Magazine Cinéma

The mist

Par Rob Gordon
The mistQuatrième long pour Frank Darabont, et troisième adaptation d'un texte de Stephen King. Si Les évadés a acquis avec une rapidité stupéfiante ses galons de grand classique (figurant notamment en haut de la liste des films préférés des américains), la suite fut moins brillante, avec notamment une Ligne verte franchement niaiseuse, comme disent nos amis du Québec (j'ai pas d'amis au Québec, mais c'est une façon comme une autre d'être cordial). On n'attendait pas grand chose de bon de The mist, qui avait tout pour ressembler au catastrophique Dreamcatcher de Lawrence Kasdan. D'où la merveilleuse surprise que constitue la vision de ce film racé, rythmé, fin et flippant.
The mist a tout pour faire verdir M. Night Shyamalan de jalousie : le propos est souvent le même, sauf que Darabont propose une réflexion frontale et couillue, loin des errements faussement futés du réalisateur de La jeune fille de l'eau. L'action et le suspense sont présents dans chaque scène, contrairement à des films comme Signes, où l'introduction traine en longueur sous couvert de mystère et où les moments de bravoure sont rares et courts. résultat : on flippe très régulièrement, le souffle court face à cette brume malfaisante et porteuse d'un paquet de bestioles en tous genres, dont le seul point commun est leur caractère nuisible. Là où la réussite de The mist devient frappante, c'est lorsque l'on réalise que certains effets spéciaux sont ratés, mais qu'on s'en moque prodigieusement. Signe qu'on n'est pas simplement en présence d'un bête film de monstres.
Car c'est finalement dans son aspect le plus terriblement humain que The mist séduit et effraie. Réduits à se planquer dans un supermarché pour tenter d'échapper (provisoirement ?) à la catastrophe qui s'abat sur eux, les quelques habitants de ce bled du Maine vont finir par se livrer une bataille proprement absurde, où l'intégrisme religieux, mêlé à la bêtise et à la peur, risque à chaque instant de les mener à leur perte. C'est également en cela que Darabont se distingue de Shyamalan, qui utilise souvent la religion comme un hobbie mystique et rassurant, pouvant nous protéger de n'importe quel envahisseur. Ici, pas de tissu de foutaises, mais un anti-prosélytisme des plus rassurants, qui donne une nouvelle dimension à la fameuse rengaine "l'homme est un loup pour l'homme".
On ne reconnaît décidément pas Darabont, qui a laissé les bons sentiments au vestiaire. est-ce le simple fait d'avoir réalisé un épisode de The shield ? Il n'a en tout cas jamais filmé de façon aussi efficace, multipliant les angles, les points de vue, les effets discrets mais palpables... En plus d'être un film de genre et une réflexion sur la nature la plus profonde de l'homme, The mist est également un film à l'esthétique assez passionnante. On attend maintenant de voir la version voulue par Darabont, un noir et blanc qu'on devine magnifique. En attendant, on peut se contenter de savourer ces deux heures de régal en couleur, et se remémorrer sans cesse cette fin culottée, déchirante et inattendue pour un film prétendument hollywoodien. La classe.
8/10

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rob Gordon 109 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines