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La panne sèche pour De Palma

Par Tred @limpossibleblog

La panne sèche pour De Palma Quand j’ai voulu commencer à écrire ce billet, j’étais dans le métro. Si je me déplace rarement sans un cahier et un stylo, ce n’est pas pour écrire pendant la projection des films que je vois au cinéma (quelle horreur, le jour où l’envie me prendra de le faire, j’arrêterai d’écrire ma passion du cinéma vous pouvez me croire).  Non, si j’ai souvent un cahier et un stylo à portée de main, c’est pour les mettre à contribution dans les transports en commun, lorsque je sors d’un film et que je n’ai pas la tête à me plonger dans la foulée dans mon bouquin, tout ému, embrumé, agacé ou transporté que je suis encore par le film que je viens de découvrir. Alors je sors mon cahier et je couche l’émotion, ou la brume, ou l’agacement ou le transport. Je couche le ressenti ou les péripéties.
Quand j’ai voulu commencer à écrire ce billet, je sortais de Pulsions de Brian de Palma, récemment ressorti en copies neuves au Grand Action dans le Quartier Latin. Une projection qui m’a permis de renouer avec la salle Langlois du Grand Action, où je ne m’étais pas rendu depuis presque deux ans. La salle de la rue des Écoles est associée dans mes souvenirs à des moments de cinéma incroyables, les plus récents étant « Les moissons du ciel » et « Il était une fois dans l’Ouest » chacun en copies neuves. Elle restera aussi à jamais celle où j’ai découvert un jour de 2003 « Rio Bravo » de Howard Hawks. Le western en huis clos de 1959, pour la première fois devant mes yeux sur ce bel écran panoramique, père de nombreux films de genre dans les décennies qui ont suivi. Un de mes plus beaux moments de spectateur, la stature de John Wayne, le regard de Dean Martin, le sourire édenté de Walter Brennan… Les années qui ont suivi m’ont finalement presque plus souvent conduit dans l’autre salle du Grand Action, moins impressionnante et immersive (même finalement plus confortable, et ça compte ça, non ?)
Quand j’ai voulu commencer à écrire ce billet, c’était pour parler du film découvert ce jour-là au Grand Action. Pulsions de Brian de Palma. Pour parler d’Angie Dickinson (tiens, en parlant de « Rio Bravo »…) en épouse adultère, de Michael Caine en psy concerné, de Nancy Allen (qu’est-elle donc devenue ?) en call-girl traquée. Pour parler de l’intensité narrative et de la patte de De Palma. De ces duos de personnages toujours filmés à la perpendiculaire l’un de l’autre et du grand-guignol jamais tapi bien loin, mais dans lequel le film parvient à ne pas verser. Et puis au moment de commencer ce billet, au sortir du film, dans les tunnels du métro, le cahier sur les genoux, mon stylo a rendu l’âme. Impossible de lui en tirer ne serait-ce qu’un mot, la panne sèche. Les jours ont passé les films se sont enchaînés, les vacances se sont insinuées, et ces mots que je voulais coucher se sont enfuis.
Quand j’ai voulu commencer à écrire ce billet, je ne savais pas ce que j’allais écrire. Mais je ne pensais vraiment pas qu’il ressemblerait à cela.

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