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Umar TIMOL : "L'HOMME QUI NE POUVAIT S'EMPÊCHER DE RIRE" (fin)

Par Ananda

Voila où j’en suis. Je vous ai donc proposé quatre fins. Et, entre ces quatre fins, je vous prie de choisir celle qui vous convient le plus. Je ne vous cacherai cependant pas que j’ai une certaine inquiétude : n’ai-je pas cassé le rythme du roman en procédant de la sorte ? Ai-je raison d’en user ainsi ? Car après tout il est important de tenir le lecteur en haleine. Celui-ci a sûrement dépensé une petite fortune pour acheter ce livre.

Comme il n’est aucunement dans mes intentions de vous berner, je vous avouerai que je suis franchement à court d’inspiration. Ayant épuisé, si je puis m’exprimer ainsi, le personnage, je ne sais plus du tout quoi écrire. Mais, pour autant, j’ai la faiblesse de croire que vous avez beaucoup ri et, à mes yeux, c’est la chose la plus importante. Je serais curieux de savoir, même, combien de fois vous avez ri. Cinq fois (sans doute pour cause d’allergie au rire ) ? Dix fois (parce que vous êtes quelqu’un de plutôt stoique) ou plus de vingt fois ( parce que vous avez le sens de l’humour ) ? Il me plairait bien que vous me communiquiez le chiffre exact. Ce chiffre, en effet, m’aiderait à mieux structurer ma prochaine œuvre… Pourquoi ne pas même, tant qu’on y est, mettre au point à cette faveur une sorte d’appareil de mesure du rire, qu'on baptiserait le riromètre ? Ne serait-ce pas un nouveau et excellent moyen de déterminer la qualité réelle d’un texte littéraire ? Etant donné le caractère par essence très subjectif de tout jugement littéraire, ce riromètre ne nous permettrait-il pas d’établir des critères plus objectifs en matière d’évaluation de la littérature ? Pour prendre un exemple, un 4 sur l’échelle du riromètre aurait pour signification ‘œuvre modeste’ alors qu’un 9, lui, serait l’indication d’un réel ‘chef d’œuvre’. Les oisifs pourraient s’engager dans un combat qui viserait à promouvoir le riromètre et, dans ce but, fonder une association, qui ferraillerait ! Ce serait certes un combat de longue, de très longue durée, mais après tout n’est-ce pas là le cas de tous les grands combats et la garantie de leur victoire ? Donc, à terme (et c’est cela seul qui entre en ligne de compte), on parviendrait, un jour, à imposer une nouvelle vision de la littérature et, dans la foulée, peut-être, du monde. Oui, je suis convaincu que ce n’est, au fond, qu’une question de temps…. Pardonnez-moi ce lyrisme béat mais c’est ainsi : je veux croire au Riromètre !

C’est le matin. Il est encore tôt. Comme je l’ai signalé, je n’ai plus rien à dire mais, étrangement, j’éprouve encore le besoin de laisser courir ma plume… C’est qu’elle est parfois si agréable, l’activité d’écrire ! Comme j’aime sentir, sur la page, le déversement de ce flot de mots ! De mots, venus d’on ne sait où, qui se mettent à proliférer, comme doués d’une vie propre, d’un chatoiement que je ne maîtrise plus !

Mais bon, je sens maintenant qu’ il est grand temps de clore cette histoire… Maitre Yado est à mes a cotés et il a une ou deux petites choses à nous dire.

Quant à moi, je me dois de vous remercier une fois de plus. Merci d’avoir lu ces pages, et de vous être amusés avec. Merci à mon éditeur, pour avoir bien voulu accepter de publier mes élucubrations. Merci aux lecteurs qui liront ce livre dans une centaine d’années ( ah ces foutus rêves de postérité mais je suis auteur que voulez-vous ! ) et merci à mon personnage qui est évidemment une totale fiction mais qui ne m’en a pas moins permis d’écrire un livre, et d’y prendre plaisir !

Adieu.

Je passe maintenant, comme promis, la parole a Maitre Yado.

