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L’Eglise dit "non" au mariage homosexuel : et alors ?

Publié le 28 septembre 2012 par Vindex @BloggActualite

L’Eglise La récente polémique liée à la prière universelle du 15 août (fête de l’Assomption de la Vierge Marie) semble déjà oubliée… Et pourtant, le débat concernant le projet de loi destiné à accorder le mariage aux personnes homosexuelles ainsi que le droit à l’adoption pour tous est toujours bel et bien d’actualité. Le 11 septembre 2012, Christiane Taubira, ministre de la Justice, a choisi le quotidien La Croix pour annoncer les grandes lignes de ce projet, choix qui relève sans nul doute d’une volonté gouvernementale : il convient de donner le sentiment que personne n’est exclu du débat, et surtout pas la communauté catholique, réputée être la plus hostile à cette réforme sociétale. Vendredi 21 septembre, alors que les visites ad limina[1]ont commencé à Rome, le Pape Benoît XVI s’est invité dans le débat politique en affirmant que la famille en France était « menacée » et, il a invité les évêques à « relever le défi » posé par le projet de loi. Cette intervention papale est presque sans précédent, même en Espagne, où le mariage gay a été adopté, le Saint-Père n’était pas allé aussi loin. De même, les récents propos du cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, vivement opposé au projet de loi, ont suscité une nouvelle polémique au cœur de l’Hexagone, polémique qui n’aurait eu aucune raison d’être si les médias avaient correctement pris soin de replacer les dires du cardinal dans leur contexte !   L’Eglise catholique est défavorable à une telle réforme sociétale, cela transparaît nettement… mais pourquoi ? 

Un débat relatif à la théorie du genre

   Les nouveaux programmes scolaires de Première ES et L ont introduit l’étude de la théorie du genre (le gender) en cours de SVT (Sciences et Vie de la Terre). Parallèlement, le gouvernement est en train de préparer une nouvelle loi en faveur du mariage entre personnes du même sexe et de l’homoparentalité. Dans les deux cas bien évidemment, il s’agit d’affirmer que l’identité sexuelle de l’individu, homme ou femme, ne relève pas de la nature (du physique) mais plutôt de la culture (des mentalités).  Autrement dit, la sexualité ne serait plus une affaire biologique, elle se vivrait avant tout dans la tête… En conséquence, l’identité sexuelle d’un individu serait une construction sociale, à la limite arbitraire. Les féministes contestent une domination masculine sur les femmes. Les homosexuels, eux, rejettent le schéma traditionnel de la société où l’hétérosexualité est un fait dominant et perçu par beaucoup sur le plan de la « normalité ».    Débutons notre propos en évoquant les points d’accord possibles entre l’Eglise et les tenants d’une dissociation entre le sexe biologique et le sexe culturel. Oui, la domination des hommes sur les femmes est à condamner ! L’Eglise ne dit rien d’autre lorsqu’elle cite le premier livre de la Bible, le livre de la Genèse « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu Il le créa, homme et femme Il les créa » (Gn 1,27). Le catéchisme de l’Eglise catholique (CEC) explique cette citation biblique en insistant fortement sur l’égalité voulue par Dieu entre l’homme et la femme. Le numéro 369 du catéchisme dit bien « L’homme et la femme sont créés, c’est-à-dire ils sont voulus par Dieu : dans une parfaite égalité en tant que personnes humaines (…) ». Bien des gens ignorent aujourd’hui cette affirmation égalitaire de l’Eglise. En prenant appui sur la Genèse, l’Eglise catholique condamne bel et bien cette domination de l’homme sur la femme, domination qui résulterait en fait du péché originel[2].De même qu’elle condamne cette domination, elle reconnaît que la sexualité d’un individu n’est pas qu’une affaire biologique, elle relève également du contexte social et culturel. L’Eglise s’oppose à l’affirmation qui consiste à dire que la différence sexuelle est purement naturelle. Voilà pourquoi, même si elle ne reconnaît pas l’acte homosexuel, elle invite à prier en faveur des homosexuels, afin qu’ils ne fassent plus l’objet de discrimination et de violence. Il faut condamner toute discrimination, toute violence faite à l’égard de la personne humaine et, l’accueillir telle qu’elle est, dans sa différence. L’Eglise n’est donc pas homophobe contrairement à ce que l’on peut entendre parfois, elle ne condamne en rien les homosexuels mais l’acte d'homosexualité en lui-même. Mais comment l’Eglise voit le mariage et en quoi cette vision s’oppose au gender et au projet de loi gouvernemental ? 

Le mariage dans l’Eglise, un sacrement

   Pour définir le mariage, l’Eglise ne puise qu’aux sources de l’Ecriture Sainte. Dans la Genèse, le récit mythique des origines, Dieu est manifesté comme étant l’Amour même : Il créé l’Homme gratuitement, par amour et, Il appelle Sa créature à l’amour, vocation fondamentale et innée de tout être humain. Pourquoi est-ce la vocation de l’Homme d’aller vers l’amour ? Tout simplement car celui-ci a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu qui est Lui-même Amour. Voilà pourquoi on peut lire au deuxième chapitre du livre de la Genèse « l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme » (Gn 2,24) : cette union entre l’homme et la femme doit faire que tous les deux ne deviennent plus qu’un. Que cela signifie une unité indéfectible de leur deux vies, Dieu Lui-même le montre en rappelant quel a été, à « l’origine », le dessein du Créateur « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair » (Mt 19,6). Et cet amour est béni par Dieu et destiné à être fécond au cœur de la Création « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1,28). Ainsi, la définition du mariage chrétien apparaît clairement dans la Bible et revêt deux aspects fondamentaux : il s’agit de l’union entre un homme et une femme, union perçue comme naturelle puisque leur vocation à tous deux est l’amour ; du mariage doit découler la descendance pour que l’humanité se perpétue sur la terre.    Or, l’Eglise a vu dans le mariage plus qu’une simple union, elle en a fait un sacrement, qui est un signe visible donné par Dieu à travers la médiation de l’Eglise et, qui a pour finalité de manifester aux Hommes l’amour et la sollicitude du Créateur à leur égard. Ainsi, le numéro 1601 du CEC évoque le mariage en ces termes « L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants, a été élevée entre baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement. ». L’Eglise, en se basant sur les Ecritures, affirme que l’institution « mariage » est l’œuvre de Dieu Lui-même. La vocation au mariage est inscrite dans la nature humaine comme nous l’avons dit ci-avant, telle qu’elle est issue du Créateur. De ce fait, le mariage chrétien ne peut être une institution humaine, malgré les variations nombreuses qu’il a pu subir dans l’Histoire, dans les différentes cultures, structures sociales et attitudes spirituelles. Cette grande diversité ne doit pas faire oublier les traits communs et permanents. Aujourd’hui, il est clair que la dignité du mariage n’apparaît plus nettement, au moins dans nos sociétés occidentales fortement sécularisées. Cependant, il existe dans toutes les cultures un certain sens pour la grandeur de l’union matrimoniale, « car le bien-être de la personne et de la société est étroitement lié à la prospérité de la communauté conjugale et familiale. » (article 1603 du CEC).    Ainsi, on comprend pourquoi l’Eglise ne peut cautionner le projet de loi permettant aux homosexuels de se marier : cela la discréditerait dans son propre discours, déstabiliserait les fondements sur lesquels elle s’appuie pour définir le mariage et, cela reviendrait tout simplement à aller contre le dessein de Dieu. De même, permettre aux personnes homosexuelles de se marier reviendrait à dénaturer totalement l’institution du mariage, institution de laquelle découle la famille, cellule de base de la société. Il en résulterait ainsi une profonde déstabilisation de la société puisque selon l’Eglise, le bien-être des personnes et des sociétés est lié à la prospérité du couple et de la famille. Voilà pourquoi le Pape Benoit XVI, comme de nombreux ecclésiastiques français, considère qu’une « menace » pèse sur la société française dans la mesure où la famille traditionnelle est remise en cause.

