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There will be blood

Par Luc24

Je suis un sacré flemmard, il m'en aura fallu du temps pour me motiver à voir There will be blood, le nouveau film de Paul Thomas Anderson (Magnolia, Punch Drunk Love). 2h40, ça fait toujours peur, et je dois avouer qu'à la base le sujet autour des pétroliers m'excitait moyen. A force de lire des critiques dythirambiques je me suis enfin motivé à bouger. Ca valait le coup ?

La critique    

There will be blood

Le portrait très noir d'un homme matérialiste et individualiste

Il était une fois l'Amérique, il était une fois Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis). There will be blood commence par un long moment d'agitation, sans dialogues. On remarque la certaine frénésie de ces chercheurs d'or noir, aussi et surtout les dangers que constitue cette recherche effrenée pour laquelle il ne faut pas avoir peur de se rouler dans la boue. En gros, le début du capitalisme. Daniel Plainview est un conquérant , un homme prêt à tout pour le profit. Le pétrole c'est sa vie, il ne vit que pour ces explosions pétrolières, pour cet argent qui tombe, ces terres qu'il pourrait s'approprier. Toujours accompagné de son petit garçon (dont la mère serait morte en couches, dit-il), notre homme séduit, manipule, détruit les autres pour réaliser ses rêves matérialistes. L'oeuvre nous montrera son parcours, de ses modestes mais ambitieux débuts à l'empire financier qu'il parviendra à créer, non sans avoir fait tomber quelques têtes.

There will be blood

Le nouveau film de Paul Thomas Anderson a la classe, c'est un fait indéniable. Tout semble archi maitrisé, bien pensé, grande réalisation, déploiement d'artifices (musique omniprésente notamment) efficaces. Les thèmes du film ne manquent pas et on est donc à des milliers de kilomètres d'une pauvre saga sans ambitions. Le film se permet même parfois le luxe de trainer un peu, d'avoir recours au silence pour montrer la grande solitude émotionnelle dans laquelle baigne Daniel Plainview. Daniel Plainview, incarné par Daniel Day-Lewis (en mode actor studio), c'est sur lui que porte tout le film. Un personnage noir, pas sympathique, cruel mais qui étrangement parvient à gagner notre sympathie de par son extrême charisme. L'acteur cabotine parfois un peu trop mais il prête ses traits à un personnage tellement haut en couleurs, une véritable créature de cinéma (comme c'est le cas pour Julia d'Erick Zonca, grand film en ce moment dans les salles), qu'on oubliera volontiers certains tics qui pourraient agacer. Sondant les rapports familiaux complexes, l'individualisme naissant, la dualité croyance/matérialisme ( les scènes avec Eli, le jeune pasteur sont de loin les plus passionnantes et les plus hypnotiques) , ce portrait noir d'un homme qui sombre de plus en plus dans la folie est un moment de cinéma intense. Le final d'une barbarie et amoralité assez jouissive nous laisse partir avec un sentiment de respect. Paul Thomas Anderson joue dans la cour des grands.


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