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Tokyo, hors les murs ...

Publié le 14 septembre 2012 par Asiemute

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"Tout artiste est précieux car il apaise le monde humain et enrichit le cœur des hommes."

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Il ne pouvait qu'être artiste, celui qui a imaginé, au coeur de Tokyo, cette colline verdoyante, au Koishikawa Koraku-en, un des plus anciens parc de Tokyo puisque son aménagement a été entrepris en 1629. C'est dans cet havre de verdure que je me suis soustraite, quelques heures, à la suffocation de la ville tentaculaire. Je n'ai pas été étonnée d'apprendre que la taille de ce jardin a été considérablement réduite au regard de l'urbanisation de Tokyo, puisqu'il n'occupe plus aujourd'hui que sept hectares contre vingt-cinq à l'origine ...

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"La civilisation, de nos jours, consiste à offrir quelques mètres carrés de terrain à chacun et à dire: "Faites ce que vous voulez sur ce terrain, que vous dormiez ou que vous restiez éveillé". Elle entoure de grillages ces quelques mètres carrés en vous interdisant, sous la menace, de faire un pas de plus, mais il est normal que ceux qui jouissaient de la liberté sur ces quelques mètres carrés désirent en jouir aussi au-delà de ces grillages. Les malheureux habitants de ces pays civilisés, du matin au soir, aboient en s'agrippant aux grillages. La civilisation, après avoir fait de chaque individu un tigre féroce en lui rendant la liberté, maintient la paix civile en le jetant dans une cage. Cette paix n'est pas la paix véritable. C'est celle d'un tigre au zoo, qui fixe les visiteurs, le corps tapi. Il suffirait qu'une seule barre de la cage cédât... et le monde serait sans dessus dessous."

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"C'est ici que la nature est chose précieuse. S'il le faut, elle peut se montrer impitoyable et cruelle, mais elle n'a nullement la légèreté de changer d'attitude selon la personnalité de chacun. Beaucoup de gens se moquent des grandes compagnies. Mais seule la nature serait capable d'ignorer calmement l'autorité de tous les rois. La vertu de la nature dépasse de très loin ce monde de poussière et instaure une impartialité absolue en toutes choses."

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"Si l'on songe que c'est la terre que l'on foule, on finit par veiller à ce qu'elle ne s'entrouvre pas. Il suffit de penser que le ciel nous surplombe pour craindre que la foudre ne s'abatte sur nous. La société exige que l'on affronte les autres pour sauver son honneur, si bien que l'on n'échappe pas aux souffrances du monde d'ici-bas. Pour quiconque vit sur la terre orientée par l'est et par l'ouest et doit marcher sur la corde raide des avantages et des désavantages, vain est l'amour. La richesse qui s'offre à vos yeux n'est que fange."

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"Ce qu'on appelle le plaisir se produit par arrachement aux choses et implique toutes sortes de peines : seuls les poètes et les peintres atteignent la pureté absolue en saisissant sans détour l'essence de ce monde d'oppositions. Ils savourent la brume, s'abreuvent de rosée, ils apprécient le pourpre et ils discutent l'incarnat, sans jamais se plaindre d'en mourir. Leur plaisir ne s'attache pas aux choses. Ils s'assimilent à elles et deviennent eux-mêmes ces choses. Et lorsqu'ils s'y sont totalement identifiés, ils ne trouvent plus d'espace pour y ériger leur soi, dussent-ils passer au crible le vaste monde."

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Photos à Koishikawa, Tokyo, juillet 2012

Texte extrait de "Oreiller d'herbes" de Natsumé Sôseki

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