pour la vie à la ferme. Mais bref.

Nonobstant cette inadaptation totale au monde rural, je ne peux m'empêcher de regarder cette émission, sans doute animée d'une sorte de voyeurisme malsain. Malheureusement, ce qui m'amusait au début commence à m'affliger franchement, voire à m'atterrer profondément. Alors je sais bien qu'il est évident que la chaîne va sans doute chercher tout ce qu'il y a de plus caricatural dans le milieu agricole pour le jeter en pâture aux citadins bobos, mais j'ai quand même l'impression qu'ils n'ont pas à chercher bien loin pour trouver de véritables phénomènes de compétition aux belles têtes de vainqueurs.

Ce qui m'afflige, ce n'est pas la décoration souvent moche vieillotte ringarde vintage des intérieurs de ferme dont le papier peint ne semble pas avoir été refait depuis la Libération. Ce n'est pas non plus l'omniprésence de la famille, père ou mère selon les cas (mais ça me fait peur). Ce ne sont pas, non plus, les soirées entre amis où l'on fait tourner les serviettes en écoutant Patrick Sébastien. Ni l'impression que souvent le dernier bouquin qu'ont ouvert ces gens, c'est l'almanach Vermot 2001.

Non, ce qui m'afflige, c'est leur conception du couple. Je parle ici en particulier de la catégorie mâle, même si le trait se retrouve également chez les femmes. Sitôt arrivées, les prétendantes se voient donc chaussées de bottes et vêtues d'une magnifique combinaison sale que je ne porterais même pas pour descendre la poubelle. C'est très romantique comme approche, c'est certain, ça donne envie ! Mais, voyez-vous, la principale qualité dont doit faire preuve la prétendante, c'est d'être "travailleuse". Pas douce, pas gentille, pas drôle, pas intelligente, travailleuse. Car c'est un fait : rares sont les agriculteurs de l'émission qui ne considèrent pas comme une évidence que leur compagne doit participer aux travaux de la ferme. Et ce, même si elle a un vrai travail à elle à l'extérieur hein, on s'en moque, elle doit aussi traire les vaches (en plus de la cuisine, du ménage et du repassage, bien entendu). Alors je m'interroge : dans quelle autre profession considère-t-on comme ça le conjoint comme une main d'oeuvre gratuite ? Il ne me semble pas que l'enseignant fasse corriger ses copies à sa moitié, que le médecin envoie son épouse soigner ses patients ni que l'avocat demande à sa femme de plaider à sa place. Il n'y a guère que les commerçants qui font encore ça, et de moins en moins car souvent, aujourd'hui, 2012, XXIème siècle, il s'agit d'un travail déclaré.

Du coup, je m'interroge sur les réelles motivations de certains agriculteurs de l'émission : cherchent-ils l'amour, ou cherchent-t-il une boniche ? En tout cas, ils ont du mal à entendre qu'on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, et que faire nettoyer le fumier à une femme, comme plan drague, on a vu mieux. On a donc quantité d'agriculteurs qui ne communiquent pas avec leurs prétendantes, ne les emmènent pas au restaurant, ne les séduisent pas : non, l'essentiel, c'est qu'elle ne rechigne pas à la tache. Alors que l'essentiel, le vrai, n'est pas là : quand on tombe amoureux, peu importe le métier de celui ou celle qui nous plaît, et amoureuse je serais même prête à aller vivre à la campagne voyez. Mais pas à traire les vaches, faut pas abuser !


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