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Il mostro!

Publié le 21 septembre 2012 par Alexcessif

Au prétexte d’aller vérifiez l’hygrométrie d’une culotte me voilà mûr pour commettre une dernière forfaiture. 28 juin 10h- notre premier rendez-vous. Listant toutes les bonnes raisons de ne pas y aller je me suis rendu vent contraire à ce premier rendez-vous fébrile et vaincu. Jouant la passion contre la raison, sur la simple promesse de sa robe rouge vue sur la petite annonce. Je n’ai pas été déçu et notre léger flirt m’a laissé un goût délicieux de reviens-y ! Un genou à terre j’avais renoncé à elle et à toutes les autres. Formaté sur l’amour dure trois ans j’ai fuis la petite dernière.Je n'aimais pas ce que nous étions en train de devenir. J'imaginais, puisque je franchissais souvent la porte des étoiles, que nous devenions une histoire de tenon et de mortaise et afin de ne pas subir un jour la débandade, j'organisais la dérobade dans la confusion entre courage et inconscience, prétention et ambition. Avec cette constance et ce talent à me fabriquer des souvenirs poisseux. Il était temps de fuir avant qu’elle ne démasque l’illusionniste en devenir. Elle est différente : quand l’ex rugissait, celle-ci ronronne. Du haut de ses quatre ans la puissance de l’ancienne m’allongeait les bras quand celle –ci me donne des coups de pieds au cul malgré ses heures de vol. Pourtant l’envie de sentir  à nouveau« du vent dans mes mollets »me tenaillait. Sans doute émasculé par le monde des feux rouges et des frigos à remplir, ma sédition se bornait à passer quelquefois à l’orange et à mordre les bandes blanches. J’étais devenu un rebelle monocouille roulant à 55 au lieu de 50. Juillet : J’ai cédé à un autre rendez-vous où j’ai froissé sa robe noire. Je sais pourtant qu’encore il y aura des murs entre elle et moi ! Me défiant de la confusion qui ne peut discerner entre le désir et la simple curiosité et ne pas brûler de l’un pour satisfaire l’autre. Je me suis tant fourvoyé ! J’ai bossé pour oublier puis rempli les heures vacantes pour ne pas me laisser submerger. Elle revenait dés que je cédai au sommeil vulnérable et abruti par l’effort. La réponse est venue de la sagesse d’un vieil homme. Aragon. Espagne. D’étranges déjections minérales, que les gens d’ici appellent Cairns, m’avait orienté vers un village abandonné. Seule l’église dont les pierres étaient encore vivantes encourageait à la visite. Le golem était là ! Enfin là, mais pas tout à fait terminé : autour de lui un petit homme chauve et binoclard dans la soixantaine s’affairait virevoltant, charriant deux rubis pour les yeux, un rocher pour la tête et des membres de pierres prélevées sur l’église, tout à sa tache de donner vie au super héros invulnérable qui devait protéger son village et son peuple des pogroms de Franco. J’apercevais dans la pénombre sur son tee-shirt porté à l’envers l’étiquette cousue par sa maman du temps où on marquait le linge avant d’envoyer son marmot en colo. Son nom était lisible : Alex Cessif. Le sage, le mythique Alex Cessif ! J’avais quelques questions à lui soumettre : qui, que, quoi, donc, où et comment ? Et il n’allait pas s’en sortir avec des parce que. M’adressant à lui je lui explique mes tourments : « que dois-je faire Maître ? » « Soit que par égale puissance
L’affection, et le désir
Débattent de la jouissance
Du bien, dont se veulent saisir:
Si tu veux  leur droit choisir,
Tu  trouveras  sans fiction,
Que le désir en tout plaisir
Suivra toujours l’affection*. »me dit-il !
Mais encore ? Insistais-je perplexe. « Il te faut rendre bien explicite le fait que tu choisi ta compagne et que tu tombes ou pas éperdument amoureux à cause ou par la grâce  d’une constellation de caractéristiques et d’attributs qui lui sont propres et spécifiques, et pas en fonction de ce qui manque ou fait carence chez les autres. J’insiste sur ce fait, sans aucunement exclure la possibilité que certaines de ces qualités puissent être attribuées à l’âge, qu’elles soient les fruits de la maturité. Bon maintenant, au sujet de ces femmes de ton âge, je peux énumérer les suivants: l’attachement quasi-nombriliste à leur groupe, la conformité sociale, le carriérisme débridé et cru, l’avarice émotionnelle… Mais ce qui t’a détournée le plus abruptement de ces femmes, c’est indubitablement leur façon de traiter la sexualité du couple. Simplement dit, tu n’as jamais trouvé la moindre harmonie sexuelle avec une femme proche de ton âge. J’ai même l’impression qu’elles ne s’intéressent pas autant qu’elles voudraient bien le laisser croire à la sexualité, dans toute sa profondeur, et encore moins à la séduction. » Putain, il est en forme l’Alex. Il a l’air de bien me connaître en plus, mais  là il me faut un décodeur: M’approchant du Golem pas encore animé je glisse une carte Sim*, tape mon code PIN et j’attends : il se redressa et ses deux rubis se mirent à briller« laisse tomber ce vieux con, j’t’la fais courte : une seule a la sagesse et la jeunesse, elle est italienne, fonce mais vas-y mollo!  Il mostro!Ce matin à 10h elle sera à moi et tant pis pour sa robe jaune. Le banquier me fait quelques difficultés pour me lâcher la somme en cash, l’assureur me congratule en m’assurant de son assurance et la  préfecture m’assure qu’elle porte désormais mon nom. Dans le flot moutonnier de la translation ordinaire calé à 130km /h ma nouvelle complice Ducati 600 Mostro de douze ans d’âge ronronne entre mes jambes sur l’autoroute. Une Ferrari joueuse me talonne entre Bordeaux et Saint André de Cubzac.  J’ai envie de bourrasque ! Malgré toutes mes bonnes résolutions mais assez mal armé avec mon petit bicylindre nous flirtons à quatre dans la zone interdite. Mon ex, une Fazer de 98 chevaux, rugissait en prenant 14000 tr/mn. Qu’importe, rien ne vaut le présent. Même si  l’actuelle  en a plein les pistons à 7000 RPM, j’aime ces coup de pieds au cul qu’elle me délivre dans la force de son ronronnement feutré. Puis,  le pilote de la Ferrari programme l’hyper vitesse sur une trajectoire exempte d’astéroïdes. La matière devient de la lumière, j’assiste, impuissant,  à la disparition du Millénium Falcon dans un vortex secoué par ses turbulences et aspiré dans son maelström de vent quelques instants. Bourg/Gironde,Gauriac, Roque de Thau, Bayon,Lansac, Plassac, Blaye, la route de la corniche convient bien mieux à ma petite cylindrée  qui reprend son souffle à la vitesse légale. Il reste quelques heures au jour et quelques jours à l’été. L’estuaire en contrebas me tend son miroir argenté et limoneux. De l’autre coté, le manque, l’absence, les ténèbres et la peur. »
*Pernette du Guillet. * dans la légende Le Golem est d’argile et échappe à son créateur par un parchemin glissé dans sa bouche. Le mien est en pierre pour la solidité et la carte Sim remplace le parchemin.

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