Maitre Yado :

Messieurs, mesdames, jeunes filles et jeunes gens, enfants de l’Ile Maurice et enfants de l’océan indien, lecteurs et lectrices, hypocrites et moins hypocrites, titulaires de la force et non titulaires de la force, nous avons exploré, pendant quelques heures, la vie d’un homme, d’un homme qui, il se trouve, ne pouvait s’empêcher de rire. L’auteur (ce même auteur qui me regarde, je ne sais pourquoi, d’un air sévère ), n’a pas résisté à la tentation qu’il avait d’intervenir dans le texte, sans doute a-t-il ses raisons et nous ne sommes pas là pour en juger. Il n’est pas dans mes intentions de digresser mais de vous expliquer la morale de ce livre. Quelle est donc la morale de ce livre ? Merde, que vois-je, voilà AshDeep qui arrive sur son dekti bleu mais qu’est-ce qu’elle me veut , tout à coup ? Qu’est-ce qu’il lui prend ?Je lui parlerai tout à l’heure….Oui je disais…revenons à notre morale, la morale de ce livre ? Eh bien, voyez-vous, j’en suis arrivé à la conclusion qu’il n’y en a aucune. Enfin, presque aucune, serait-il plus juste de dire, même si ça complique, du coup, sensiblement les choses. Permettez-moi de m’expliquer. Etant donne que je suis un véritable sage, que je ne suis pas un sage de pacotille, que j’inculque, par des moyens fort subtils, une sagesse profonde aux autres, vous comprendrez que ma sagesse est une sagesse de l’intelligence. Recapulonti. Non, pardon, je disais…. Raceputilons. Non, pardon, Recaputilons. Aah, j’ai toujours éprouvé un mal fou a dompter le langage ! Mais passons. Donc je dirais qu’il n’y pas de morale et qu’il y a une morale. Et le tout simultanément. Pour comprendre, il va de soi qu’il faut avoir recours à son intelligence ( encore faut-il en posséder une, bien évidemment, me direz-vous, à ce propos il paraitrait, selon les toutes dernières études, que les fanas de telenovas et de séries bollywoodiennes n’ont en tout et pour tout que deux neurones dans le cerveau, ces neurones étant situées, assez bizarrement, dans la cavité nasale ). Là encore, je m’explique. Il ne s’agit pas d’inculquer la morale au lecteur mais de lui permettre de l’identifier seul, à l’aide de ses méninges. S’il vous faut un exemple, je prendrai celui du Petit Chaperon Rouge. Je crois que tout le monde connait ce compte, non excusez-moi, ce conte, plutôt. Les interprétations en sont nombreuses et complexes, les exégèses divergent mais la morale n'en est pas moins la suivante : le loup est un con. Car pourquoi donc éprouver le besoin de concocter des stratégies absurdes dans le but de manger le chaperon rouge alors qu’il aurait pu tout simplement lui tomber dessus et la dévorer d’un seul coup ? Revenons maintenant à nos mounons, pardon, qu’est-ce que je dis, moutons. En passant je ne résiste pas à une petite parenthèse, savez-vous que ma voix ressemble à s’y méprendre à celle de Dark Vador ( prononcer non pas Vador mais Vdeuh ) ? Moi, je suis d’avis que c’est l’âge, ma voix est devenue plus profonde, pour ne pas dire quasi langoureuse, une authentique voix de crooner qui donne, à ce qu’il parait, des frissons à toute la gent extra terrestre. Mais bon, une fois de plus, passons. Qu’en est-il donc de cette morale sans morale, vous demandez-vous ? Et ne pourrait-on pas procéder à une déconstruction du concept même ? Si je n’ai rien compris à Derrida, au moins m’a-t-il appris à déconstruire. Et, depuis, c’est devenu un tic, car je me déconstruis sans arrêt... Maintenant, je me permettrai de vous proposer quelques pistes de réflexion. Ces questions qui ne sont pas des questions tout en en étant que je vais vous soumettre vous permettront de mieux comprendre la problématique.

Question 1 : Est-ce que ce livre contient une morale ?

Question 2 : Est-ce que vous voulez rire ?

Question 3 : Que pensez-vous des deux premières questions ?

Il faut savoir, par ailleurs, que la morale se résume en exactement trois mots. Pas ‘le chien mange’ ou ‘le chat dort’ mais quelque chose de beaucoup plus élégant. Vous imaginez, la morale universelle contenue en trois mots. Que peut-on désirer de plus ?

Le dekti bleu revient maintenant. Je vais grimper dessus et m’y asseoir. Le dekti reprendra son envol, m’entraînant loin, vers l’horizon Donc, il est temps que je vous quitte…

Adieu. Ne soyez pas trop tristes. Je continuerai de penser à vous. Du reste, j’ai demandé à l’auteur de cet ouvrage de vous offrir une page vierge afin que vous puissiez résoudre tout seuls le problème de la morale. N’hésitez donc pas. Cogitez ! Les lignes ci-dessous vous sont offertes. Ayez tout de même, au passage, juste une pensée reconnaissante pour l’éditeur qui, lui aussi, mérite tous vos remerciements.

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Et écoutez une dernière fois le beau rire de notre ami qui s’élève !

HAHAHAHAHAHA HOUHOUHOUHOUHOU

THE END

Umar Timol


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