Un débat en réalité plus large et qui ne concerne pas uniquement l’Eglise

   Accorder le droit aux personnes de même sexe de se marier dépasse de loin les clivages qui peuvent exister entre les conceptions « modernes » du mariage et la conception ecclésiale de cette institution. En réalité, cela revient à bouleverser profondément les structures sociales elles-mêmes en posant un principe nouveau : la sexualité serait affaire de choix. Or, il convient de remarquer que beaucoup d’homosexuels se sentent tels sans savoir pourquoi. Leur liberté serait alors d’accepter une situation qu’ils n’ont pas choisie et qui peut les rendre heureux. Face à ce dualisme entre une sexualité choisie et une sexualité non-choisie, les études sur le genre invoquent un conditionnement social. Il est évident que la société exerce son influence : une petite fille à qui l’on offrira une poupée dans son enfance jouera avec ; celle a qui on offrira un camion en fera tout autant ! Mais pourquoi ne pas intégrer dans la réflexion aussi un conditionnement inconscient, voire physique dont on parle peu ? D’une part, la personne homosexuelle serait à la recherche inconsciente du parent du même sexe : c’est Freud qui l’affirme dans Trois essais sur la théorie sexuelle « Il n’est pas rare que l’absence d’un père fort favorise l’inversion ». D’après le psychanalyste, l’enfant n’aurait pas pu s’identifier à l’ascendant du même sexe dans sa jeunesse pour différentes raisons comme par exemple une absence trop importante ou encore une relation difficile. De même, Freud affirme que la présence d’une mère trop fusionnelle, envahissante… peut être déstabilisante. Mais par cette position, Freud est souvent discrédité dans les milieux féministes et homosexuels. Une seconde interprétation freudienne de l’homosexualité serait le désir purement narcissique, le réconfort en cherchant un « même » que soi. En ce sens, il y aurait une indifférence à une certaine différence, une négation d’une altérité essentielle, altérité générationnelle et altérité sexuelle, qui contrairement aux autres altérités touche l’humanité tout entière. D’autres raisons sont invoquées pour penser l’homosexualité autrement que par un conditionnement social. Certaines de ces raisons peuvent paraître bien surprenantes mais favorisent tout de même la naissance d’un questionnement en nous. Dans Notre poison quotidien, Marie-Monique Robin évoque les pesticides. D’après elle, les pesticides ne seraient pas seulement à l’origine d’une augmentation des cancers, ils seraient également des « perturbateurs endoctriniens ». Pour étayer son argumentation, Marie-Monique Robin nous propose un exemple concret : sous l’influence de certains produits, elle affirme que chez les animaux, des femelles se mettaient en couple et que des mâles ne défendaient plus leur territoire. Le processus conduisant à la féminisation ou à la masculinisation d’un individu pourrait donc bien être perturbé par l’influence des pesticides (Violaine de Montclos, Le spermatozoïde, espèce menacée, in Le Pointn°2063, 29 mars 2012).
   Au-delà de ces conditions probables de notre liberté sexuelle, il convient de savoir ce que nous entendons vraiment par ce mot « liberté ». En Europe, terre de vieille tradition chrétienne, le mot liberté revêt une grande importance : l’Homme est créé librement par Dieu ; l’Homme est vu comme libre, même du point de vue de sa foi ; la liberté est une des valeurs essentielles liée au message christique et, ce n’est pas pour rien que cette notion a émergée et s’est développée en terre chrétienne. Pourtant, il y a aujourd’hui une différence fondamentale entre le concept chrétien de liberté et celui proposé par notre environnement post-moderne et post-chrétien. D’aucuns considèrent aujourd’hui que la liberté est avant tout un fantasme de toute-puissance, où tout ce qui est humainement pensable est réalisable. La liberté devient de l’ordre du « si je veux quand je veux »L’Eglise dénonce ce genre de liberté, purement arbitraire, qui se rapproche d’avantage du concept de tyrannie du désir, bien loin de la notion originelle de liberté prônée par le Christianisme.  La liberté serait aussi de consentir à l’origine que je n’ai pas choisie.
   L’autre notion importante ici est celle d’ « égalité ». Les personnes homosexuelles ont droit au respect pour ce qu’elles sont, mais que ce respect passe par exemple par une égalité dans le mariage ou la parenté est une toute autre affaire. En France comme dans n’importe quel pays démocratique digne de ce nom, l’égalité est un des fondements de la société, fondement christique du reste tout comme la liberté : tout le monde veut l’égalité aujourd’hui et, c’est en soi tout-à-fait normal ! Mais qu’entend-t-on par «égalité» ? Selon la justice « distributive », l’égalité est proportionnelle. Il ne faut pas confondre l’équité et l’égalité stricte. Par exemple, les peines de prison sont proportionnelles aux fautes. Si le temps d’emprisonnement était le même pour tous quelque soit l’infraction ou le crime commis, où serait la justice ? La discrimination, la distinction est nécessaire à la justice. Si toutes les différences sont à égalité, toutes les différences se valent et, si tout se vaut, rien ne se vaut. Le relativisme de notre société actuelle l’illustre bien ! C’est dans cette optique que le cardinal Barbarin dénonçait les possibles dérives d’une telle réforme sociétale : si on ne peut plus faire aucune distinction, pourquoi ne pas autoriser la polygamie, le mariage entre frère et sœur ? La réflexion paraît stupide et arrêtée… mais elle repose sur une nécessaire distinction, par le biais de limites, (que d'aucuns mettront justement à ce genre de déviance, mais que l'église catholique place au-delà).En réalité, l’égalité stricte pour des réalités différentes est injuste. L’hétérosexualité est différente de l’homosexualité : dire cela n’est pas injuste. Le refus de l’homoparentalité n’est injuste que si l’on considère que l’homosexualité n’est pas différente de l’hétérosexualité. Or, la complémentarité des sexes est une fonction essentielle du lien social, ce que ne semblent pas voir les études sur le genre. Xavier Lacroix le dit bien dans La confusion des genres, « Du point de vue de l’enfant, être né d’une relation, d’une union dans la dualité, d’une rencontre est constitutif de sa propre identité, de sa conscience de soi comme tiers, comme lui-même différent, comme autre, c’est-à-dire comme sujet ».

