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Camille redouble de Noémie Lvovsky, Lise et Dominique A

Publié le 04 octobre 2012 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

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En cette rentrée 2012, les sorties ciné m'ont ménagé deux belles occasions de replonger dans l'adolescence avec "Camille redouble" et "The we and the I" (j'y reviens bientôt, sur ce dernier film de Gondry, parce qu'il mérite un billet à lui seul).

Le cinéma de Noémie Lvovsky m'a toujours intimement touchée. Je me retrouve énormément dans la façon dont elle présente les choses, dans l'angle sous lequel elle aborde les sujets dont ses films font l'objet, dans l'apparente légèreté qui n'empêche pas une vraie profondeur d'affleurer, aussi. Je suis en particulier sous le charme d'une scène d' "Oublie moi" que je me repasse parfois, ce qui m'arrive rarement avec d'autres films, comme ça, de façon isolée. Je ne résiste pas à l'idée de la partager, la voici:  J'aime cette intensité, le poids des mots, la fureur à peine contenue, la détresse, le jeu puissant de Valeria Bruni Tedeschi, sa détresse folle, sa jalousie toxique, son côté "amoureuse désespérée"... Mais enfin là n'est pas le propos. Je voulais tenter de t'expliquer pourquoi j'ai tant aimé "Camille redouble". 

CAMILLE REDOUBLE - Bande-annonce VO par CoteCine
Camille a la quarantaine, a vécu une très longue histoire d'amour  avec Eric. Cette histoire vient de se terminer, avec fracas. Elle est seule, perdue et souffre. Un soir, alors qu'elle va retrouver des amies de longue date pour fêter la Saint Sylvestre en leur compagnie, elle se retrouve propulsée 25 ans en arrière, alors qu'elle n'a pas encore rencontré Eric et que ses parents sont encore vivants...

Parfois, quand tu es confronté(e) à une épreuve de vie douloureuse, tu peux être tenté par le repli sur soi, par l'aigreur et les regrets (quel film merveilleux que celui-là, Les Regrets. Aussi avec V. B. Tedeschi d'ailleurs, toujours aussi fiévreuse dans son jeu). Que si à ce moment précis on t'offrait l'occasion  de revivre le passé en le modifiant de telle sorte que tu puisses t'éviter l'atroce souffrance endurée, tu essaierais sans doute de t'épargner cette épreuve. Le film invite à une réflexion sur la vie et les évènements et rencontres importantes qui la jalonnent. Plutôt du côté du fatum, il tend à défendre l'idée qu'on ne peut pas lutter contre son destin, que certaines choses arrivent parce qu'elles doivent arriver, qu'on les ait souhaitées ou non. Il se trouve que j'aime beaucoup cette idée là, l'idée qu'il y a des rencontres qu'on n'évite pas, qu'on n'a pas planifiées et contre lesquelles il est inutile de lutter. Ca me plait. J'aime aussi cette plongée dans le passé qui est proposée à Camille, cette immersion dans l'âge ingrat avec ses petits bonheurs et ses gros tracas. Le regard d'adulte qu'elle porte sur ces "moments d'avant". J'aime l'émotion qui déborde de la scène pendant laquelle elle enregistre la voix de sa maman pour s'en faire un souvenir, ayant à l'esprit que c'est sans doute ce qui lui a le plus manqué, "après". J'aime sa détermination féroce à ne pas se laisser aller à ce qu'elle voit désormais comme une faiblesse et qui est en fait une attirance contre laquelle elle ne peut pas lutter. J'aime Camille parce que je m'y reconnais, beaucoup. J'aime aussi les ambiances et les décors soignés (bravo à l'accessoiriste, au passage, dont le travail mérite vraiment d'être salué). J'aime le parallèle qui m'a sauté aux yeux avec le "Peut être" de Cédric Klaspich (cet étrange voyage dans le temps lors d'un réveillon du jour de l'an parisien). J'aime le fond et la forme. Le ton et l'absence de norme. Je craque aussi sur les personnages secondaires priceless comme le grand Jean-Pierre Leaud en horloger  perché, Mathieu Amalric en prof pervers (parfait), Denis Podalydès en prof de physique-chimie tout chamboulé, Yolande Moreau en maman attachante mais pas très chaleureuse, Vincent Lacoste qu'elle avait cotoyé sur le tournage des Beaux Gosses (elle incarnait sa mère) en ado complice de son amoureux... (je te glisse la séquence qui a provoqué quelques explosions de rire (dont la mienne) dans la salle de ciné)(Amalric ♡) Le rythme du film est fou, léger et haletant, parfois grave mais jamais pesant. Que reste t'il de nos amours? Que reste t'il de ce que l'on était hier?  L'adulte d'aujourd'hui se reconnait-il (elle) dans l'adolescent(e) d'hier? Les "moments ratés" que l'on essaie de rattraper sont ils vraiment plus réussis in fine? J'aime toutes les questions que ce film peut soulever. De la grande aventure de Camille, il ne restera finalement qu'une trace sonore bouleversante qui rappelle subtilement qu'il faut profiter au quotidien de ce que l'on a et ne pas attendre de l'avoir perdu pour en mesurer le prix. Que des petites traces anodines peuvent s'avérer les plus précieux des trésors. Bien entendu puisque je termine systématiquement avec un parallèle musical dans mes billets ciné, je te glisse ici "le cycle les mirages" écrit par Dominique A pour le premier album de Lise :

Lise - "Le Cycle, Les Mirages" par CInq7
 "Je connais déjà cette mer intranquille, la couleur que prend l'eau les jours difficiles, je suis déjà venue, me suis déjà perdue, je connais déjà cette route insensée, qui tourne sur elle même et qui me fait danser, je suis déjà passée, la tête renversée. Des mirages m'attendent et j'y retournerai, je tomberai encore, encore, dans les mêmes filets, les mêmes bras qui errent dont je me déferai, puis m'en échapperai, encore et je retrouverai et la mer intranquille, et la route insensée, elles me verront venir, inquiète et inchangée...."

Bon et sinon moi j'avais vraiment adoré "Big". C'était aussi une histoire de voyage dans le temps mais dans l'autre sens. (c'est juste l'occasion de le citer au passage et de te le recommander si toutefois tu manquais d'idées)(et parce que cette scène là m'a fait rêver pendant une bonne partie de mon adolescence, aussi)


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