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The Dark Knight (2008) de Christopher Nolan

Publié le 25 septembre 2012 par Flow

The Dark Knight. 

(réalisé par Christopher Nolan)

La Loi, l'Ordre et le Chaos.

 

 

Vous ne le savez peut-être pas mais The Dark Knight fait partie de mes films préférés. Je me suis longtemps refusé à le critiquer par peur de ne pas être capable de lui rendre hommage comme il le mérite. Je vais pourtant essayer...


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Dans ce nouveau volet, Batman augmente les mises dans sa guerre contre le crime. Avec l'appui du lieutenant de police Jim Gordon et du procureur de Gotham, Harvey Dent, Batman vise à éradiquer le crime organisé qui pullule dans la ville. Leur association est très efficace mais elle sera bientôt bouleversée par le chaos déclenché par un criminel extraordinaire que les citoyens de Gotham connaissent sous le nom de Joker...

 

Batman Beginss'achevait sur une prédiction. Jim Gordon, à demi-mot, mettait en garde le chevalier noir. Oui, il avait réussi à faire bouger les choses mais les criminels allaient s'adapter et devenir encore plus coriaces. Il ne croyait pas si bien dire. Le nouveau félon en ville est une incarnation pure et parfaite du Mal car ses motivations sont dénuées de sens et le mystère entourant sa «naissance» reste entier lorsque le générique final commence.

 

Ce personnage est une des plus belles réussites du cinéma contemporain (rien que ça). Son look de punk, sa voix unique, son rire glaçant en font un émissaire du chaos des plus saisissants. Chacune de ses apparitions fait froid dans le dos autant qu'elle fascine. On ne peut rester insensible à ses gesticulations hasardeuses. Il est au cœur du film et vole à Batman son rôle de moteur fictionnel. Il impose son rythme au long-métrage et les autres sont relégués au rang de personnages passifs. Ils subissent l'action et les facéties du Joker. C'est un personnage sans but défini, mais c'est lui qui est aux manettes du spectacle. Tout ça, on le doit à l'immense Heath Ledger, capable d'une abnégation rare, qui insuffle une âme à son jeu. Il suffit de s'attarder sur The Dark Knight Risespour constater que sans ce rouleau compresseur les aventures du chevalier noir manque de rythme.

 

Mais la réussite de The Dark Knight, si elle doit beaucoup à son méchant, possède d'autres arguments de poids. C'est un blockbuster crépusculaire de deux heures trente qui te prend aux tripes et ne te lâche plus. Dans une ambiance pessimiste à souhait, on écoute Nolan nous conter la déchéance de la civilisation et de l'idéal de justice. Une fois de plus, le Joker représente le peu de confiance que le réalisateur place dans la société (le discours adressé à Dent à l'hôpital qui se termine sur un «de toute façon, tout ira mal. A quoi bon faire des plans?». Et les figures positives du long-métrage sont toutes corrompues, salies.

Batman est la justice dans un monde qui n'en a plus mais il se change ici en agent faisant respecter non pas la Loi, mais l'Ordre. Son Ordre, celui qu'il a mis en place. Ce n'est pas pour rien qu'il veut raccrocher, son monstre lui a échappé pour devenir ce qu'il combattait. Il cristallise la dérive sécuritaire d'une Amérique qui essaie tant bien que mal de contenir la violence (la machine pour espionner les gens qui rappelle des périodes troubles de l'histoire). Le chevalier noir n'est pas un super-héros mais une machine implacable qui distribue des mandales tel un Chuck Norris des temps modernes. Mais il se fatigue pour rien et il le sait. Son combat est vain, pourtant il le mène quand même. Au prix de perdre sa véritable identité: Bruce Wayne. Il y trouve ainsi une sorte de réhabilitation.

Le rapprochement avec la dictature romaine est par ailleurs très intéressant. Les actions de Batman ne sont pas justes mais elles sont nécessaires. On ne peut se payer le luxe d'avoir un sens moral si on souhaite combattre des criminels qui n'en ont aucun. Ces questionnements sont passionnants car on flirte avec le totalitarisme et toutes les questions morales qui en découlent.

Harvey Dent, pourtant, symbolise l'alternative. Il est la Loi. Ses actions sont justes et il est l'échappatoire pour Bruce Wayne. Hélas, en ces temps sombres, une telle droiture est encore plus inutile que les coups de Batman. Il suffit d'observer la façon dont il est malmené, puis brisé par les évènements du film. La noirceur du propos n'a jamais été aussi profonde dans un film de super-héros. Blasé le Nolan? Il semblerait.

L'épilogue (majestueux) emporte ses deux héros avec lui face à un Jim Gordon impuissant qui ne peut qu'appuyer le mensonge pour gagner un court répit. Non, après le triomphe de l'Ordre, la justice ne l'emportera pas. So dark. A n'en pas douter, le meilleur film de Nolan, le meilleur mettant en scène Batman et tout simplement le meilleur film de super-héros. N'ayons pas peur des mots.

 

 

 

Note:

Pastèque royale


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