Un peu de bon sens, revenons sur Terre !!!

   Nous l’avons bien compris, la théorie du genre tend à dissocier le corps et l’esprit, elle défend un dualisme, comme chez Platon, cet idéalisme sépare l’esprit du corps. Une idée n’aurait pas de sexe. Or, c’est un fait que dans la grande majorité des cas, on reconnaît si une personne est homme ou femme. Sauf rares exceptions, la plupart des gens se reconnaissent dès leur plus jeune âge comme homme ou femme. D’ailleurs, une des premières questions posées par les parents qui attendent la naissance d’un enfant concerne le sexe de leur futur bébé. L’enfant ne naît pas « neutre » ! Certes, au-delà de cette pure apparence physique, la sexualité est une construction sociale et individuelle, mais n’est-elle que cela ? On commence par critiquer l’erreur du naturalisme réduisant la sexualité à un déterminisme biologique pour affirmer un pur culturalisme. Mais le débat ne doit pas se réduire à une opposition entre deux erreurs, chacun légitimant sa position par la caricature de l’autre. Nous n’avons pas à choisir entre rien est inné et tout est inné. Il est vrai qu’en un sens, tout est culturel en l’Homme dans la mesure où celui-ci doit tout apprendre de ses aînés, de la vie : comment parler, comment marcher, comment lire, comment manger… Pour autant, la dimension culturelle n’annule en rien la dimension physique. Prenons l’exemple de la nutrition : l’enfant apprend à manger, mais le corps de l’enfant en a aussi besoin pour survivre. De même, dans bien des régions du monde, se nourrir revêt un aspect culturel, mais c’est également un processus biologique.    La sexualité est à la fois naturelle et culturelle, biologique et sociale. L’articulation est importante. La différence des sexes et l’engendrement sont un appel à l’altérité, au don et à la communion (des corps, des cœurs, des esprits). L’acte du don intègre dans la personne le donné naturel et le construit culturel. Finalement, les études sur le genre, qui soutiennent une dissociation entre le sexe biologique et le sexe culturel, opèrent de nombreuses dissociations : dissociation entre la liberté et son conditionnement physique et psychique ; dissociation entre père et mère, entre parents biologiques et enfants ; dissociation entre corps et esprit, entre nature et culture ; dissociation de l’enfant avec son propre passé ; dissociation de la sexualité et de la filiation. Cette dernière dissociation est sans doute le point le plus regrettable de cette théorie, au moins du point de vue de l’Eglise, dans la mesure où l’acte d’amour entre un homme et une femme a nécessairement pour fin ultime non pas le plaisir, mais l’engendrement de la vie. Nous l’avons vu, c’est un des deux aspects du mariage chrétien…

