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CAC 40 ou restons entre nous, on est bien

Publié le 04 septembre 2012 par Eldon

Noam Chomsky dénonce « les vastes institutions de tyrannie privée » qui imposent leur vision du monde  et tirent les ficelles depuis les arrières cours que sont leurs salons dorés. Les grandes entreprises en font partie. Et le meilleur moyen de maintenir le système et la continuité d’action est bien sûr d’assurer la relève par des jeunes cadres issus d’un moule prédéfini ( voir article Frais de scolarité, endettement  et endoctrinement) et de créer un cercle fermé dans la direction de leurs groupes.

Ainsi, les membres des conseils d’administration des entreprises cotées appartiennent à des réseaux sociologiques fermés, souvent constitués dès la formation dans de grandes écoles très élitistes. Dans une thèse récente, Aurélien Eminet (université Paris-Dauphine) constate que la voie royale pour devenir membre du conseil d’administration d’une société du CAC 40 passe par des études à Sciences-Po, une école prestigieuse de type Polytechnique ou l’Ecole des mines, un détour par un grand corps de l’Etat ou une banque d’affaires, avant de prendre un poste de direction générale (« Oligarchie et dynamique de professionnalisation des administrateurs », 2012).

D’autre part, et c’est là que le système est parfaitement verrouillé, 39 des 40 entreprises du CAC 40 ont au moins un administrateur en commun les unes avec les autres. Certains administrateurs siègent même dans six conseils à la fois. Malgré les promesses et les réformes, la consanguinité du capitalisme français est toujours aussi prégnante.Démonstration en images.

Rappelons qu’un « code de gouvernement d’entreprise » publié en octobre 2008 par l’Afep (Association française des entreprises privées) et le Medef précise pourtant que « lorsqu’il exerce des fonctions exécutives il [l'administrateur] ne doit, en principe, pas accepter d’exercer plus de quatre autres mandats d’administrateur dans des sociétés cotées, y compris étrangères, extérieures à son groupe ». Loïc Dessaint, directeur associé de Proxinvest, observe malgré tout un changement : « Ce qui est nouveau, c’est que les gens envoient maintenant leur femme ou leurs enfants à leur place pour moins éveiller les soupçons. Voilà comment on voit Amélie Oudéa chez Lagardère ou Nicole Bouton chez Pernod-Ricard. »

C’est incroyable. Pour faire modeste, on envoie ses femmes, ses maîtresses, maris, amants, enfants,…. Bientôt des clones.

Rappelons  également que ces administrateurs sont grassement rémunérés en ce « jetons de présence » dont les montants laissent songeurs (Voir chez Air-France, EDF, Crédit Agricole, Hermès). Mme Florence Woerth a ainsi perçu 400 000 euros en jetons de présence en 2010. Pour combien d’heures de travail? Certainement pas pour un temps plein à 45 heures hebdomadaires et 3 semaines de congés.

Bref, on se forme entre nous, on se recrute entre nous, on se dirige entre nous, on se rémunère entre nous.

Situation scandaleuse qui est loin d’être par ailleurs une chance pour les entreprises concernées, qui sont il faut bien le dire pillées quand on regarde de plus près le montant des salaires de leurs patrons, leurs jetons de présence, indemnités et autres frais. L’abus de bien Social légalisé.

Il suffirait pourtant d’insérer un article de deux lignes au plus dans le code du Droit des Sociétés limitant le nombre de mandats possibles. Le code de gouvernement d’entreprise n’est qu’une vaste fumisterie, on le voit bien et ne sert qu’à jeter de la poudre aux yeux des crédules. Mais encore une fois, que fait l’Homme Politique?

Rien. C’est L’ère de l’Homo Nostrum.

Sources: Alternatives économiquesMédiapart – Le Monde

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