Pour conclure

L’Eglise s’oppose au mariage homosexuel et à l’homoparentalité dans la mesure où elle ne peut aller contre les Ecritures et contre ce qu’elle considère être le dessein de Dieu. Pour elle, le mariage, d’institution divine, ne peut être que l’union entre un homme et une femme, par amour et en vue de l’amour. De cet amour doit naître la vie, tout comme de l’Amour même, Dieu, la vie est née sur Terre. De façon plus générale, l’Eglise ne peut pas concevoir non plus la sexualité sous un angle uniquement culturel. La sexualité doit reposer avant tout sur la différence homme/femme d’un point de vue naturel/biologique, sans mettre de côté l’influence possible de la société sur les mentalités. Ainsi, la conjugaison entre le conditionnement naturel et le conditionnement social définit parfaitement, selon l’Eglise, la sexualité d’un individu. Or, ce débat entre nature et culture, relatif à la théorie du genre, qui consiste justement à opérer cette différenciation entre nature et culture, est loin de concerner uniquement l’Eglise : le débat brasse bien des milieux, et notamment les cercles de la pensée philosophique ou anthropologique. Il paraît totalement impensable pour nombre de nos contemporains de penser que la sexualité est avant tout une affaire d’esprit et non de corps. Et, si bien des sondages semblent nous affirmer le contraire, rappelons au passage qu’en réalité, les revendications homosexuelles en faveur du mariage et de l’homoparentalité sont le fait d’une minorité. Les nombreuses dissociations évoquées ci-avant, induites par la théorie du genre, ont pour effet des fractionnements de l’esprit lui-même, ou de l’esprit avec le réel. En Grec, cela s’appelle schizophrénie. D’où nous vient cette schizophrénie ambiante ? Ne serait-ce pas le résultat d’un relativisme exacerbé, d’une perte de repères, de valeurs, au sein de nos sociétés occidentales sécularisées où l’Homme ne sait plus se définir puisqu’il a lui-même perdu le sens de sa vie, Dieu ? Car, d’un point de vue philosophique, la question de l’existence de Dieu rejoint bel et bien la question du sens de toute vie humaine… Et sans sens, où va donc l’être humain ? Nous ne pouvons pas reprocher à l’Eglise catholique de s’opposer au mariage entre personnes du même sexe et à l’homoparentalité : elle défend là, et ce depuis toujours, non pas de simples valeurs comme certains disent[3], mais un véritable fondement, la famille « traditionnelle », d’institution divine selon elle, qu’elle considère être le socle de base de toute société. Et dans la mesure où la famille traditionnelle est menacée, c’est le projet de Dieu qui est remis en cause et, c’est l’ensemble de la société qui est menacée par une telle réforme sociétale : il ne s’agit pas d’une menace physique ou à court terme, mais d’une menace bien plus grande qui pèserait sur les générations futures. Du reste, il n’y pas que l’Eglise qui affiche ouvertement son hostilité à l’égard du projet de loi gouvernemental : toutes les religions présentes en France y sont hostiles. Dans un contexte médiatique prompt aux idées toutes faites et aux procès d'intention, il était donc nécessaire d'apporter à ce débat, pour le moins passionné, un peu de nuance, de clarté et de connaissances, afin de mieux connaître les tenants et aboutissants de cette question. 

Emmanuel ECKER.

Sources :Bertrand SOUCHARD, « Sexe en tout genre », in France catholique, n°3320, 21 septembre 2012Jean-Marie GUENOIS, « Benoît XVI s’oppose au mariage gay », in Le Figaro, n°21 194, samedi 22 – dimanche 23 septembre 2012-09-24Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC)Biblehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Gender_studies



[1]  Les évêques français se rendent à Rome pour rencontrer le Pape et lui présenter un « état des lieux » de leur diocèse.[2]  Le péché originel est le premier péché, la première « faute grave » du premier homme envers Dieu : « L’homme, tenté par le diable, a laissé mourir dans son cœur la confiance envers son Créateur et, en abusant de sa liberté, a désobéi au commandement de Dieu. C’est en cela qu’a consisté le premier péché de l’homme. (…) » (Article 397 du CEC).[3] Le message véhiculé par le Christianisme n’est pas avant tout un message « moral », c’est un appel à la vie, à la justice et au bonheur, c’est une invitation à vivre en Dieu à la suite du Christ et en communion fraternelle avec les autres Hommes qui sont tous considérés, quelque soit leur religion, leur langue, leur nationalité… comme des « enfants de Dieu ». La foi chrétienne est un trésor d’espérance et de charité, à condition de la vivre vraiment et de s’en imprégner.

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